Beetlejuice Beetlejuice : un retour qui aurait dû rester dans les années 80
Je dois commencer par admettre que je n’ai jamais été un grand admirateur des films de Tim Burton. Son esthétique gothique excentrique et son goût pour l’absurde ne m’ont jamais vraiment captivé. C’est donc à reculons que j’ai abordé cette suite tant attendue du célèbre Beetlejuice de 1988. Sans grande surprise, mon scepticisme initial a rapidement été confirmé : ce nouveau volet n’a fait que renforcer mes réticences vis-à-vis de l’univers burtonien.
D’un côté, il est indéniable que Michael Keaton brille à nouveau dans ce rôle excentrique qui lui va comme un gant. Ses facéties et son humour noir font mouche, rappelant pourquoi ce personnage est devenu culte. Toutefois, bien que Keaton ait plus de temps d’écran, le scénario s’embrouille. L’intrigue multiplie les personnages et les sous-intrigues, rendant le récit confus et inégal. Il semble que les scénaristes, Alfred Gough et Miles Millar, aient voulu trop en faire, au point de noyer le film dans des fils narratifs superflus, ce qui nuit à la cohérence de l’ensemble.
Alors que cette suite tente de raviver l’univers déjanté et gothique des années 80, on ne peut s’empêcher de se demander si ce monde a bien vieilli. Ce qui fonctionnait autrefois, avec son impertinence et ses bizarreries, semble aujourd’hui avoir perdu de sa fraîcheur. L’aspect visuel et le ton irrévérencieux qui étaient emblématiques de l’original paraissent désormais presque mièvres, comme si cet univers devait demeurer ancré dans son époque d’origine. Cette suite soulève finalement une question plus profonde : est-ce cette suite qui manque d’audace ou l’univers de Beetlejuice lui-même qui, en tentant de perdurer, a perdu de son originalité ? Il est possible que ce monde n’ait simplement plus la même résonance auprès du public contemporain, et que son charme particulier soit inextricablement lié à l’esthétique des années 80.
Outre Keaton, les performances de Winona Ryder et de Catherine O’Hara méritent d’être saluées. Ryder, reprenant son rôle de Lydia Deetz, apporte une profondeur supplémentaire à son personnage, désormais mère d’une adolescente, Astrid. Jenna Ortega, qui incarne cette dernière, est une belle addition, bien que son personnage ne soit pas toujours bien exploité par un scénario trop chargé. En revanche, Willem Dafoe, bien qu’excellent comme toujours, semble parfois jouer dans un film différent, tant son rôle paraît détaché du reste de l’intrigue.
Si « Beetlejuice Beetlejuice » parvient à recréer l’atmosphère unique de l’original et offre des moments de pur plaisir macabre, il souffre d’une surenchère narrative et d’un trop-plein de nostalgie. Ce n’est pas une mauvaise suite, mais elle ne parvient pas à atteindre l’équilibre parfait entre l’absurde et le charme qui avait fait le succès du premier film. Pire encore, elle nous fait remettre en question la capacité de cet univers à rester pertinent en dehors des années 80, une époque où il semblait trouver toute sa raison d’être. Une œuvre sympathique, certes, mais qui laisse un goût de potentiel non exploité, et qui pour moi, n’a fait que confirmer mon désintérêt pour l’univers de Tim Burton.
Beetlejuice Beetlejuice
- -À la suite d'une tragédie familiale inattendue, trois générations de la famille Deetz rentrent dans leur maison à Winter River, toujours hantée par Beetlejuice. Là-bas, Lydia voit sa vie prendre un nouveau tournant lorsque Astrid, sa fille en plein âge rebelle, découvre la mystérieuse maquette de la ville et que le portail vers l'au-delà s'ouvre accidentellement. Les ennuis se rapprochent des deux royaumes, et ce n'est qu'une question de temps avant que quelqu'un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon malicieux revienne pour semer le chaos sur son passage.