Mark Carney en route vers le pouvoir : vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ?
Il y a des jours où l’on a juste envie de crier. De graver des mots dans le béton. Comme ce cri brut lancé en 1967, qui résonne encore plus fort aujourd’hui :
« Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ? C’est assez ! »
Nous sommes en pleine campagne électorale fédérale, et le décor est déjà absurde : Mark Carney, fraîchement élu chef du Parti libéral du Canada avec 86 % des voix des membres, a été assermenté comme 24e premier ministre du Canada en mars 2025, succédant à Justin Trudeau. Et même s’il n’a encore jamais été élu par la population, il mène dans les sondages nationaux, prêt à transformer cette désignation interne en victoire électorale formelle. Et ce faisant, il se retrouve en position de renouveler de cinq ans le mandat d’un parti au pouvoir depuis déjà une décennie, pourtant épuisé, discrédité, usé jusqu’à la corde. Une sorte de ravalement de façade… qui semble, hélas, suffire à berner une bonne partie de l’électorat.

Mark Carney n’est pas un tournant : il est le prolongement bien peigné d’un Parti libéral usé. Conseiller spécial de Justin Trudeau sur l’économie dès 2020, puis président du groupe de travail libéral sur la croissance économique en 2024, il a été façonné dans l’ombre pour assurer la continuité… en donnant l’illusion du changement.
Et devinez où son appui est le plus fort ?
Au Québec.
Avec près de 45 % d’intentions de vote.
À un banquier international.
Étranger à notre langue, à notre culture, à notre histoire.
Et c’est ça, le vrai scandale.
Le banquier des puissants
Mark Carney est tout sauf un homme du peuple. Ce banquier international — détenteur de trois passeports (canadien, britannique, irlandais) — a bâti sa carrière dans les hautes sphères de la finance mondialisée. Ancien de Goldman Sachs. Ex-gouverneur de la Banque d’Angleterre, puis de la Banque du Canada. Consultant pour des fonds opaques comme Brookfield. Il a passé sa vie à contourner les États, et maintenant il veut les diriger.
Et comme l’exprime Patrick Bonin dans Facebook, son passé n’est pas vierge :
L’homme qui refuse de nous parler
Non seulement Carney ne maîtrise pas notre langue, mais il a choisi de ne participer à aucun débat en français. Il ne veut même pas nous entendre, encore moins nous répondre. Il se tient au-dessus de l’exercice démocratique. Normalement, dans toute nation digne de ce nom, on écarte d’emblée un candidat qui refuse de débattre, encore plus lorsqu’il se dérobe à l’obligation de rendre des comptes dans la langue du peuple. Mais ici, apparemment, non seulement ce n’est pas un problème, c’est devenu un comportement valorisé. Un signe de stature culturelle. De compétence internationale. D’autorité coloniale. Un symbole de notre soumission parfaite. Le peuple abruti applaudit. Et s’empresse de lui donner son vote.

Bonnet Canada, ceinture fléchée, sourire poli : Carney coche toutes les cases du folklore marketing. Il ne parle pas vraiment français, refuse de débattre, mais ici, ça suffit pour séduire un peuple bonasse souffrant d’un complexe d’infériorité.
Il aura suffi à ce parfait inconnu des Québécois d’enfiler une ceinture fléchée, de sourire mollement au Carnaval de Québec et de manger une poutine tiède devant les caméras pour qu’on lui déroule le tapis rouge. Et voilà qu’on lui offre l’appui électoral nécessaire pour former un gouvernement majoritaire, avec les coudées franches pour travailler à notre propre assimilation. C’est grotesque. Mais surtout : c’est tragique.
Le vrai problème, c’est nous
Et c’est peut-être là, au fond, que réside le vrai drame. Le problème, ce n’est pas tant qu’un homme aussi étranger à notre langue, notre culture et notre réalité soit propulsé à la tête du Canada — les Canadiens anglais peuvent bien élire le représentant qu’ils veulent. Le problème, c’est que tant de Québécois colonisés souhaitent en faire notre porte-voix sur la scène internationale. Un symbole parfait de notre soumission intérieure, de notre complexe d’infériorité… et de notre effacement volontaire. Disons que cela en dit long sur notre faiblesse identitaire… et, par le fait même, sur notre capacité à nous faire respecter et à survivre en tant que société distincte.
Soyons sérieux : dans quel pays normal (indépendant) accepterait-on qu’un chef d’État ne parle pas la langue du peuple qu’il dirige ? Un président français incapable de s’exprimer en français ? Un chancelier allemand ignorant l’allemand ? Un présidant étasunien incapable de tenir un discours en anglais? Ces scénarios seraient immédiatement jugés absurdes, risibles, voire insultants. Et à juste titre. Car dans un pays réellement souverain, un tel cas de figure serait non seulement invraisemblable, mais proprement impensable. Jamais on ne placerait à la tête de l’État une personne aussi déconnectée de la culture, de la langue et de l’imaginaire collectif de la population. Bref, il faut être profondément aliéné pour considérer cela comme normal. Il faut avoir été longtemps colonisé pour en arriver à croire que c’est à nous de nous adapter à notre dirigeant, et non l’inverse.

Quand l’absurde devient normal.
Mon amie dans FB Isabelle Blais résume tout : un candidat qui baragouine, ignore notre histoire, refuse les débats… et qu’on s’apprête malgré tout à élire.
Carney ne fait même plus semblant. Et pourtant, ça passe.
L’année dernière, une collègue m’a fait une remarque qui m’a marqué : elle était étonnée de voir à quel point je ne semblais pas fier d’être Québécois, alors même que je me dis indépendantiste. Je lui ai répondu, calmement mais fermement : parce qu’on a voté NON au dernier référendum. Parce qu’il y a, parmi nous, une belle gang de colonisés qui refuse encore de faire survivre notre identité, et donc d’assurer l’émancipation de notre potentiel collectif dans le temps. Bref, c’est un rapport de cause à effet.
Et justement, voici le meilleur exemple de cette dynamique à l’œuvre : on s’apprête à élire, démocratiquement, un colonisateur étranger qui ne nous comprend pas, ne nous respecte pas, et qui s’apprête à détricoter ce qu’il reste de notre autonomie.
🎥 Un moment révélateur : Le 15 février 2025, au Centre Bell de Montréal, des partisans québécois chantent spontanément l’hymne canadien… en anglais, pour soutenir une équipe canadienne sans un seul joueur francophone sélectionné.
Cette scène résume parfaitement ce que j’appelle l’assimilation par désir mimétique.
Voter contre nous-mêmes
Et pendant qu’on débat mollement de l’apparence rassurante du bon représentant des grandes banques, il faut rappeler ce que Mark Carney a déjà annoncé avec une transparence glaçante : Il veut en finir avec la primauté du français au Québec. Il appuie ouvertement les contestations fédérales devant la Cour suprême contre des lois québécoises essentielles — celles votées démocratiquement par notre Assemblée nationale — notamment la Loi 96 (sur la langue) et la Loi 21 (sur la laïcité).
Réalisez-vous le paroxysme de notre aliénation collective ? On s’apprête à voter pour un homme qui promet, noir sur blanc, de s’attaquer à notre langue, à notre culture, à nos lois. Et ce, sans même avoir à mentir. Il le dit. Il l’annonce. Et les colonisés applaudissent. Sa faible maîtrise du français, son parcours professionnel déconnecté, son refus de débattre en français : tout en lui crie qu’il est un étranger culturel au Québec. Et pourtant, on lui confie notre sort.
Mark Carney a donné un tout autre sens à la belle formule « Maîtres chez nous » : Il veut nous montrer que, même chez nous, nous ne sommes plus maîtres de rien.
De la finance à la politique : l’imposture
Et plus profondément encore, une contradiction majeure nous crève les yeux : Que des banquiers participent à un système mondial qui contourne les États pour maximiser les profits, c’est déjà choquant. Mais qu’un de ces banquiers quitte ce monde pour venir gérer l’argent public — après avoir profité d’un système conçu pour ne pas y contribuer — c’est indécent. Ce n’est plus de la compétence : c’est de l’imposture.
Le Canada se dissout… Et le Québec avec
Pendant ce temps, le Canada post-national s’efface. On nous répète que la seule chose qui compte, c’est d’avoir le meilleur négociateur possible face à Donald Trump. Mais si la seule question de l’urne devient notre posture face aux États-Unis, c’est que nous n’avons plus d’espace politique propre. Le Canada n’est plus qu’un satellite. Et le Québec, une minorité docile.
Il reste un rempart
Et pourtant, il existe encore un rempart.
Le Bloc québécois.
Peut-être imparfait. Peut-être marginalisé. Mais droit dans ses bottes.
Je vote Bloc, non par nostalgie, mais par respect de moi-même.
Par refus de mourir en silence.
Par refus d’applaudir ma propre disparition.
C’est assez
Alors oui : Qu’il retourne là d’où il vient, parce que manifestement, ce n’est pas ici. Et nous, pendant qu’il est encore temps, retrouvons le goût de dire non. Le goût de crier, à nouveau, et ensemble : C’EST ASSEZ.
En guise de dernier mot
Ceux qui refusent de voir où mènent nos choix actuels devraient relire ces mots d’un temps pas si lointain…
« Un peuple qui ne s’assume pas meurt. »
— René Lévesque
« Le colonisé est un homme qui vit dans un monde qui ne lui appartient pas. »
— Albert Memmi
« Tout peuple qui abdique sa langue abdique sa liberté. »
— Jules-Paul Tardivel