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Posté par le 29 août 2024 dans Politique, Société

Le côté obscur des alertes Amber et comment les réformer

Dans ce billet, je remets en question l'efficacité des alertes Amber, en particulier leur déclenchement en pleine nuit, qui perturbe notre sommeil et met parfois notre sécurité en danger. Tout en soulignant le besoin de protéger les enfants, je propose de réformer ce système pour qu'il soit plus ciblé et respectueux des citoyens. J'invite à une réflexion collective sur notre capacité à débattre intelligemment de ces enjeux au Québec.
Je suis bien conscient que critiquer publiquement le fonctionnement des alertes Amber est délicat. Dès qu’on aborde ce sujet, on touche une corde sensible : la vie des enfants. En 2020, je découvrais avec stupéfaction le bruit strident des alertes Amber s’imposant sur mon téléphone, une situation qui avait alors compromis ma propre sécurité au travail. Cette expérience m’avait d’ailleurs poussé à laisser un commentaire sur Facebook, rédigé sous le coup de l’émotion, qui m’a coûté plusieurs contacts. Aujourd’hui, cependant, je souhaite aborder la question avec davantage de recul et de rationalité. Beaucoup de gens, dès qu’on évoque le sort des enfants, peinent à écouter des arguments rationnels, tant l’émotion prend le dessus. Pourtant, malgré les conséquences auxquelles je m’expose, je tiens aujourd’hui à m’exprimer pour élever notre perspective sociétale. Il me semble essentiel de susciter une réflexion collective sur l’efficacité réelle de ces alertes, tout en évaluant leurs effets négatifs sur la société.

Disons que ma première expérience avec une alerte Amber m’a laissé une impression durable.

Récemment, comme beaucoup de Québécois, de la Baie-James à la Gaspésie, j’ai été réveillé en pleine nuit par une série d’alertes Amber sur mon téléphone – quatre alarmes espacées d’environ deux heures, à partir de 3h42 du matin.

Ce qui est particulièrement frustrant, c’est que j’avais configuré mon téléphone pour ne pas recevoir ces alertes, mais il semble que, dans le cas des alertes Amber, mon choix individuel concernant la gestion de mon téléphone et de mon sommeil ne soit pas respecté par une autorité supérieure. J’ai donc été brutalement tiré de mon sommeil pour une alerte qui, en fin de compte, n’aura pas contribué à sauver l’enfant en question. Pour couronner le tout, j’ai reçu la dernière alerte une heure après que les médias nationaux eurent annoncé en chœur que l’enfant avait été retrouvé sain et sauf en Ontario! Disons que c’était la dernière fois que je laissais des alertes « gouvernementales » perturber mon sommeil; car je vais désormais maintenir mon téléphone en mode « ne pas déranger » durant la nuit… à l’instar de nombreux concitoyens qui doivent dorénavant s’adapter à ce genre d’abus croissant. Certes, cela signifie que je ne serai plus joignable la nuit en cas d’urgence, mais au diable un éventuel appel d’urgence si cela m’épargne d’être réveillé inutilement. Et si la prochaine alerte concerne une attaque terroriste, le déclenchement de la troisième guerre mondiale ou de l’arrivée de zombies… eh bien, je le saurai quelque peu en retard en consultant l’actualité le matin.

Ce qui me choque le plus dans ce fait divers, c’est qu’il révèle un certain manque d’intelligence collective. D’une part, nous avons un système intrusif, se voulant certes bien intentionné, mais dont l’efficacité reste discutable. L’abus des alertes Amber, en particulier, tend à générer des réactions individualistes, poussant de plus en plus de gens à se désengager, non seulement de ces situations, mais aussi de l’intérêt sociétal. Pire encore, cette question semble polariser les opinions en deux camps, grossièrement alignés sur les pôles de droite et de gauche : d’un côté, des libertariens individualistes, et de l’autre, des interventionnistes collectivistes. Cette dynamique aliénante fait que des personnes comme moi, plutôt situées à gauche en général, se retrouvent ici taxées d’extrême droite par des zélotes de la justice sociale. Car, voyez-vous, remettre en question le fonctionnement des alertes Amber peut être perçu, aux yeux de certains, comme une position égoïste s’opposant au bien-être des enfants.

Au-delà du simple désagrément, cette dernière alerte Amber en pleine nuit frôle l’absurdité sur plusieurs niveaux. Pour commencer, l’enfant avait été enlevé la veille à 18h, mais l’alerte n’a été déclenchée que près de 10 heures plus tard, à une heure où la majorité des citoyens sont profondément endormis. Cette décision soulève des questions non seulement sur l’efficacité du timing, mais aussi sur la pertinence de faire retentir une alarme stridente à travers tout le Québec, indépendamment des fuseaux horaires et de la situation locale. Un de mes contacts, par exemple, a reçu cette alerte… aux Îles de la Madeleine! Mettez-vous à la place des gens en région, qui se sentent souvent déjà marginalisés par rapport aux priorités des autorités gouvernementales. Cette alerte, reçue à des centaines de kilomètres de l’incident, ne fait qu’accentuer ce sentiment d’aliénation.

Ce qui est encore plus déroutant, c’est que le gouvernement parvient pourtant à émettre des alertes météo ciblées par région. Pourquoi alors ne pas appliquer cette même logique aux alertes Amber? Pourquoi alerter les gens résidant aux extrémités du Québec, alors que dans ce cas particulier, il aurait été bien plus logique d’alerter les citoyens de l’Ontario, où la voiture était immatriculée et devait logiquement revenir à son point d’origine?

En parlant de météo justement, il semble qu’une autorité gouvernementale abuse des alertes sur nos téléphones. À plusieurs reprises, j’ai reçu des avis apocalyptiques m’enjoignant de me mettre en urgence à l’abri, alors qu’il s’agissait finalement d’un simple orage passager, voire d’une averse banale. Comment dire… En tant qu’horticulteur, je consulte régulièrement différentes applications météo par moi-même au quotidien. Je n’ai pas besoin d’être infantilisé par des alertes exagérées, émanant d’une autorité se croyant devoir veiller à ma sécurité avec un zèle mal placé. Ces alertes semblent être réellement devenues un jouet entre les mains de technocrates, qui prennent peut-être même un certain plaisir à démontrer leur pouvoir en nous les imposant. Paradoxalement, cette surutilisation ne fait que banaliser leur importance et risque de pousser les citoyens à les ignorer lorsqu’elles seront réellement nécessaires, comme en cas de tremblement de terre, d’inondation imminente ou de l’arrivée d’une tornade exceptionnelle.

Mais au-delà de la question du ciblage géographique, à défaut d’envoyer l’alerte Amber immédiatement après le kidnapping, il aurait été plus sensé de décaler l’alerte de quelques heures pour qu’elle puisse être consultée au moment où les travailleurs prennent la route. Y a-t-il vraiment des abrutis qui pensent que des citoyens vont sortir de leur domicile aux petites heures du matin, en pyjama, à la recherche de la fameuse voiture blanche sur l’ensemble des routes au Québec?

La situation devient encore plus choquante lorsqu’on prend en compte le fait que la voiture en question était une Tesla, un véhicule théoriquement doté d’un GPS intégré. Non seulement ce type de voiture devrait être facilement traçable, mais il est également limité en kilomètres par sa nécessité de se recharger régulièrement. Or, plutôt que de vouloir mobiliser des citoyens aux petites heures du matin, n’aurait-il pas été plus intelligent de demander aux forces de l’ordre de surveiller les bornes de recharge entre le lieu du kidnapping et les routes vers l’Ontario? Cela semble être une solution bien plus efficace et rationnelle. Après tout, n’est-ce pas précisément le travail des policiers de mener ce genre de traque? Compter sur des citoyens lambda pour résoudre un kidnapping est non seulement inapproprié, mais cela relève aussi d’une certaine déresponsabilisation professionnelle des autorités.

Par ailleurs, il serait aussi important de souligner les conséquences des alertes Amber sur notre santé et notre sécurité. Lorsque ces alertes se déclenchent en pleine nuit, elles perturbent gravement le sommeil, entraînant fatigue et irritabilité le lendemain. Le manque de sommeil cumulé peut avoir des effets néfastes sur la santé à long terme, affectant notre bien-être général. De plus, ces alertes peuvent être dangereuses, surtout lorsqu’elles se déclenchent au volant. Imaginez être concentré sur la route et soudainement surpris par une alarme stridente. Le risque d’accident est bien réel. Paradoxalement, il est possible que plus d’enfants soient blessés par des conducteurs impactés par les alertes Amber que d’enfants réellement sauvés grâce à cette mesure. Je serais d’ailleurs curieux de voir les statistiques de décès par crise cardiaque durant les 24 heures suivant une alerte nocturne, ainsi que les données sur les accidents de la route causés par le manque de sommeil. Si quelqu’un travaille là-dessus au Québec, ce serait un excellent sujet d’étude. Ensuite, nous pourrions débattre de manière plus éclairée sur la pertinence de modifier la façon dont les alertes Amber sont lancées.

En définitive, l’alerte semble avoir été lancée sans une évaluation claire de l’urgence ou de l’efficacité potentielle. La décision de lancer l’alerte à une heure aussi incongrue semble alors plus symbolique que pratique, comme une tentative maladroite de montrer que quelque chose est fait, sans vraiment se soucier des conséquences sur la population. Cela reflète une fois de plus une approche bureaucratique déconnectée des réalités de la vie quotidienne des citoyens. Ce qui rend cette alerte particulièrement absurde, c’est qu’elle montre à quel point ce système peut être utilisé de manière inconsidérée, en manquant totalement de discernement quant aux situations où il pourrait réellement faire une différence. En lieu et place d’une mesure ciblée et réfléchie, nous avons été soumis à une alarme généralisée et inefficace, qui a surtout réussi à provoquer frustration et exaspération.

Franchement, j’aimerais bien savoir qui est le « champion » qui a formellement envoyé cette alerte en pleine nuit. J’irais même jusqu’à dire qu’il devrait s’expliquer publiquement. Après tout, à ce que je sache, on n’a jamais voté pour permettre « aux autorités » de nous envoyer des alertes Amber en pleine nuit. Pourquoi ne pas amener cette question à la prochaine élection? Cela nous permettrait de choisir démocratiquement si nous souhaitons réellement payer collectivement pour ce que je considère comme un abus de « service ».

En terminant, je tiens à préciser que je suis un social-démocrate convaincu du rôle social de l’État. J’ai été vacciné contre la COVID-19, j’ai soutenu la majorité des mesures sanitaires, je suis favorable au développement des transports collectifs, et je crois fermement à la nécessité de lutter individuellement et collectivement contre le réchauffement climatique. Je veux être clair : avant de me cataloguer comme libertarien, voire comme un conspirationniste par certains wokes fervents, parce que je soutiens parfois une position moins populaire dans mes cercles politiques, sachez que mes convictions sont profondément ancrées dans la solidarité et le bien commun. Cela soulève toutefois une question plus vaste : notre inaptitude croissante à débattre démocratiquement dans un climat de polarisation ambiante. Certains supposés progressistes, en particulier, pratiquent un « étalement de vertus » qui, paradoxalement, entrave notre intelligence collective pour servir leur objectif individualiste de polir leur image sociale. Ils en viennent à dénigrer systématiquement ceux qui osent remettre en question le système établi ou sortir le moindrement du rang. En fin de compte, c’est un autre symptôme du manque d’intelligence collective ambiant.

Conclusion et proposition politique :

Face à l’usage excessif et parfois incohérent des alertes Amber, il est essentiel de réévaluer leur mise en œuvre pour garantir qu’elles remplissent leur rôle de manière efficace sans perturber la vie quotidienne des citoyens. Plutôt que de subir des décisions bureaucratiques déconnectées de la réalité, il serait judicieux de proposer une réforme qui prenne en compte les retours des citoyens sur l’impact de ces alertes.

Premièrement, il est impératif d’instaurer un protocole plus strict quant au déclenchement des alertes, en s’assurant que celles-ci ne soient envoyées que lorsqu’elles sont absolument nécessaires et susceptibles de réellement contribuer à la résolution rapide de la situation. Les alertes devraient être géographiquement ciblées, limitant ainsi leur portée à la zone concernée pour éviter de réveiller inutilement des citoyens à des centaines de kilomètres de l’incident.

Deuxièmement, la possibilité de décaler l’envoi des alertes à des moments où elles peuvent être consultées de manière plus efficace, comme lorsque les travailleurs prennent la route, doit être sérieusement envisagée. Il est également nécessaire d’évaluer l’impact de ces alertes sur la santé publique, notamment en examinant les liens entre le manque de sommeil provoqué par ces alertes et les accidents de la route ou les problèmes de santé.

Enfin, il serait pertinent d’envisager une consultation populaire lors des prochaines élections pour déterminer si la population souhaite réellement continuer à financer et à tolérer ce type de système en l’état. En réintroduisant un processus démocratique dans cette discussion, nous pourrions nous assurer que les décisions prises reflètent véritablement la volonté collective, plutôt que d’être imposées par une élite technocratique déconnectée des préoccupations réelles des citoyens.

En somme, il est temps de réexaminer sérieusement le fonctionnement des alertes Amber pour trouver un équilibre entre la protection des enfants et le respect des libertés individuelles, tout en renforçant notre capacité à débattre démocratiquement des questions qui touchent notre société.

Le mieux est l’ennemi du bien
– Proverbe français

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