Xavier Dolan: le JE symbolique d’une société malade
D’entrée, je vous avouerai ne pas avoir vu les films de Xavier Dolan. En ce sens, je ne suis pas en mesure de faire une critique cinématographique de son œuvre. Cependant, même si je ne compte pas visionner ses films, je me permettrai de réagir à l’atmosphère émanant du phénomène. En effet, autour de Xavier Dolan, il se dégage, à mes sens, une aura répulsive. Suis-je le seul à constater, où oser dire, que le jeunot s’aime à un degré pathologique? Franchement, tout ce qui transpire de Xavier Dolan pu le narcissisme à plein nez.
Pour ma part, je trouve indécent le concept de scénariser un film autobiographique, de le réaliser, d’y jouer son propre rôle, de le produire et de le monter. Pire encore, la chose pousse même l’audace en surexposant le portrait du scénariste/réalisateur/producteur/acteur sur l’affiche du film (évidemment, dans une pose criant d’authenticité). Bref, le sujet du film pourrait se simplifier par: Je-me-moi, Xavier Dolan. L’histoire de mon histoire. Tout cela est carrément de la masturbation cinématographique! Malencontreusement, dans le beau petit monde des m’as-tu-vu du cinéma, il semble que la tendance du moment est d’applaudir ce modèle nombriliste.
À dire vrai, je digère encore mal la consécration du film Xavier Dolan au gala des Jutra. De mon côté, je persiste à penser que Dédé, à travers les brumes demeure l’une des meilleures réalisations québécoises. À cet effet, non seulement nous avions l’occasion de reconnaitre un film d’une rare qualité, mais surtout, nous pouvions y célébrer l’authentique histoire d’une légende de la chanson québécoise. Malheureusement, au lègue culturel de la vie de Dédé Fortin, il semble que le jury aura préféré l’histoire imaginaire d’un être sans expérience. Or, maintenant, conséquence indirecte de ce choix, plutôt que de stimuler la production de film appelant à notre mémoire collective, nous somme encore affligés par un nouveau film exhibitionniste de Dolan. C’est une victoire du je sur le nous.
L’ère du temps étant au me, myselsf and I, il est logique de voir les œuvres introspectives (ses émotions, ses questionnements sexuels, son plaisir personnel) supplanter celles interpellant la réflexion sociale. De la sorte, parce que je pense l’avenir de la société menacé par le puéril culte de l’individu, vous m’excuserez de boycotter cette icône du moment… ce mauvais goût manifeste de notre hédoniste époque .
Il semble ici que je ne suis pas le seul à ne pouvoir regarder Dolan en peinture
Les créateurs du Bye Bye 2010 semblent s’être inspirés de mon article
Comment les films de Dolan sonnent à mes oreilles
Comédien, c’est un métier qui s’apprend à partir de soi-même. Ça a un nom de maladie : égocentrisme
-Coluche (extrait de L’Horreur est humaine)
En complément, cet article de Jean-Guy Roy
L’ère du « Je-Me-Moi »
Nous vivons dans un monde où les modes se succèdent à vive allure, se bousculent même. « C’est tendance! » disent les gens branchés, branchés à je ne sais quoi! Nous avons peine à suivre tous les changements technologiques qui surgissent un peu partout. Nous avons parfois même l’impression d’être des dinosaures, des personnages d’un autre temps à la remorque d’une course effrénée qui carbure au superficiel et à l’éphémère. Tout, ici et maintenant! Pendant que les gadgets technologiques des plus sophistiqués fourmillent sur les marchés, que les outils de communication d’avant-garde se multiplient à la vitesse du cyberespace, jamais les gens n’ont autant souffert de solitude, d’isolement. Que de détresses dans les recoins des grandes villes et dans de nombreuses résidences d’aînés. Les statistiques ne mentent pas!
Dire que notre sacrée sainte société aseptisée, à l’aube du troisième millénaire, est individualiste et hédoniste est presque une tautologie. Tout nous pousse au nombrilisme, à un excès outrancier et parfois pervers du soi. Le « Je-Me-Moi » inonde abondamment les campagnes des publicistes inspirés par l’appât du gain; les médias en général n’ont de penchants ou d’attraits que pour les super-vedettes susceptibles d’attirer de généreuses commandites. Tout ou presque est sensation, émotion au détriment d’une profondeur souhaitable, d’une réflexion pourtant si nécessaire en ce temps de recherche identitaire. « C’est l’air du temps, il faut s’adapter » diront certains nostalgiques d’un monde plus serein, nourri de certains idéaux et de valeurs éternelles qui transcendent l’âpreté du quotidien. Nous sommes à l’ère du spectacle, du star-système, du regardez-moi où malheureusement chacun d’entre nous n’y trouve pas son compte ou encore suffisamment d’inspiration pour soulever quelque peu notre âme assoiffée.
Il y a sans équivoque un certain culte du narcissisme dans ce Québec des grands espaces. Il faut bien l’avouer mes amis, les boomers qui approchent massivement de la retraite ont donné le ton. Ces derniers ont joui passablement d’une existence faste, sans trop songer à demain. Ils laisseront toutefois un héritage apparemment glorieux, un gouffre sans précédent dans les finances publiques, des infrastructures plus que vacillantes, des enfants trop peu nombreux et une société marquée du sceau de la super consommation. Nous le savons tous, le narcissisme réfère à la fixation maladive qu’une personne a pour elle-même. Nous pourrions en dire autant de la société.
C’est à la mythologie grecque que l’on doit le terme de narcissisme. Narcisse était un jeune homme d’une très grande beauté. Alors qu’il se promenait en forêt, il se pencha au-dessus d’une fontaine et aperçut son image à la surface de l’eau. Obnubilé par la magnificence de son reflet, il demeura immobile à se contempler, à tel point qu’il prit racine et se changea en fleur, le narcisse. Revenons à nos moutons. Je me souviens d’un article de Richard Hétu de La Presse qui rapportait, il y a pratiquement deux ans de cela, une étude américaine réalisée auprès de 16 000 étudiants d’âge collégial sur plus de 25 ans. Le questionnaire – The Narcissistic Personality – demandait aux participants de réagir à des phrases toutes simples comme celles-ci : « Je pense que je suis une personne spéciale », « J’aime être le centre d’attention ». L’étude démontrait que les deux tiers des étudiants d’aujourd’hui faisaient preuve d’un plus grand narcissisme que la moyenne des étudiants de 1982. Il faut bien le dire, la téléréalité n’existait pas à ce moment là. Il semblerait que des émissions ostentatoires comme American Idol et Survivor, auraient contribué à gonfler l’ego des membres de la générations Y.
Rien ne semble rassurant pour le futur mes amis, du moins côté humilité. Tous les experts vous le diront, les gens à tendance narcissique éprouvent plus de mal à nouer des relations saines, voire intimes et à accepter les revers de la vie. Les soubresauts de la crise économique ont sans aucun doute provoqué quelques émotions vives. Avec leurs propres téléphones cellulaires, leurs propres iPod et leurs propres pages sur MySpace et YouTube, les jeunes d’aujourd’hui racontent sans pudeur leurs exploits et leurs fabuleuses aventures à tous les voyeurs du cyberespace. Les différentes études tendent à démontrer que ceux de la génération Y sont encore plus narcissiques que leurs prédécesseurs de la génération X qui l’étaient déjà passablement. Décidément, le « Je-Me-Moi » est toujours en vigueur.
Dans son récent ouvrage, « Le compte à rebours a-t-il commencé? », l’éminent scientifique français Albert Jacquard rapporte cette phrase très percutante d’une jeune lycéenne : « Mieux vaut une réussite solidaire qu’un exploit solitaire ». À quand notre société assoiffée de sensations répétitives à souhaits passera-t-elle du full « Je-Me-Moi » à une juste appréciation et expression de soi qui ne frise pas l’idolâtrie aveugle. Swâmi Râdâs, philosophe indien, nous signale que l’ego qui nous habite peut en quelque sorte être une ombre, une obsession et une illusion. C’est sans aucun doute ce qui nous empêche souvent de rencontrer l’autre, de devenir ce que nous sommes réellement. Un peu de modestie corrigerait quelque peu les tendances génétiques à l’individualisme prononcée et à la vantardise légendaire des Québécois en général.
Il est tellement malvenu de critiquer quelque chose que vous ne cernez même pas. Vos réprimandes reposent sur des bribes car vous n’avez même pas vu le film, et c’est un peu leger.
Je suis bien d’accord avec Carl.
Mais la société Québecoise a un besoin si urgent de prouver son existence qu’elle se cherche des leaders, des symboles, des gagnants. Et comme la coupe Stanley tarde a revenir dans notre petit coin de pays, il faut se rabattre sur autre chose.
Le film de Xavier Dolan, J’ai tué ma mère (‘pas vu l’autre.Pas très intéressé non plus) est correct mais loin d’être excellent ou même »très bon ». C’est du Pedro Almodovar de second choix, sauce petit Québec, soupoudré d’hystérie émotive qui nous fait regretter celle d’une Pénélope Cruz…
Bref, bof.
😉 Toi aussi, à voir les titres de ce blog; « mes discours, mes citations, mes poèmes », tu semblerais un peu être dans l’ère du « Je-Me-Moi » non !
Les narcissismes d’ados me dérange moins leurs suicides au Québec
Ferrandez, ça gaz ! Parlant de narcissisme, il pavane joyeusement en courant dans le parc le matin et dictant ses consignes aux employés de la ville. Le chapeau blanc lui vas bien !
J’attends toujours les preuves qu’il le mérite; l’environnement et la circulation sont des thèmes populistes mais il me semble qu’avec sa formation de gestionnaire, il pourrait ouvrir d’autres portes que celles-là 😆
Je suis d’accord sur le fond mais il ne faut pas perdre de vue que Dolan possède un vrai talent, son premier film était excellent!