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Posté par le 6 mai 2011 dans Politique nationale

En berne: La majorité parlementaire au Parti Conservateur du Canada

Québec en deuil

Réalisez-vous les conséquences de cette élection historique pour l’avenir Québec?

À contrario de l’élection fédérale de 2008, je n’ai pas la force cette fois-ci d’écrire une profonde analyse tellement ma réflexion sombre de l’avenir embrume mes pensées. Mais bon, j’ai tellement de misère à intégrer notre nouvelle réalité politique que je ressens tout de même le besoin d’expliquer mon état d’esprit. Car, oui, je suis endeuillé et sans mots depuis quelques jours; et comme le dit si bien Astérix, j’ai même l’impression que le ciel nous est tombé sur la tête. La dernière élection fédérale consacre donc finalement une majorité parlementaire au Parti conservateur de Stephen Harper, le Parti le plus à droite de l’histoire canadienne. Or, aujourd’hui, êtes-vous conscient que nous habitons dans un nouveau pays… un pays se moquant éperdument du peuple québécois pour gouverner?
Puis un malheur n’arrivant jamais seul, le Bloc québécois est réduit à 4 sièges… moins que dans une automobile familiale. Pire encore, son chef, Gilles Duceppe, est éjecté de ma circonscription par une inconnue du NPD. De la sorte, en ayant pris notre décision politique sous le coup de l’émotion et l’engouement du moment, nous venons peut-être de discarter le meilleur leader souverainiste de la décennie. Celui qui avait inlassablement maintenu avec abnégation le feu souverainiste durant presque 15 ans à la Chambre des communes. J’ai beau être conseiller municipal, mais aujourd’hui, j’ai honte de mes concitoyens.

Message de Carl Boileau sur Facebook à l'aube de l'élection fédérale du 2 mai 2011

Voici la capture d’écran de mon dernier message sur Facebook avant l’élection. Force est de constater que mon appel n’a pas été suivi par la majorité de mes contacts


Inspirante et poétique, presque prophétique, ci-dessus, la dernière publicité de Gilles Duceppe pour le Bloc Québécois. . Que la substance que nous acquérons par la politique ne soit pour nous que le ciseau du sculpteur; qu’elle nous aide à tailler le BLOC de pensées et de sentiments qui fait le fond de nous-mêmes.

À l’exception de cette dernière publicité, j’admettrai toutefois que la campagne du Bloc fut d’une terrible monotonie et sans aucun iota d’imagination. En manquant totalement d’initiative et en réaction continuelle face à l’actualité, le Bloc s’est cantonné dans la défensive. Puis, en étant incapable de renouveler son discours, le Bloc n’incarnait plus le désir de changement aux yeux des Québécois. Ensuite, ses attaques inutilement agressives contre le NPD démontraient un vent de panique, voire beaucoup d’improvisation. Et finalement, les appels inlassables au vote stratégique auront certainement fini par écœurer la population. À force de nous faire dire qu’un vote pour un tel équivaut à un vote pour un autre, on est porté à défier les directives et faire à notre tête. En définitive, la seule chose du Bloc québécois qui fut bien comprise durant dans cette campagne fut qu’il fallait bloquer les conservateurs coûte que coûte… or les Québécois ont tellement bien compris le message qu’ils ont voté pour un parti qui semblait pouvoir le faire (selon les sondages).


Ci-dessus, la publicité virale par excellence pour expliquer l’appel citoyen au vote stratégique contre le PCC. Toutefois, le grand gagnant de cette formule fut le NPD

Mais que pouvions-nous faire contre ce tsunami médiatique… cette fameuse vague orange qui a balayé le Québec? Que pouvons-nous faire quand l’ensemble des médias/sondages affirme au peuple qu’il suivra inéluctablement la nouvelle vague. Que pouvons-nous faire avec ce peuple de moutons qui ne semble pas comprendre la contradiction entre la nouvelle vague (de gauche) et celle de 2007 adéquiste (de droite).

François Legault : La nouvelle saveur du mois

Après avoir massivement voté pour le NPD à l’élection fédérale, les Québécois voteraient aujourd’hui pour un parti dirigé par François Legault (qui selon un sondage CROP, délogerait le libéral Jean Charest comme premier ministre et ferait disparaître le Parti québécois (PQ) de Pauline Marois à l’Assemblée nationale). Cherchez pas à comprendre le lien idéologique entre le NPD et la machin-truc à François Legault.

Bien sûr, dans ce système électoral infect (uninominal à un tour) qui nous impose la primauté au vote stratégique, plusieurs Québécois ont choisi le NPD parce qu’il pensait bloquer la majorité au PCC en votant pour un Parti pouvant virtuellement gagner dans l’ensemble du Canada. Mais franchement, il fallait être naïf pour croire que le ROC (Rest of Canada) allait embarquer dans la vague orange. Au mieux allait-il surfer sur celle-ci… et diviser le vote libéral pour donner la majorité historique au Parti conservateur. Vraiment, avoir été stratège conservateur dans un contexte où le PCC reculait au Québec, j’aurais tout fait pour alimenter cette vague néodémocrate. Quelque part dans cette élection, il faudra admettre que le NPD fut le meilleur allié de Stephen Harper au Canada.

Vague Orange

Pour la suite des choses maintenant, il m’apparaît évident que les députés du NPD, pour la plupart des candidats poteau non-implantés dans leur circonscription (voire qui ne connaissent même pas le français dans des régions majoritairement francophones), appliqueront logiquement la ligne de leur Parti centralisateur.

Ruth Ellen Brosseau

Autant d’inexpérience face à la machine de l’ombre conservatrice me dégage la perspective que nos néophytes oranges, aussi bien intentionnés soient-ils,  s’en feront passer des vites à la Chambre des Communes. Ainsi, les Québécois entendront beaucoup moins parler de ce qui se passe à Ottawa. Or, la capitale de ce pays ne nous a jamais autant paru si éloignée… même si c’est toujours là que se décide la moitié de nos impôts, de nos lois et l’ensemble de «nos» traités internationaux.

parlons Québec

Parlons Québec

Mais de toute façon, à l’heure où les citoyens sont devenus aussi distants de la classe politique, à quoi ça sert d’entendre parler de politique. D’ailleurs, à écouter le discours populaire aliéné par les gros lobbys et leur radiopoubelle, plutôt que de rechercher le bien commun, la solution consisterait à niveler la société vers le bas en éliminant le nombre d’élus et en coupant dans la fonction publique. Bref, il semble que la réflexion et l’organisation collective cèdent désormais le pas au populisme et à la démagogie. Exit la pensée complexe et les solutions de société. Parallèlement, cette situation de cause à effet correspond totalement au programme économique du Parti conservateur. Un agenda qui consiste à plaider davantage la «liberté» individuelle afin de justifier moins d’impôts, moins d’états, moins d’infrastructures sociales, moins de services, moins de culture et moins d’information. Bref, le bonheur ne passerait plus par l’amélioration de notre société, mais dans le divertissement et la consommation.

Plus de liberté individuelle… mais paradoxalement aussi pour encore plus de contrôle, encore plus de religion, plus d’armées (comme pour l’achat de 65 avions de chasse F-35 à plus de 100 millions de dollars par appareil). La réelle liberté du gouvernement Harper c’est celle du marché libre (d’exploiter les citoyens consommateurs).

Mais le plus désolant dans mon univers immédiat, c’est de constater l’explosion de joies émises par des camarades progressistes (certains ont même dansé sur la tombe du Bloc québécois), comme si l’arrivée du NPD en tant qu’opposition officielle équivalait à une progression de la gauche au pays. Dans les faits, non seulement la droite vient d’accéder à un sommet historique, mais le Québec n’aura jamais été aussi faible depuis la naissance du mouvement souverainiste.

yes to quebec sovereignty

Cependant, de plus en plus d’anglophones québécois comprennent que l’orientation politique du Canada est bloquée à tribord. À contrario la société québécoise est encore progressiste. En ce sens, entre les deux modèles de société proposés aux citoyens, la question du Québec indépendant ne se pose plus qu’en français

Et maintenant que le Québec est définitivement dirigé par cette droite anglophone aux antipodes de nos valeurs et intérêts collectifs (nous pouvons dire ici par des forces étrangères), l’on me demande d’être heureux parce que la gauche canadienne représente aujourd’hui le Québec dans une opposition aussi fédéraliste que stérile. Et lorsque nous réalisons que cette gauche ne peut rien faire pour freiner le programme des conservateurs, il faudrait demeurer enthousiaste parce que le NPD serait en position de prendre le pouvoir à la prochaine élection. Pensez-y, dans l’hypothétique espoir d’un changement de garde à Ottawa, le NPD nous propose d’attendre cinq longues années de régime Harperien sans broncher. Puis il faudrait fermer les yeux sur le fait qu’avant la prochaine élection, le PCC aura fondamentalement modifié la société canadienne, en autre, en marginalisant la représentation du Québec et en galvaudant l’image internationale du pays.

«NOTRE» Premier ministre, Stephen Harper, ne se contente pas de ridiculiser le rôle de l’ONU et torpiller les accords environnementaux sur la scène internationale pour le conte des pétrolières. Dernièrement, il s’est permis de contredire le plan de paix proposé au Moyen-Orient par le président étasunien Obama… répétant mot à mot la position colonisatrice du président israélien Netenyahou.

Malheureusement pour les progressistes, dans le contexte du mode de scrutin actuel, la bête vérité c’est que la fusion du NPD avec le PLC demeure la seule option pragmatique pour avoir la chance de battre les conservateurs. (Le PCC étant lui-même issu de la fusion/absorption du Reform party avec le Parti conservateur-progressiste). D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les Libéraux ont choisi l’ancien premier ministre néodémocrate de l’Ontario, Bob Ray, comme chef intérimaire. En effet, il est la meilleure personne pour créer des ponts avec son ancien parti.

Les élections fédérales canadiennes de 2011 furent encore peu représentatives de la volonté populaire. Selon un mode scrutin proportionnel-mixte, le Parti conservateur aurait dû former un gouvernement minoritaire. Le Bloc serait toujours un parti officiellement reconnu et une coalition de gauche (NPD-PLC) aurait été aussi possible.

Alors, non-merci; l’espoir de revenir au discours multiculturaliste et centralisateur de l’ère Trudeau n’est pas le mien, mais celui des fédéralistes rêvant d’éliminer la nation québécoise de la carte. Et quoiqu’en disent ces larrons en foire claironnant que «le 2 mai 2011 nous sommes passés à d’autres choses», la souveraineté du Québec ne m’a jamais autant paru nécessaire.

Mal de bloc ou indigestion à l'Orange Crush: avalez la pilule..Le bloc Québécois se dissout dans la vague orange

Mal de bloc ou indigestion à l’Orange Crush: avalez la pilule car le bloc Québécois se dissout dans la vague orange. Alors, d’un point de vue philosophique, j’admettrai toutefois accepter que la mort (du Québec) puisse être qualifiée de passage à autre chose.

Les points positifs

Dans leur inconscient collectif, les Québécois auront certainement compris qu’ils sont politiquement bloqués. En ce sens, je présume que le vote massif pour le NPD constitue un genre de gros coup de pied dans la fourmilière. Or, si le nouveau contexte est nationalement dramatique, il demeure toutefois une occasion pour réveiller le Québec de sa torpeur et reconfigurer les forces politiques en place. Le Canada n’ayant jamais été perçu aussi étranger pour les Québécois, cette élection peut devenir l’électrochoc pour relancer le mouvement souverainiste. D’ailleurs, depuis le dernier référendum sur l’indépendance du Québec en 1995, je n’ai jamais autant entendu parler de souveraineté… comme quoi, peut-être, l’énergie du désespoir nous sera peut-être salvatrice. Parce qu’entre vous et moi, l’option indépendantiste n’allait vraiment nulle part avec le plan péquiste de gouvernance souverainiste et le Bloc en remorque à Ottawa. D’ailleurs, j’ai beau avoir toujours appuyé le Bloc Québécois depuis sa formation, mon plus grand reproche à ce Parti était de trop s’impliquer à la Chambre des communes alors que ses députés auraient dû boycotter cette enceinte afin de faire campagne pour la souveraineté au Québec.

Puis, quand même, mentionnons que notre adversaire historique, le parti Libéral du Canada, est lui aussi à un bas fond historique et que son petit frère québécois est complètement discrédité
André Arthur

Finalement, André Arthur ne sera plus payé par les fonds publics pour  conduire des autobus. En effet, le king des morons a été battu par un candidat du NPD dans Portneuf.

Mais la meilleure nouvelle à mes yeux, c’est que la région de Québec, le fief supposé de la droite au Québec… a été submergée par la vague orange. En tout cas, parce que les radiopoubelles n’ont pas fini de vomir sur leurs nouveaux députés progressistes, je suis près à parier qu’elles auront moins de temps pour s’acharner sur Montréal et le Plateau-Mont-Royal.

En conclusion, comme l’a si bien exprimé ma révélation de cette élection, Catherine Dorion, les Québécois ont deux avenues devant eux. Soit ils se laissent passivement assimilés dans un Canada n’ayant plus rien avoir avec eux. Soit ils reprennent possession de leur destinée en provoquant la rupture de la dépendance… et finalement, donner un nouveau pays au monde; exactement comme les 40 nouveaux états depuis 1980. Parce que les choses ne sont pas immobiles, que les sociétés sont en continuel changement, que les cultures nationales mutent et évoluent, le fameux statuquo fédéraliste n’existe pas. Or, le Canada se construit au-dessus de nous, à côté de nous, avec nos ressources et nos taxes, avec le fruit de notre travail. Mais sans nous, les Québécois.

Le Québec devrait être formellement reconnu en tant que nation dans la Constitution

Une image vaut milles mots. Selon le sondage effectué par le fameux site Web «La Boussole électorale», il est manifeste que le Canada ne reconnaitra jamais la spécificité du Québec… et que le Québec ne sera jamais confortable avec le statut quo.

C’est pourquoi, plus que jamais, il ne faut plus attendre après les partis politiques. Citoyens, l’heure est grave, il faut se rassembler et faire cap sur l’indépendance.

Le Québec est le seul maitre de son destin. Ce n’est ni à Ottawa ni à M. Layton de décider comment le Québec va accéder à l’indépendance et dans quelle condition. C’est au peuple québécois.
-Amir Khadir

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