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Posté par le 12 février 2009 dans [article d'un tiers], Économie, Médias, Politique nationale

Les copains d’abord

PLQ

La ministre des Finances du Québec, Monique Jérôme-Forget, nous annonce le contraire de ce qu’elle nous affirmait avant les élections. Donc, oui, il y aura un déficit. Et oui, le Québec est en récession. Josée Legault nous a d’ailleurs pondu un autre bon article hier à propos de nos déboires économiques. Incontournable si vous voulez discerner les dommages de la politique néolibérale du PLQ sur l’économie québécoise.

D’ailleurs, on parle beaucoup ces temps-ci de la Caisse de dépôt et placement; ce magnifique héritage de la Révolution tranquille mis au monde par Jacques Parizeau. Dans un premier temps, nous avons appris que son ancien président, Henri-Paul Rousseau, a volontairement quitté son poste pour en accepter un autre encore plus lucratif chez Power Corporation (!!!)… non sans prendre au passage une «indemnité» de 378 000 $. En considérant que le bas de laine des Québécois a fondu du quart en un an (la Caisse avait amorcé l’année 2008 avec 155,4 milliards dans les coffres pour terminer avec 120 milliards en décembre), c’est donc dire ici que « nous » récompensons Henri-Paul Rousseau pour la perte astronomique de 38 milliards de fonds publics sous sa direction. Wow! Et comble de l’irresponsabilité, huit mois après le départ de Rousseau, la Caisse demeure toujours sans direction effective ?!? :shock:
_resize_picture_portalphp2En comparaison, rappelez-vous que le PLQ avait fait un scandale du déficit accumulé de 771 millions $ par la Société générale de financement (SGF) entre 2001 et 2003. Or, si la perte de 700 millions était alors « un monstrueux scandale » en 2003, il s’avère aujourd’hui qu’il n’y aurait rien d’inquiétant à perdre 38 milliards en quelque mois. Après tout, c’est la crise financière mondiale … alors pourquoi chercher des responsables? À croire que le concept de scandale n’est lié qu’à la répercussion médiatique dudit scandale (vive le contrôle corporatiste des médias sur l’opinion publique!). D’ailleurs, je vous laisse imaginer le traitement que la presse ferait à cette histoire si c’était le PQ qui était présentement au pouvoir.

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Et dire que ce déficit à la SGF avait servi de prétexte au changement néolibéral de la mission de la Caisse en 2004. Effectivement, à l’époque, si la double mission de la Caisse était de concilier un rendement optimal au développement économique du Québec, maintenant, seul «le rendement à tout prix» est pris en compte pour les investissements. Alors, suivez-moi bien, en plaidant la supposée efficacité économique offerte par la doctrine néolibérale, on en est arrivé à investir partout dans le monde… pour le résultat que nous connaissons aujourd’hui (En fait, actuellement, seul 8 % des actifs de la Caisse sont directement investis dans l’économie du Québec). Finalement, on voit donc un résultat à l’effet que la « responsabilité » du fiasco actuel pourrait également être politique.

D’ailleurs, sous la gouverne d’Henri-Paul Rousseau, la Caisse aura investi dans Power Corporation et ses filiales. Ainsi, la Caisse détenait, au 31 décembre 2007, 4,6 millions d’actions de Power Corporation, représentant un investissement de 187,5 millions de dollars. Elle possédait également des titres dans les filiales de Power Corporation qui sont liées à Total, soit Financière Power (212,9 M$), Pargesa (500 000 $) et Groupe Bruxelles Lambert (5,4 M$). En tout, ce sont 406 MS dans Power et ses sociétés. Tiens, tiens… pourrais-je avoir l’odieux de penser que Rousseau aurait facilité la transition des quelques millions de fonds publics vers les avoirs de Paul Desmarais… son nouveau patron?

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À ce sujet, lire en complément : Henri-Paul Rousseau : l’autre face du scandale

Ce qui se passe est alarmant… et nous dormons au gaz en attendant la crise économique. Une crise que l’on pourrait même penser planifiée tellement les médias nous préparent mentalement à l’accueillir. Puis, pendant ce temps-là, nous assistons, impuissants, au monstrueux pillage de notre richesse collective… tout cela au nom de la sacro-sainte économie.:mad:

Or, si le PLQ ne sert même pas notre économie… à quoi sert-il donc? Ou la question plus appropriée ici… à qui le PLQ sert-il? En tout cas, surtout pas aux intérêts du peuple Québécois.

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En complément, je vous propose cet excellent article

Libre opinion – L’économie d’abord, non merci !
Diane Lamoureux, D’abord solidaires
Lorraine Guay, D’abord solidaires

Édition du vendredi 21 novembre 2008

Jean Charest nous a précipités dans une élection inutile, contre l’avis de la majorité des citoyen(ne)s: il dit pourtant avoir appris à écouter. Il n’a même pas eu la décence de nous laisser quelques jours pour respirer le nouvel air frais venu de nos voisins du Sud. Il dit pourtant avoir développé une nouvelle sensibilité politique. Comment le croire?

Nous sommes plongés en campagne électorale avec un slogan qui, bien qu’alléchant pour tous les inquiets que nous sommes devenus dans cette période de crise financière, ne nous ramène pas moins dans les mêmes vieux sentiers battus qui en sont la cause. Étrange d’ailleurs que M. Charest n’ait même pas fait référence à l’appel de son bon ami Sarkozy, qui invite les pays occidentaux à une réforme du capitalisme lui-même. Moins étrange cependant de le voir encensé par M. Montmarquette, un des économistes des Lucides, dont on se rappellera qu’ils appelaient à «adapter» le Québec aux exigences de la mondialisation économique néolibérale — de la musique aux oreilles de M. Charest — et dont les dirigeants soi-disant lucides et compétents nous ont menés à la crise actuelle. Et il faudrait faire confiance à ces pyromanes miraculeusement transformés en pompiers pour régler les problèmes bien réels sur le plan économique.

«L’économie d’abord» est un slogan qui trompe la population de deux façons: d’abord en continuant de présenter l’économie comme la nouvelle religion des temps modernes, censée régler tous nos problèmes, et ensuite en omettant très soigneusement de dire de quelle économie parlent les libéraux. L’orientation globale de la campagne électorale, à laquelle les principaux partis ont emboîté le pas, évacue ainsi complètement les questions de fond: l’économie pourquoi, pour qui, pour quelles orientations, pour quelle société? C’est ce qu’on appelle un économisme plat, qui laisse croire à la population que l’économie doit primer dans une société, qu’elle vit par elle-même, toute seule, isolée dans sa bulle spéculative, à l’abri de la vigilance citoyenne; une économie «royale» ayant ses propres lois dites «naturelles» (les mystérieuses lois du marché), ses propres dirigeants (prestidigitateurs intouchables), ses propres règles (anti-démocratiques), sa propre main (invisible); une économie jouissant d’une totale liberté, le marché libre, à laquelle un État ne doit jamais s’attaquer sous peine de mettre en péril la croissance et la prospérité. Avec ce slogan, M. Charest rapetisse nos existences et nous envoie le message que nos vies s’épuisent dans l’économie. C’est faux et c’est dangereux.

En omettant de dire quelle «économie d’abord» il promeut, le PLQ se pose en fait en continuateur du néo-libéralisme et de l’économie de marché telle que nous l’avons hélas presque toujours connue. Il nous propose des politiques à courte vue, pensées dans l’urgence du moment et qui ne dénotent aucune autre vision de l’avenir du Québec que de poursuivre sur l’erre d’aller, le chemin précisément qui nous a conduit aux impasses actuelles. Rien dans son programme ne laisse même entrevoir un début de réflexion sur les causes structurelles des dérives du capitalisme mondialisé et encore moins sur les alternatives à inventer.

Rappelons-nous le discours inaugural de M. Charest en avril 2003, un éloge dithyrambique du libre marché «pour insuffler un vent d’air frais au Québec» nous promettant que bientôt, ce sera la zone de libre-échange des Amériques qui réunira la Terre de Baffin et la Terre de feu dans un seul marché. Rappelons-nous ses vibrantes promesses de réduction de l’État, présumé trop lourd, trop coûteux et surtout trop interventionniste dans les libres forces du marché. Rappelons-nous son obsession pour la réingénierie, etc. Cela nous a valu entre autres d’être maintenant la province où la privatisation de la santé est la plus avancée, de vivre avec des lois dures passées sous le bâillon et dont nous devons encore souffrir au mépris des droits et de la démocratie, des partenariats public-privés dont on a sciemment tu les effets désastreux dans les pays où on les a déjà utilisés, etc.

Le discours économique devient la ligne quasi incontournable à suivre pour répondre à tous les enjeux auxquels nos sociétés doivent faire face. Toutes les dimensions de la vie sociale (éducation, santé, culture) sont abordées à travers le prisme du raisonnement économique. L’économie occupe ainsi une place démesurée dans nos sociétés. La question mérite pourtant d’être posée: l’économie est-elle au service de la société ou la société est-elle au service de l’économie? Poser les vraies questions, ce n’est donc pas s’enferrer dans le tout économique.

C’est plutôt réfléchir aux modalités du monde que nous voulons construire ensemble. En ce qui nous concerne, nous optons pour un renforcement de la démocratie, y compris la démocratisation de l’économie, qui passe par le respect des droits (civils, politiques, économiques, sociaux et culturels), une réforme du mode de scrutin qui fasse place à la proportionnelle afin de mieux respecter le principe d’égalité des voix, la mise en place d’une culture de la délibération publique et le développement d’une information de qualité qui se distingue du spectacle et de la complaisance vis-à-vis des pouvoirs. Nous optons également pour un Québec inclusif qui ne marginalise ni les groupes ethnoculturels, ni les pauvres, ni les femmes mais leur accorde une voix égale au chapitre de la définition de notre avenir commun.

Et si, en vue d’assurer la justice, l’égalité et la cohésion sociale, nous posons comme objectifs fondamentaux pour le Québec l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités, le développement durable et local, des salaires décents, le maintien et le développement de services publics accessibles et universels en santé et en éducation, entre autres, «l’économie» dont nous parlons n’aura rien à voir avec celle du slogan libéral: les ressources économiques utilisées, les politiques et les programmes mis de l’avant, les budgets dégagés le seront en fonction de ces objectifs et non l’inverse.

Minoritaire, M. Charest a été contraint de ne pas trop nuire au Québec. Mais ne nous y trompons pas: seuls les acquis de la société québécoise et les forces sociales vigilantes lui ont tenu la bride. Majoritaire, M. Charest ne tardera pas à redevenir ce qu’il est fondamentalement: un néo-libéral conservateur et autoritaire à la Harper et à la Bush, dont les mots-clés demeurent toujours compétitivité, libéralisation, déréglementation, privatisation, ces maux qui ont provoqué le marasme dans lequel Wall Street nous a précipités. Cette économie-là d’abord ? Non merci.

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5 Commentaires

  1. Petite correction,

    C’est en 1993, 2 ans avant le référendum que la crise de la dette a éclaté au Canada. Il faut vraiment se méfier de ces financiers…

  2. La Crise financière, la Caisse de dépôt et la théorie du choc de Naomi Klein

    Pour comprendre la crise financière et le dérapage de la Caisse, il faut lire La Stratégie du choc de Naomi Klein. L’auteur y fait la démonstration accablante que le capitalisme prétendument néo-libéral utilise les situations de choc fortuit ou provoqué pour imposer le laisser-faire économique, là où les sociétés démocratiques auraient rejeté cet état de choses. Qu’en est-il vraiment?

    Selon le gourou du capitalisme pur, Milton Friedman, tel que résumé par Klein il faut « déstructurer les sociétés et rétablir un capitalisme pur purgé de toutes les ingérences – réglementations gouvernementales, entraves au commerce et groupes d’intérêts particuliers. » À la limite cette théorie prône la réduction de l’État à sa plus simple expression voire sa disparition. Les individus sont des agents économiques ayant le poids d’atomes. Leurs choix combinés doivent nous mener à un équilibre optimal des marchés.

    Mais l’État est l’expression de la société démocratique. C’est l’État – par ses lois ses institutions et ses politiques – qui défend le bien commun contre les intérêts privés. C’est le garant des droits et libertés. Sans l’État, il n’y a pas de société. C’est la loi du plus fort. Or justement tous les agents économiques ne sont pas égaux. Les grosse corporations et les plus fortunés agissent comme monopoles et manipulent les marchés et les gouvernements.

    C’est ainsi que les théories de Friedman ont servi de caution et de guide lors des coups d’état au Chili, en Indonésie et ailleurs, les crises financères en Asie, en Europe de l’Est en Afrique du Sud, et même la guerre en Irak. Ici au Canada ces théories ont servi à justifier les coupures douloureuses des programmes sociaux dans les années 1980. Les milieux financiers ont alors manipulé les marchés pour faire monter les taux d’intérêt et créer la crise de la dette.

    Partout en Amérique et dans le monde, les acquis sociaux et politiques sont menacés par la crise financière. Les corporations convoitent des biens publics et privés fragilisés par la crise. Ainsi des pans de services publics pourraient être privatisés si les gouvernements ne prennent pas des mesures énergiques.

    Le dérapage de la Caisse est le dernier exemple de capitalisme sauvage. Des intérêts financiers à la limite de la légalité encouragés par le culte de la liberté sans entraves, un gouvernement inspiré par les mêmes théories contraires au bien public, et des acteurs irresponsables qui jouent à la bourse et se payent des primes avec l’argent des contribuables. Certains se réjouissent sans doute d’avoir livré la Caisse à l’appétit des spéculateurs et d’avoir du même coup réduit l’indépendance économique des Québécois.

    Ainsi dans la crise financière actuelle et dans le cas de la Caisse de dépôt, on peut voir la stratégie du choc à l’oeuvre. D’une part, nos institutions s’inspirent de théories qui favorisent le laisser-faire sans entraves. Les gouvernements affaiblis sont placés devant des faits accomplis. Ailleurs ces méthodes ont servi à faire régresser des populations entières, à leur imposer la dictature et la violence. Ici les gouvernements et les citoyens se sont faits arnaquer de milliards par les malversations des spéculateurs. La Caisse n’est que le dernier exemple de cette stratégie à l’oeuvre.

    JosM

  3. J’AVAIS PRÉDITS LA DÉBANDADE DES BOURSES !

    La Caisse de Dépôt et Placement(CDPQ), c’est de grand gestionnaires qui sont payés à gros salaire qui n’ont rien vu venir.

    Pourtant, c’était marqué dans le ciel que la bourse tomberait.
    En décembre 2007, j’ai commencé à l’écrire sur Internet.
    Le 29 septembre dernier, j’ai prédits le bas ou nous sommes présentement.
    Mais je ne suis probablement pas assez bon pour la CDPQ.

    Pour trouver mes prédictions chercher :

    YLTech Débandade Dow 304

    Et

    YLTech déconfiture marché 22949

    Bien à vous

    YLTech

  4. Excellent billet. Vraiment, je vous assure.

    Vous avez répondu à une question que je me posais, à savoir si la Caisse avait fait des transactions avec (ou dans l’intérêt de) Power Corp. Il y a anguille sous roche, ça me paraît évident. Je vais dans le même sens qu’Yves Michaud (repris par le PQ) à savoir qu’il faut une commission d’enquête. Biens publics = transparence. Pas le choix.

    lutopium| lire ici le dernier article de son blogue: L’adéculte du chef

  5. Le peuple devrait descendre dans la rue et exiger la démission de Charest, Jérôme-Forget et Cie pour mensonges et incompétences notoires.
    Mais non ! le bon peuple est assis bien sagement devant son gros écran plasma, à regarder Star Académie ou à aller applaudir Céline au Centre Bell.
    Les politiciens savent bien que le peuple est parfaitement amorphe et que des émeutes, ça prend une injustice fait au Club de Hockey Canadien pour en déclencher une.
    Je m’en vais vivre sur l’ile Pitcairn…..

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