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Posté par le 25 septembre 2011 dans Politique municipale, Politique nationale

La quadrature du cercle pour l’investissement en transport collectif à Montréal

congestion, construction, collusion, corruption à Montréal

Ce texte se veut une réponse à l’article du journaliste François Cardinal: Donner avant d’enlever

Bien sûr, François Cardinal a raison quand il affirme que le réseau de transports en commun dans la région métropolitaine est déjà à pleine capacité. C’est le point central du pavé qu’il a dernièrement lancé dans la marre. Mais fort de ce constat, Cardinal en arrive à dire aussi que la présentation de l’évènement En ville sans ma voiture manque de pertinence, ou de muscle selon ses articles. Puis, dans un même ordre d’idée, les mesures de contrôle de la circulation dans le Plateau-Mont-Royal seraient «illégitimes». Sa logique veut qu’il faudrait accroitre l’amélioration du transport collectif avant d’ériger des obstacles à la voiture. Bref, sous le couvert d’être un promoteur du transport collectif, M. Cardinal s’avère finalement défendre le statuquo. Car, si nous considérons qu’il y a une augmentation croissante de 50 000 voitures par année dans l’ile de Montréal et le manque de volonté politique pour investir massivement dans le développement du transport collectif, la situation ne pourra que s’empirer dans le temps, à commencer par la circulation dans un quartier central comme le Plateau-Mont-Royal.

blogue de Luc Ferrandez

Sur son blogue, Luc Ferrandez répond aussi à François Cardinal dans le billet: «Réplique à monsieur Cardinal : la rue est d’abord un espace de vie.»

Par l’entremise de quatre capsules vidéo ici sur son blogue, le maire Luc Ferrandez explique avec brio l’urgence de la situation et la logique globale de nos mesures (un impératif à qui veut vraiment se donner la peine de comprendre le problème). Puis, mon collègue Alex Norris a directement répondu à un éditorial de François Cardinal sur ce sujet. Pour ma part, j’emprunterai un autre angle pour expliquer notre problème de développement en transport collectif… celui de la corruption dans le milieu de la construction.

[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=S0uBBIUOy5Q&]La capsule #3 de Luc Ferrandez répond à la question: à l’effet qu’il faudrait attendre après les transports en commun…

Le concept de M. Cardinal, «donner plutôt qu’enlever», serait en effet une formule politiquement populaire si nous avions les moyens du pouvoir central. Mais de prêcher cette formule dans le contexte où notre budget d’arrondissement est constamment ratatiné par la Ville centre, dans le climat d’hostilité médiatique à notre égard, dans celui que les gouvernements supérieurs ne partagent pas cette priorité… et vous déduirez que c’est pour l’instant inapplicable. La cerise sur le gâteau, M. Cardinal nous demande d’attendre après le développement du transport en commun avant de délaisser la voiture. Ça, c’est exactement ce que Luc Ferrandez appelle l’industrie du discours. Franchement, si nous analysons globalement ce qui est planifié comme grands travaux pour la région montréalaise, nous déduisons que nous sommes loin d’un investissement massif dans le transport en commun. Mais paradoxalement, c’est par la médiatisation de nos mesures d’apaisement de la circulation que le débat sur les transports arrive à s’imposer au Québec (c’était l’un de nos objectifs). Une preuve ici, M.Cardinal critique l’empressement de nos mesures pour en appeler au développement du transport collectif.

Maintenant, en considérant que le PLQ et sa succursale montréalaise (Union Montréal) demeurent au pouvoir, observons la suite des choses dans notre boule de cristal.

corruption du parti libéral

Des commentateurs corporatifs claironnent à tout vent qu’un premier réseau de tramway est trop onéreux pour être réalisable à Montréal (estimation de 5 000 000$ par Richard Bergeron) mais ils s’entendent toutefois pour nous faire investir plusieurs milliards dans la reconstruction de l’échangeur Turcot. Ensuite, parce que le pont Champlain est dangereux selon des études confidentielles, il faudra construire un nouveau pont rapidement, car c’est une priorité nationale (on ne badine pas avec les chiffres quand il est question de sécurité). Puis à l’instar de tout notre réseau d’infrastructure routière construit dans les années 60, l’autoroute 40 (cette grotesque aberration d’aménagement amenant directement l’autoroute transcanadienne au milieu de Montréal) tombe en ruine. Ici, je vous laisse imaginer le portrait sur la circulation routière à Montréal quand tous ces beaux projets seront en construction.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=M3ZSej5rNx8]Le maire du Plateau explique ici que la situation de la circulation véhiculaire ne pourra que s’empirer à Montréal et dans le Plateau-Mont-Royal

Or, la majorité des médias corporatifs ne remettent pas en cause les priorités du Ministère des Transports quand il est question de développer le réseau autoroutier ou de subventionner la construction de stationnements souterrains pour accueillir des nouvelles voitures sur l’ile de Montréal. Mais quand il est question d’investir dans le transport en commun, il n’y a qu’une minorité de journalistes, tel François Cardinal, pour nous dire que c’est la voie à suivre. Bref, tout est une question de priorité politique.

En définitive, nous sommes englués dans un circuit implacable, un système où les fonds publics servent à développer, puis réparer, le réseau autoroutier au Québec. Pire encore, en s’étendant anarchiquement au rythme effréné des développements immobiliers en banlieue, ce réseau est toujours plus achalandé et toujours plus dispendieux à maintenir… surtout si sa construction est sciemment mal fabriquée afin d’entretenir l’activité de cette industrie. C’est ici que le problème des transports prend une dimension nationale en nous ramenant à la corruption dans le milieu de la construction.

ceinture verte

Dans mon article «Pour une ceinture verte autour de Montréal», j’explique l’importance de protéger les derniers espaces naturels dans la région métropolitaine (D’autant plus que les basses terres du St-Laurent est l’une des zones les plus fertiles au monde pour l’agriculture).

Le nœud du problème

Voyez-vous, des entrepreneurs reçoivent des contrats publics à des prix gonflés. Or ils ne sont pas obligés de générer de la qualité durable parce qu’ils ne sont pas sélectionnés sur ce critère; ce qui paradoxalement est garant pour recevoir un nouveau contrat quand ces mêmes structures se dégradent. Avec une partie des profits, ils financent les partis politiques au pouvoir pour recevoir les contrats publics, puis certains investissent dans la construction de nouveaux bâtiments pour blanchir de l’argent du crime organisé (en payant comptant les ouvriers et les frais de construction).

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=2AHMuk1LhH4]Le fonctionnement de la machine libérale

Cette dynamique n’est d’ailleurs pas sans incidence sur l’augmentation des taxes foncières… taxes qui serviront en partie à payer des contrats publics aux amis du régime. De la sorte, non seulement nos budgets publics sont parasités, mais nous devons taxer davantage les citoyens pour maintenir les services existants (comme dans le cas du budget d’arrondissement dans le Plateau-Mont-Royal).

L’habitation dans le Plateau-Mont-Royal; l’enjeu social prioritaire

Dans mon article «L’habitation dans le Plateau-Mont-Royal; l’enjeu social prioritaire», j’explique la relation entre la spéculation lié aux nouvelles constructions, l’augmentation des taxes foncières et l’expropriation fiscale

Heureusement que les journalistes de Gesca comprennent que la corruption (l’économie de l’ombre) affecte le capitalisme classique en ralentissant le développement économique d’une société et que les problèmes de circulation inhérente occasionnent une baisse de productivité générale. Sinon, qui parlerait du problème?
corruption
À ce sujet, la journaliste Michèle Ouimet est très explicite dans son article «À quand le ménage», dont voici un extrait :
Corruption, collusion, violence, intimidation, coûts gonflés, financement politique illégal, fonctionnaires du ministère des Transports (MTQ) qui «coulent» de l’information privilégiée à des entrepreneurs, sans oublier le crime organisé. «La mafia est influente et présente dans le milieu de la construction», peut-on lire. «De nombreux entrepreneurs sont contraints de payer à la mafia un pizzo, selon l’expression italienne, soit une redevance de 5% de la valeur des contrats obtenus.» La corruption est généralisée, donc. Au coeur du système : les firmes d’ingénieurs-conseils et les entrepreneurs. Au milieu, un ministère des Transports faible, complaisant, qui a perdu son expertise et qui est incapable de surveiller correctement des chantiers où des millions de dollars sont engloutis.

Gerald Tremblay trafic

Alors, fautes de planification globale en urbanisme et transport, il y a toujours plus de chantiers, toujours plus de bouchons automobiles, toujours plus de voitures pour faire la queue sur les ponts vers Montréal. Évidemment, les automobilistes pestent contre cette situation, mais pour canaliser leur rage, les animateurs des émissions de circulation à la radio les divertiront (entre deux publicités de voiture). «Allez, répétez après moi» dira l’animateur: «Tous ensemble et un peu plus fort, c’est la faute des mesures radicales à Luc Ferrandez et des électeurs gauchistes du Plateau-Mont-Royal». «Vous savez, ces égocentriques bourgeois voulant faire un mur autour de leur quartier et méprisant les pauvres automobilistes du 450 devant aller travailler».

voiture et travail
Un truc qui unit les banlieusards, c’est l’expérience solitaire du trafic chaque matin, avec la radiopoubelle dans le char. Ainsi, sans que personne n’ait besoin de se parler, de faire le party ensemble ou d’échanger des opinions, une culture est née, directement tombée des ondes
»
– Catherine Dorion sur Facebook

La clique du Plateau

Comme le dit si bien le blogueur de la Clique: «Voulez vous ben nous cr*** patience avec la congestion sur la rue Chambord. Ça intéresse qui le fait qu’il y ait deux ou trois rues bloquées sur le Plateau ? 500, 1000 personnes, gros max? Sûrement pas le monde des régions, non plus les gens de Brossard… et même, à la limite, le couple qui habite à NDG aussi s’en contre-fiche! C’est pas possible,on n’arrête pas d’en parler! ON S’EN CAL******»

Allez, arrêtons de parler du Plateau-Mont-Royal un peu (comme le dit si bien ce blogueur populaire de Québec ville), pensons ensemble, et mobilisons-nous contre la corruption : le vrai problème qui plombe le développement du Québec. Car à la tête du régime en place, le premier ministre Charest bloque toujours une commission d’enquête publique sur le milieu de la construction. Or, si nous voulons faire évoluer la situation, et développer un réel plan d’aménagement du territoire à l’aide d’un réseau moderne de transport collectif, il faut taper sur le clou de cette commission jusqu’à la démission de Jean Charest ou confirmer la défaite électorale du parti libéral.

Amir Kahadir, Pauline Marois, François Legault et Deltell écrasent ensemble Jean Charest

Pétition exigeant du gouvernement libéral une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction : plus de 18 000 signatures en 18 jours!

Pétition exigeant du gouvernement libéral une commission d’enquête publique sur l’industrie de la construction.

Finalement, il aura peut-être fallu faire des petits changements de direction dans le Plateau pour provoquer un débat de société et entendre quelques journalistes réclamer un investissement dans le transport en commun. Mais pour ce faire maintenant, il faut réaliser que le changement de paradigme nécessaire ne se fera pas magiquement, il faudra le provoquer politiquement.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=NNGDj9IeAuI] Chacun est responsable de la planète et doit la protéger à son échelle.«Nous vivons une période cruciale. Les scientifiques nous disent que nous avons 10 ans pour changer nos modes de vie, éviter d’épuiser les ressources naturelles et empêcher une évolution catastrophique du climat de la Terre. Il faut que chacun participe à l’effort collectif et c’est pour sensibiliser le plus grand monde que j’ai conçu le film HOME. Afin de diffuser ce film le plus largement possible, il fallait qu’il soit gratuit. Un mécène, le groupe PPR, a permis qui le soit. EuropaCorp, qui en assure la distribution, s’est engagé à ne faire aucun bénéfice car HOME n’a aucune ambition commerciale. J’aimerais que ce film devienne aussi votre film. Partagez-le. Et agissez.»
– Yann Arthus-Bertrand, Président de la Fondation GoodPlanet.
En guise de conclusion, afin de nous ramener dans une perspective globale et vous rappeler l’urgence de la situation environnementale, je donnerai maintenant le mot de la fin à ma concitoyenne Marianne Giguère, qui a écrit un brillant commentaire sur ce blogue réactionnaire :
Je sais que la plupart d’entre vous êtes des victimes d’un système beaucoup plus puissant que vous qui vous oblige à habiter loin de votre lieu de travail. Je ne vous en veux pas personnellement.
Pourtant, je trouve malheureux de constater à quel point les débats restent toujours au raz des pâquerettes, toujours au niveau des petites frustrations personnelles de chacun, enlisés dans un individualisme crasse qui ne s’émeut que pour son misérable sort, ici et maintenant.
Le Gros bon sens dont vous vous targuez nous dit pourtant ceci, et l’actualité tant scientifique qu’anecdotique nous le démontre chaque jour:
– le réseau routier est en ruine et coûte des milliards à entretenir – un désastre social;
– les réserves de pétroles achèvent, l’essence va coûter de plus en plus cher;
– à cause des gaz émis par les transports et notre vie de surconsommateurs, le climat se réchauffe. On se dirige vers un mur, tête baissée, et on s’en fout si ce sont les plus démunis de la planètes qui vont en être les principales victimes, à brève échéance;
– le parc automobile augmente sans cesse, les banlieues sont de plus en plus loin du centre, les maisons sont de plus en plus grosses et énergivores;
– les gens sont aussi de plus en plus sédentaires, gros, diabétiques, cancéreux.
Voici les constats objectifs que commande le Gros bon sens. Et pendant que les médias relaient ces constats jours après jours, les gouvernements de tous les paliers n’agissent pas. Les lois de l’économie, les lobby et l’individualisme des électeurs forcent les élus à vivre en autruche, comme si tout allait bien, madame la marquise.
Pendant ce temps, dans un petit quartier centrale de l’île de Montréal, des citoyens marginaux ont un jour donné le mandat clair à une équipe d’élus d’agir, selon leurs pouvoirs et à leur échelle, pour que ces tendances immensément lourdes changent. Un tout petit peu. Pour mettre un peu de plomb dans les ailes de cette modernité passée date qui refuse de changer de cap.
Je voudrais que le débat s’élève, que l’on reconnaisse que, si elles peuvent sembler maladroites et contraignantes, les toutes modestes mesures prises par Projet Montréal dans le Plateau ont des visées globales, bien plus grandes que le plus long bouchon jamais vu sur Papineau.
On change le sens de trois petits bouts de rue dans un quartier loin de chez vous et votre vie est virée à l’envers? Votre intégrité profonde est atteinte? Vos instincts de guerriers refont surface? Come on, vos vies sont-elles donc si plates? Aimeriez-vous plutôt payer 20$ par jour juste pour entrer dans le centre-ville, comme à Londres? Ou n’avoir le droit de prendre votre char qu’une journée sur deux, comme à Mexico, à Rome ou à Bruxelles quand l’air est trop pollué?Si vous ne vous sentez pas concernés par le réchauffement climatique et ses conséquences sur les populations du globe (je ne vous parle pas d’ours polaires, là, mais d’autres êtres humains), si la qualité de l’air vous importe peu, si vous vous câlissez des effets de la pollution et de la sédentarité sur la santé publique (et la vôtre), si le monde dans lequel vivront les petits enfants de votre soeur vous indiffère, je ne peux rien y faire. Complaisez-vous dans votre confort, votre indifférence et votre individualisme – vous ne vivrez pas pour en voir les résultats, de toute façon. Mais de grâce, laisser travailler en paix ceux qui pensent qu’il faut agir, et qui agissent.

À l’image de leur société sclérosée, ils étaient tous congestionnés, seuls dans leur petite boite de métal, muets comme des carpes… et à court d’idées pour se sortir du labyrinthe tracé par la corruption
-Moi-même

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