Les « clubs politique » : Pour une réforme du Parti Québécois
Lors du prochain congrès national du PQ, les 4 et 5 juin prochain, il y aura dans la Commission des statuts, une proposition des plus importantes à faire entériner pour le bon redémarrage du mouvement souverainiste, à savoir, d’accepter dans le Parti Québécois, l’existence de « clubs politiques » semi-autonomes. En effet, ce concept pourrait être la condition essentielle pour rallier tous les souverainistes au Québec. Ainsi, cette proposition est beaucoup plus que d’accepter le retour de la gauche syndicaliste dans le Parti Québécois (SPQLibre), mais elle est, potentiellement, le moyen d’une nouvelle stratégie souverainiste en soit. Je m’explique :
En tant que véhicule politique pour amener le Québec à son indépendance, il est inacceptable d’accepter des souverainistes à l’extérieur du Parti Québécois. Or, l’arrivée des clubs politiques au PQ offre finalement un espace distinct pour l’émancipation de toutes les idéologies souverainistes dans le Parti. Toutefois, l’idée ici n’est pas juste de coaliser au maximum les forces souverainistes avant le prochain référendum, mais de créer un climat propice à la relance du mouvement souverainiste dans tout son ensemble; à commencer par l’intérieur du Parti Québécois. Projetons donc la perspective d’avoir au PQ des clubs politiques.
Le premier effet positif engendré par l’aménagement des clubs politiques sera l’envoi d’un message d’ouverture aux militants souverainistes. L’invitation favoriserait non seulement la mobilisation militante, mais crédibiliserait le Parti Québécois dans son affirmation que la souveraineté du Québec est sa priorité. Or c’est en mettant en application les actes à la parole que nous contribuerons à regagner la confiance de tous les souverainistes; n’oublions pas d’ailleurs que l’option souverainiste est plus populaire que le Parti.
D’autre part, le passé nous aura appris que la configuration actuelle du Parti nous oblige constamment à tenir un discours souverainiste de compromis, histoire de sauvegarder la chèvre et le chou. Or, nous sommes handicapés par cette situation, car non seulement nous perdons des joueurs en allant vers les pôles de gauche et de droite du spectre démocratique, mais nous sommes confinés à ne pas aller trop loin dans la présentation de notre vision souverainiste. En effet, allez trop loin dans une vision spécifique équivaudrait à perdre les tenants d’une autre vision souverainiste que celle présentée. Pourtant, l’idée de la souveraineté du Québec demeure quelque part un concept subversif et nous avons le fardeau de la preuve à faire; nous nous devons donc d’expliquer où nous voulons amener les Québécois. C’est pourquoi, par les clubs politiques aux PQ, nous nous offrons la possibilité de laisser chaque courant souverainiste expliquer pour lui-même sa propre vision de ce que devrait être un Québec indépendant.
L’idée est donc de générer un discours souverainiste adapté à chaque groupe souverainiste oeuvrant à l’extérieur du PQ. Je parle principalement ici de l’élaboration d’un club altermondialiste pour attirer les jeunes et l’UFP, et d’un club nationaliste de droite pour arrimer les souverainistes de l’ADQ. (Ce parti à récolté 18% aux dernières élections provinciales, il serait des plus inconséquents d’ignorer cette donnée). Rajoutons en plus ici le SPQLibre syndicaliste, un club écologiste et peut-être un autre pour les radicaux (Mouvement pour une élection sur la souveraineté) … le tout rattaché au centre par l’organisation initiale du PQ, et nous avons une magnifique structure pour enclencher le mouvement souverainiste vers la population.
En effet, cette dynamique de débats et d’échanges entre la droite et la gauche souverainiste au PQ stimulerait la vitalité du mouvement en entier. Assurément, l’aménagement des clubs politiques développerait une place publique de prédilection pour permettre aux divers intervenants souverainistes de s’émanciper. Or, par la voix des différents leaders qui seraient issus de cet espace, nous contribuerions à développer l’esprit souverainiste dans son ensemble en exportant nos débats vers la population. En effet, ces « échanges contrôlés » ou chicanes au sens vulgaire du terme, seraient une belle formule pour attirer l’attention médiatique, trop souvent négligente a notre égard quant tout va pour le mieux au PQ. Peu importe, chaque club politique représenterait virtuellement un futur Parti en soi d’un Québec indépendant… nous serions perçus au PQ comme la démocratie québécoise en action contre les forces anti-Québec du statu quo.
Cette formule aurait aussi l’avantage de donner de la visibilité à de nouveaux leaders. D’ailleurs, entouré par des Amir Khadir, Françoise David, Monique Richard, Steven Guilbaut et Joseph Facal, notre chef n’aurait plus a avoir le fardeau moral d’être aussi visionnaire que ses prédécesseurs Lévesque et Parizeau. Il pourrait finalement s’épanouir dans son rôle de chef en supervisant de haut la mêlée comme un patriarche attentif et responsable.
Gouverner ou souveraineté… il est vrai, pareille coalition arc-en-ciel nous obligera inévitablement à avancer vers le seul point commun nous réunissant, mais la souveraineté du Québec n’est-elle pas la raison d’être du Parti Québécois. Si le PQ est vraiment l’outil qui doit donner aux Québécois un pays, il devra se comporter comme tel; et dans cette logique, le Parti se doit de tendre la main à tous les souverainistes.
C’est un précepte de base en politique, l’union fait la force. Mais trouverons-nous l’intelligence nécessaire pour structurer l’accueil de tous les souverainistes dans le Parti Québécois ? Les conditions gagnantes, ne tomberont pas du ciel… à nous de générer par nous-mêmes le momentum qui nous mènera au pays… et nous en avons les moyens.
Carl Boileau
Délégué de Mercier
Responsable aux communications, Comité souverainiste de l’UQÀM
carlboileau@videotron.ca
NB : Dans l’optique de mettre en place un club écologique au PQ, je cherche à réseauter les personnes intéressées par cette perspective. Si c’est le cas, faites-moi signe.