Le cirque des transfuges: une entorse à notre démocratie
Vraiment, je ne comprends pas que dans un système soi-disant démocratique, nous tolérons encore la pratique des transfuges. Franchement, quand la population vote dans une élection, elle élit un représentant DANS UN PARTI politique donné. De la sorte, le contrat moral devrait imposer que l’on respecte le mandat idéologique octroyé par la population (c’est-à-dire la démocratie). Mais non, à l’ère de l’individualisme triomphant, les députés peuvent retourner leur veste comme bon leur semble ; une pratique qui prête flanc aux pires manipulations politiques…. voire carrément à la normalisation de la corruption. Après, il faudrait s’étonner que les citoyens soient cyniques envers les politiciens.
À titre d’exemple, outre les deux petits rats qui se sont sauvés du rafiot adéquiste pour la croisière libérale hier, il faudrait se rappeler le cas d’autant plus grave que de celui de «l’Honorable» David Emerson. En effet, ce dernier fût une première fois élu dans la circonscription Vancouver/Kingsway aux élections de 2004 en tant que membre du Parti libéral du Canada. Il est réélu lors de l’élection fédérale canadienne de 2006 et paraît dans les publicités électorales télévisées du Parti libéral, vantant alors « son » Parti comme le meilleur choix pour les électeurs de la Colombie-Britannique. Mais quatorze jours plus tard, soit le 6 février 2006, il traverse la Chambre des Communes et rejoint le cabinet conservateur de Stephen Harper ($$$) le jour même de sa création. Il devient ainsi le premier transfuge canadien à traverser la Chambre après avoir été officiellement élu, mais avant d’être officiellement assermenté. Dans ce cas ici, « l’Honorable » David Emersona littéralement trompé ses électeurs.
Un deuxième cas récent à la Chambre des communes, soit le 17 mai 2005, la milliardaire Belinda Stronach est alors passée des conservateurs aux libéraux. Ce mouvement fut stratégique, car la transfuge a aidé le gouvernement libéral à survivre au vote de confiance du 19 mai, par seulement une voix.
Bref, afin de protéger la confiance envers nos politiciens et prémunir notre démocratie de la pratique des vire-capot, l’Assemblée nationale devrait voter un projet de loi en ce sens. Effectivement, un député élu sous la bannière d’un parti politique devrait devoir le respect à ses électeurs, et démissionner si en cours de mandat il décide de changer de camp. De la sorte, un transfuge devrait siéger à titre d’indépendant jusqu’au déclenchement d’une élection complémentaire. Le député pourrait ensuite briguer les suffrages en tant que membre d’un autre parti ou comme indépendant.
Être dans un parti politique ce n’est pas comme être un joueur dans une équipe de hockey! On ne devrait pas pouvoir changer de parti comme on change de chemise. À la limite, un député pourrait démissionner de son parti pour siéger comme indépendant (quitte à appuyer le parti de son choix lors des votes en chambres). Mais quitter un parti pour se retrouver ministre dans un autre, c’est simplement une profonde insulte à la démocratie.
Au banquet de la corruption, l’or vaut plus que la foi !
– Jacques Brillant (Extrait de Le soleil se cherche tout l’été)
La possibilité de se présenter comme candidat aux élections est octroyé (normalement) par l’association des membres de la circonscription. Si un député désire changer de parti politique en cours de mandat, les statuts de l’association des membres devraient prévoir une assemblée spéciale pour en discuter et se prononcer sur cette éventualité. L’association des membres de la circonscription doit être souveraine sinon la démocratie n’est pas respectée.
Mais, comme plusieurs députés adéquistes sont devenus candidats sans passer une investiture, je crois bien qu’ils s’en contrecrissent.
lutopium| lire ici le dernier article de son blogue: Est-ce que Desmarais veut des élections?
En fait, ce sont plus les partis politiques qui devraient être interdits LOL. Le système demande que ce soit un représentant qui soit élu, le meilleur pour représenter son comté, quelle que soit son « orientation politique ». Ce représentant devrait donc être libre de voter pour ou contre les propositions selon ce qui est bon pour les gens qu’il représente.
Il serait très dangereux de légiférer sur les transfuges. Ce serait un frein à la libre association et une légitimisation supplémentaire de la politique des partis. La politique des partis n’est pas démocratique, l’élection d’un représentant l’est.
Pour la comparaison avec les joueurs de hockey, c’est oublier que le joueur n’a pas beaucoup d’occasions de choisir son équipe et que, si il change d’équipe au cours d’une saison, c’est le choix de l’équipe.