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Posté par le 18 décembre 2007 dans Anecdote, Politique municipale, Projet Montréal

À quelques pas de la victoire; chronique enneigée d’une journée militante

Outremont

Dimanche dernier était donc jour d’élection (municipale) à Outremont. De mon côté, malgré mon nouvel emploi à la SAQ, j’ai tout de même réussi à libérer ce dimanche afin de faire ma part militante. Si bien qu’aujourd’hui, je pourrai donc vous relater une brève chronique de cette expérience; et quelle intense expérience que cette journée !

D’entrée, il faut dire que tout s’annonçait pour être «spécial». Médiatiquement, la campagne se déroulait convenablement pour Projet Montréal. Puis, les informations dégagées par nos pointeurs téléphoniques étaient des plus optimistes. Ensuite, histoire de vraiment fixer un décor singulier à l’ambiance, la météo annonçait une tempête de neige historique.

Le matin, donc, de cette historique journée, pressentant un moment exceptionnel de ma vie, je fus fébrile dès mon lever. Puis, ayant réussi à convaincre ma compagne d’embarquer dans l’aventure, j’étais aussi heureux de pouvoir transmuter le devoir politique en activité de couple. Nous partîmes donc à 8h en direction du QG ; et comme s’il y avait eu un quelconque signal d’envoi par un grand scénariste dans le ciel, la neige s’est mise à tomber… pour ne plus s’arrêter et cela durant toute l’élection.

Première surprise en arrivant au QG, nous frôlions les 200 militants à s’assigner les tâches pour la journée; d’entrée, l’atmosphère était survoltée d’optimisme.


Voir ici l’ambiance en question

Il est vrai que ce fait était en soi une réussite, un état nous permettant de mesurer le chemin parcouru depuis nos marginaux débuts. Mais ici, je dois tout de même avouer que la logistique offerte par le réseau du NPD de Montréal était des plus effectives… comme quoi, Projet Montréal en arrive certainement à intégrer la configuration qui avait permis le succès du RCM de l’époque (rallier les progressistes anglophones et francophones sous la même bannière municipale). En premier lieu, Anne-Marie et moi avons hérité d’un parcours de porte-à-porte : cette première mission consistant à faire sortir le vote d’une liste de sympathisants pointés au téléphone. Puis, après avoir fait pression pour acquérir la zone autour de PGL (mon ancienne école aux études secondaires), nous sommes allés faire le plein de calories grâce à un déjeuner copieux.

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Mais en guise de dessert toutefois, c’était bien la neige en poudre qui était au menu du jour. Formellement, avec des rafales à l’horizontale et une température avoisinant les -30 degrés Celsius, la journée s’annonçait littéralement comme un parcours de combattant. Et d’ailleurs, dans ces conditions, il s’avéra rapidement inhumain d’utiliser un crayon à main nue ; la moindre extrémité délaissée à l’air libre se glaçant quasi instantanément.

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Après avoir ainsi exécuté une première liste à pied, nous sommes donc allés nous réchauffer au domicile de Piper Higgins, l’organisatrice de notre campagne (et parlant de campagne justement, j’eus une petite pensée pour les soldats de Napoléon expatriée dans le mortel hiver russe). Sentant alors une possible défaillance de ma coéquipière, une mise au point s’imposait pour continuer. Or, la mission pouvant se comparer à une course de rallye extrême, nous changeâmes ainsi notre approche de la situation : Anne demeurera donc au volant de sa voiture, puis me déposera spécifiquement à chaque adresse. La formule s’avéra finalement efficace ; non seulement nous avons accéléré la cadence de notre travail, mais la chaleur dans l’habitacle nous permit aussi d’ajouter la durée à notre action. Puis, au rythme de la musique dans le véhicule, à l’aide de mes bottines «snow-grip», je mis à profit mes aptitudes cardio-vasculaires en bondissant à travers les bancs de neige.

mes supers souliers d'hivers

mes supers souliers d’hiver

Ainsi transporté par cet air d’aller, je sentais transmuter de l’énergie aux gens que je croisais… d’autant plus que par cette température, les courageux à l’extérieur étaient certainement de notre « électorat cible ». En tout cas, en étant des relais entre les électeurs sur «le terrain» et les organisateurs dans nos maisons de services, nous étions en première ligne pour vivre intensément cette élection.

rallye

préparation psychologique, planification de l’itinéraire, logistique, obstacles à déjouer, adrénaline… nous nous sentions littéralement dans une course de rallye

Après avoir transporté quelques électeurs à leur lieu de votation, Anne-Marie et moi avons finalement été assignés comme représentant à des tables de vote… et c’est là que notre bulle s’est dégonflée. En effet, nous avons alors constaté le vote en bloc de la communauté juive orthodoxe; et même les femmes de la communauté étaient cette fois «autorisées» à voter (une première selon des observateurs). Ici, je l’avoue, puisqu’en porte-à-porte, ces derniers ne nous portaient pas la moindre attention, nous avions présupposé que les juifs orthodoxes ne s’intéressaient pas à cette élection. Mais à l’heure où les accommodements raisonnables sont nationalement remis en question, c’était sous-estimer leur volonté de maintenir leurs privilèges religieux (c’est-à-dire de stationner, leurs voitures comme bon leur semblent les jours de Shabbat). Ensuite, puisque le parti du maire Tremblay avait senti la soupe chaude, ces derniers étaient disposés à offrir quelques bonbons en échange de leur réélection. Mais bon, il faut croire que c’est la beauté de la démocratie: la loi du nombre décide de nos choix collectifs… Même si ceux-ci s’avèrent les privilèges religieux d’une communauté par rapport à l’évolution écologique d’une société. De la sorte, il faudra conclure que le pouvoir de négociation d’un rabbin fut plus puissant que toute l’énergie de nos militants à convaincre leurs concitoyens d’Outremont.

Évidemment, même si dans le cas de cette élection, il y eut la manifestation d’un vote religieux en bloc, aucun média n’aura évoqué la moindre allusion à ce fait. Que devrions-nous en conclure?

  • Nombre d’électeurs inscrits: 15 382
  • Nombre de votants: 4 425
  • Taux de participation: 28,77%
Mairie d’Outremont:
  • Marie Cinq-Mars (Union Montréal): 2073 – 47,07%
  • Jean-Claude Marsan (Projet Montréal): 1649 – 37,43%
  • Christine Hernandez (Vision Montréal): 659 – 14,96%
  • Bulletins rejetés:  25
District Robert Bourassa:
  • Marie Potvin (UM):                  45,32%
  • Denise Rochefort (PM):        35,13%
  • Marc Vanier Vincent (VM):        13,58%
  • Olivier Delomme (ind.):              3,63%

En observant les résultats, nous y constatons que Projet Montréal aura encore fait mentir les sondages en arrivant  bon deuxième (un autre fait occulté par les médias). Or, si ce n’avait pas été de la perception erronée que nous étions le parti marginal, probablement que le réseau péquiste d’Outremont nous aurait rejoints plutôt que d’appuyer Vision Montréal (Un gros bravo à l’intelligence du Parti Québécois d’Outremont:evil: ). Comme quoi, il faut toujours demeurer vigilant quant il est question des sondages au municipal.

Jean-Claude Marsan, Richard Bergeron et Denise Rochefort

Jean-Claude Marsan, Richard Bergeron et Denise Rochefort

Mais bon, ce fut tout de même une agréable expérience, d’autant plus que nous avions le sentiment de faire l’histoire en participant à l’évolution de nos idées pour Montréal.


Le discours de clôture des candidats de Projet Montréal

Et chose certaine, Projet Montréal aura parcouru beaucoup de chemin depuis ses débuts… mais espérons que notre empreinte politique sera plus significative que nos traces laissées dans la neige de cette tempête.

C’est la vie de château, pourvu que ça dure
– Pierre Boileau (Mon père, à propos de militantisme en politique)

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