Le budget de tous les dangers
Les libéraux d’Ignatieff votent pour le budget et sauvegardent le gouvernement conservateur… la coalition ne fut ainsi qu’une chimère. Personnellement, si ce singulier épisode de l’histoire canadienne m’a bien diverti, je n’y ai jamais vraiment cru. Et d’ailleurs, s’il a quelque chose à déduire de cet épisode, c’est que le pouvoir canadien ne laissera jamais la gauche (NPD) et le Québec (Bloc) gouverner ce pays… même pas dans un gouvernement de coalition.
À la dernière élection fédérale, plaidant ainsi que la place du Québec n’était pas dans les estrades, le premier ministre Harper incriminait le Bloc d’exister en condamnant les Québécois à l’opposition éternelle. En vérité, c’est le système canadien qui confine intrinsèquement le Québec à un rôle de spectateur, ne laissant tout simplement pas de place pour les intérêts Québécois dans le gouvernement canadien.
Bien sûr, la coalition évoquait un réel changement historique, cette possibilité où le Québec pouvait finalement trouver une place dans un gouvernement de coalition. Et qui sait, cette coalition « libérale-NPD-soutenue par le Bloc » aurait pu redéfinir «notre» système démocratique… voire carrément la constitution canadienne. Pour ma part, bien que très sceptique, j’étais même prêt à laisser une chance ultime au Canada. Mais trêve d’illusion, les forces de l’ombre auront vite ramené le PLC dans l’axe droit du pouvoir. Et comme toujours, nous sommes gouvernés par une «coalition» libérale-conservatrice… le Bloc, le NPD et les Verts demeurant clôturés dans l’opposition éternelle. Que ce soit avec Harpatieff ou Ignharper, le Canada est politiquement de retour à la normale.
Avec du recul, il faudra toutefois admettre que Stéphane Dion aura surpris tout le monde avec l’activation de cette surréelle coalition. Et quoi que nous puissions dire de son fédéralisme acharné, ce dernier aura certainement sauvé la démocratie canadienne… d’un coup d’État officieux. En effet, j’ose à peine imaginer ce qui serait devenu du pays avec la fin des subventions octroyées aux partis politiques. Les partis de l’opposition, ainsi privés des deux tiers de leurs revenus (remise de 1,95 $ par électeur,) auraient pratiquement été menacés de disparition. Mais pire encore, le financement des partis devenant l’apanage des lobbys, ce nouveau système de financement aurait confirmé l’achat des partis politiques aux plus offrants… impliquant de facto la corruption comme une composante intrinsèque à notre politique.
Ensuite, une autre preuve que Stéphane Dion aura vraiment surpris l’agenda des puissants avec la coalition, que dire en effet du sabotage de son message après le discours à la nation de Stephen Harper. Durant cette opération politique, pendant que l’ensemble du pays attendait la réplique du leader de la coalition, les spin doctors se sont ainsi relayés la parole afin de nous faire gober «la suite logique des choses». Il aura donc fallu attendre 30 minutes de cette propagande éhontée avant de pouvoir entendre un Stéphane Dion mal cadré. Puis, une autre quinzaine de minutes (à bien rire de lui) avant de pouvoir entendre les réactions de Gilles Duceppe.
En définitive, il m’apparait évident qu’à ce moment, le pouvoir de l’ombre avait déjà décidé qu’Ignatief allait évincer Dion à la tête de PLC, que la gouverneure générale allait proroger le parlement… que le gouvernement conservateur allait survivre s’il décidait d’adopter un budget d’obédience libéral. En tout cas, la coalition aura eu le mérite de beaucoup dévoiler sur les forces tirant les ficelles du pouvoir canadien; d’autant plus qu’il aura fallu l’activation politique de la représentante de la Reine d’Angleterre (une non-élue dois-je rappeler) pour empêcher la coalition de renverser ie gouvernement Harper. Alors, permettez-moi de penser que le Canada est en fait une belle république de banane.
Ayant donc menotté les mesures idéologiques des conservateurs, le PLC reprendrait ainsi de la vigueur auprès de l’électorat. Évidemment, maintenant que le PLC à tourné le dos à la coalition pour aller vers l’électorat conservateur, Paul Desmarais et cie. peuvent bien lui revenir favorable. Alors, à tous ceux qui voient en Ignatief le Canadien alter ego d’Obama qui nous sauvera de la majorité conservatrice, j’en appellerai à votre raison. En fait, le PLC est simplement revenu à ce qu’il a toujours été : c’est-à-dire l’adversaire historique de la nation québécoise (rapatriement de la constitution, la centralisation trudeauiste, le multiculturalisme, la loi sur la pseudo-clarté, l’appui aux partitionnistes, le scandale des commandites, etc.). Pour le PLC, le règne de Stéphane Dion fut une erreur de parcours… et la coalition avec les partis d’oppositions une situation exceptionnellement aberrante.
Et le budget maintenant, quand est-il au fait
Cela dit, il faudra aussi se poser des questions quant aux répercussions politiques de la «crise» financière mondiale. En effet, cet état d’esprit impose l’économie comme la priorité politique; au point de se demander si le gouvernement devrait servir à autre chose.
Puis, il est bien beau de constater la faillite du marché libre et de faire intervenir l’État dans l’économie… encore faudrait-il changer le modèle en cause. Or, pour l’instant, la supposée solution ne consiste qu’à donner nos fonds publics aux banques et autres entreprises déficitaires.
Les médias ont fait grand cas du déficit de 85 milliards sur cinq ans du budget Flaherty, mais ils ont complètement passé sous silence le montant faramineux de 200 milliards $ (12 pour cent du PIB) prévu dans ce que le gouvernement appelle un «Cadre de financement exceptionnel pour venir en aide aux institutions financières canadiennes. En soi, ce transfert monétaire auprès des banques est la principale cause du déficit budgétaire et de l’endettement du gouvernement fédéral
– Michel Chossudovsky, Centre de recherche sur la mondialisation (citation trouvée ici chez lutopium)
En définitive, ne sommes-nous pas en train de définir un système où les fonds publics servent à entretenir les abus des spéculateurs économiques? Et ironiquement, ce nouveau modèle (que j’appellerais néolibéralisme d’État ) est présenté comme le triomphe du socialisme au dépend du néolibéralisme!!! Laissez-moi rire… cette situation correspond davantage à un fabuleux hold-up de niveau mondial plutôt qu’à une supposée révolution de gauche. Sur ce point, même les réels conservateurs seront certainement en accord avec mes propos.
Et maintenant, mis à part de futilement voter pour le Bloc québécois à la prochaine élection (ou de s’imaginer du côté des dirigeants en votant PC-PLC), que devrions-nous faire avant la vraie crise économique?
En tout cas, le PQ semble vouloir résoudre une partie du problème.
Le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires des choses pour le plus grand bien de tout le monde
– John Maynard Keynes
Mais, j’y pense… Il y en a une coalition au Fédéral : la Coalition Harper-Ignatieff !
Vous n’êtes pas sortis du bois….
La politique fédérale ne m’intéresse pas beaucoup. J’aime mieux entendre parler du Parlement du Timor Oriental ou des députés de la Bosnie Herségovine…
Vive le Québec !
Voilà ce qu’on peut faire quand on se rebiffe et je le conseille à chacun qui peut avoir des ennuis avec ce gros connard de sarkozy ou sa clique de clowns de flics minables : je suis en train de régler un petit problème du genre détail avec cette grosse tache de si peu président de la république Française, en lui envoyant un avocat pour mises sous surveillance illégales, lynchage et plagiat. Avis à la population et merci pour l espace d’expression. Voilà, ceci est également une tentative de gros scandale public parce que ça calme pas mal les gros connards.
Très bonne analyse!
Ton sondage, y fonctionne pas (ou peut-être trop bien). Quoi qu’on fasse, il dit : « please choose a valid answer » LOL
Excellent billet! Et merci pour les plogues…
Personnellement, je n’ai cessé de dire que le rejet de Stéphane Dion l’an dernier était relié au culte du chef. Les militants libéraux lui ont tourné le dos car il n’avait pas les qualités d’un chef. Maudit culte du chef. Au moins, il « osait » tourner le dos aux conservateurs et il tenait farouchement aux mesures écologistes. Je crois qu’avec l’arrivée d’Ignatieff, qui semble être au service du « pouvoir de l’ombre », – comme tu le soulignes pertinemment, les citoyens (qu’ils soient de gauche ou de droite) risquent d’être fort déçus et d’être complétement détachés du processus démocratique. Nous nous battrons entre nous, les droitistes blâmant les gauchistes, et vice-versa. Pendant ce temps, les bourgeois joueront au golf…
Pour ce qui est de ton sondage, je préfèrerais répndre que l’état régularise et surveille l’économie et qu’elle y intervienne seulement lorsque nécessaire. Le problème aujourd’hui, c’est que le monde économique intervient dangereusement et sournoisement dans les choses de l’état!
lutopium| lire ici le dernier article de son blogue: Un budget pour les amis
Maudit que c’est bon,le texte, les caricatures et surtout la citation de – John Maynard Keynes. Je pense que je vais la reprendre demain. A moins que tu la reprenne toi-même