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Posté par le 20 juillet 2010 dans Médias, Politique municipale, Sociologie

Le transit automobile, Luc Chartand et l’embourgeoisement du Plateau

voitures en transit congestionnant la circulation en ville

Histoire de vous remettre en contexte, Projet Montréal a gagné les sept postes électifs du Plateau-Mont-Royal en  frôlant 50% du suffrage exprimé à la dernière élection municipale. Ce mandat démontre clairement une volonté de changement politique; nous sommes en phase avec nos concitoyens et nous souhaitons, en autre, résoudre nos problèmes de circulation. Cependant, si nos idées pour l’apaisement de nos rues ne sont plus une nouveauté pour les gens de mon quartier, force est de constater que leur mise en place suscite l’attention des journalistes. (De toute façon, puisque le Plateau est toujours une matière à faire parler au Québec, la simple évocation de son nom fait vendre du papier journal… il faut donc apprendre à vivre avec cette dynamique).

C’est ainsi qu’en juin dernier, nous avons présenté en conférence de presse la première phase de nos mesures d’apaisement de la circulation… et de facto, nous avons officiellement lancé le débat dans l’opinion publique.:mrgreen:

Dans un premier temps, fort de l’appui immédiat de nos concitoyens, la réception médiatique fut nettement favorable. En effet, nous sentions alors une compréhension de notre politique et une réelle volonté des journalistes d’expliquer objectivement la situation en cause. (Il faut dire que ce sujet est captivant, car il retourne de mesures locales s’inscrivant en concordance avec des solutions globales).

  • Visionnez, ici, la conférence de presse de l’arrondissement du Plateau Mont-Royal du 21 juin 2010 présentant les premières mesures d’apaisement de la circulation
  • Lire ici, le communiqué de presse officiel de Projet Montréal
  • Voir ici, l’entrevue de Luc accordé à la SRC
  • Lire, ici, l’excellent article de François Cardinal dans La Presse: Anti-auto, le Plateau?
  • Lire, ici, l’article de Jeanne Corriveau dans Le Devoir: La circulation sera restreinte sur le Plateau (Trois secteurs deviendront plus conviviaux pour les piétons et pour les cyclistes)

Puis, la politique ayant horreur du vide, parce que tout changement suscite des réactions, des journalistes ont naturellement soulevé des critiques. Mais ne soyons pas pour autant naïfs ; parce notre politique heurte aussi des intérêts particuliers, d’autres journalistes se sont aussi fait la voix d’une opposition à créer. De la sorte, Daniel Audet au JDM avait démarré les hostilités en jouant coup sur coup les cartes du «gros bon sens» puis celle de l’âgisme (!?!). Ensuite, il y a eu ces deux petits articles de Stéphanie Saucier dans le quotidien 24H, dont ce deuxième article qui empruntera l’axe audacieux de la pollution atmosphérique que généreront nos mesures (!!!). Bon, jusqu’ici, tout s’explique. De par ses fonctions à l’Institut Économique de Montréal, Daniel Audet est en conflit d’intérêts quant à ses perspectives idéologiques. De l’autre côté, la pigiste Stéphanie Saucier semble formater ses textes dans l’optique que ses articles soient relayés au Journal de Montréal (via l’agence de presse QMI, fondée par Quebecor juste avant la mise en lock-out de ses journalistes). Or, le Journal de Montréal s’adressant à des intérêts externes au Plateau, il n’est pas étonnant que notre point de vue n’y soit pas pris en considération.

Mais voilà qu’un certain Luc Chartrand (un journaliste de la SRC… mais utilisant ici la section opinion de La Presse pour s‘exprimer) mêlera les cartes en associant notre formation politique à l’embourgeoisement du Plateau. Bien que la gentrification du quartier soit un fait indéniable, et déplorable, il est d’une malhonnête intellectuelle que d’en responsabiliser notre plan d’apaisement de la circulation. En effet, pour l’instant, notre plan a simplement été annoncé et ne peut donc pas être mis en cause parce qu’il n’est pas encore effectif. Dans un même ordre d’idée, il est abusif, voire mensonger, d’annoncer à tout le Québec que le transit est désormais complètement freiné dans le Plateau. Voici la phrase en question.

Les pressions successives de la nouvelle clientèle aisée du Plateau auront réussi au fil des ans à freiner la circulation de transit jusqu’à, désormais, l’empêcher complètement
-Luc Chartand  

Par ailleurs, il faudra peut-être rappeler à M. Chartrand que Projet Montréal est un petit parti financé par et pour les citoyens, appuyer de surcroit par la majorité des organismes sociaux de notre quartier. En comparaison, les partis classiques sont principalement financés par des lobbys; celui du maire étant même sous l’objet de plusieurs enquêtes pour fraude, pots-de-vin et trafic d’influence. Or, avant d’affirmer que nous, Projet Montréal dans le Plateau, serions au service des riches, il faudrait quand même avoir l’honnêteté d’évoquer les forces économiques auxquelles nous nous opposons.

À Projet Montréal, parce que nous avions compris qu’il était impossible de réaliser des grands projets de société dans le contexte ou notre métropole est gérée par/pour des intérêts privés (une logique de gestion à court terme), le mode de financement des partis municipaux est devenu l’un de nos chevaux de bataille électorale. Ainsi, fort du support officiel de juge Gomery, nous avons révélé la liste de nos contributeurs sur notre site Web. Une initiative qui devrait, normalement, nous faire cheminer vers le plafonnement des dépenses électorales… voire une loi encadrant mieux le financement des partis politiques.
Richard Bergeron

Pour plus d’information à ce sujet, lisez mon article: Réjouissance et inquiétude: le comité exécutif de Montréal s’ouvre à Projet Montréal

Sociologie 101

Utilisant un ton professoral, «ce transiteur» d’un quartier voisin se permettra même de nous donner une leçon sociologique quant à ce que nous sommes sensés être. Sa comparaison est forte : selon Chartrand, la situation de mon quartier correspond à (la très riche) Ville Mont-Royal. Ici, c’est carrément comparer des pommes à des patates. D’entrée, non seulement la géographie des deux quartiers est très différente, mais Ville Mont-Royal est une enclave naturelle dans laquelle ses rues forment un labyrinthe.  A contrario, le Plateau est un quartier central qui est traversé de partout par des rues perpendiculaires; c’est-à-dire, concrètement, des dizaines d’axes de transit.

plan ville Mont Royal

Le plan de Ville Mont-Royal avec ses belles rues sinueuses

Le plan du Plateau-Mont-Royal

Le plan du Plateau-Mont-Royal avec ses rues bien perpendiculaire

D’autre part, dois-je vraiment apprendre à M. Chartrand que nos maisons sont toutes collées les unes sur les autres, que le Plateau est le quartier le plus densément peuplé au Canada, qu’il est autant à vocation commerciale que résidentielle et que la mixité sociale est le fondement de sa culture progressiste. De son côté, VMR est pratiquement résidentielle, la majorité des maisons comporte de beaux terrains verts, puis sa renommée sociologique tient surtout par la mise en place d’une clôture rhodésienne qui sépare sa population de Parc-Extension. Ah oui, la langue majoritaire de VMR étant l’anglais, ces derniers votent systématiquement pour des politiciens fédéralistes…  ai-je vraiment à dire que ce n’est pas pour demain l’élection de Québec solidaire à Ville Mont-Royal .

la densité à Montréal

La densité à Montréal: gris pour VMR, bleu foncé pour le Plateau

ile de Montreal

Vue d’en haut, VMR est de couleur verdure, le Plateau est de couleur béton

la frontière entre Ville Mont-Royal et Parc-Extension

la clôture « rhodésienne » entre Ville Mont-Royal et Parc-Extension. Il n’y a pas de ce genre de frontière artificielle entre le Plateau et ses voisins.

Luc Chartrand, à la défense des pauvres du Plateau!

Sous-entendant que le plan de mon administration est « d’accaparer le territoire pour les bien nantis » (?!?), Luc Chartrand plaide ainsi le statu quo au nom de « l’intérêt général de la Cité ». Comme c’est grossier. Notre transiteur se prétend mieux comprendre l’intérêt des citoyens que les élus qui les représentent. Puis, de toute façon, en quoi l’augmentation de la circulation automobile serait un avantage pour « les moins nantis » de mon quartier? La question M. Chartrand, n’est pas de savoir pourquoi certains quartiers, riches ou pauvres, s’organisent pour améliorer leur environnement. La question est plutôt: pourquoi les gouvernements actuels, au nom de la circulation automobile débridée, ne peuvent-il pas prendre en compte la dégradation de nos conditions de vie, rendues exécrables par le bruit, la pollution, le danger et le stress urbain?

Avenue de Mont-Royal

Pour mieux comprendre notre problème de « riche », je vous conseille de lire mon article: Le PDU du Plateau Mont-Royal: un axe citoyen de combat politique

Subséquemment M. Chartrand, comment trouvez-vous le culot d’évoquer le bien commun quand votre seul intérêt est de traverser le plus rapidement possible notre milieu de vie en voiture? Comment osez-vous parler pour nos moins nantis quand vous élidez complètement de l’équation l’amélioration du transport en commun? Parce que, voyez-vous, ces moins nantis comme vous dites, ne se déplacent pas en voiture vous savez. Puis franchement, puisque vous habitez dans l’arrondissement au nord du Plateau et que vous travaillez dans celui à notre sud, il serait peut-être temps d’envisager de prendre le transport en commun. Mais avouez, votre solidarité avec nos pauvres n’ira pas jusqu’à vous faire partager physiquement leur présence quand même.

Luc Chartrand

Ensuite, de grâce M. Chartrand, contenez votre registre populiste, arrêtez d’interpeller les réactionnaires et feindre l’ignorance pour nous stigmatiser politiquement. Vous, qui êtes correspondant à Paris pour Radio-Canada, vous devez très bien connaître les enjeux en question (le maire Delanoë compte réduire la circulation automobile de 40% d’ici 2020). Oui, bien sûr, les artères du Plateau sont déjà congestionnées, mais puisqu’il y a toujours plus de voitures, nos rues résidentielles se transforment à leur tour en axes de transit. Et après, vous nous suggérez de ne rien faire… de laisser nos enfants à la merci du flot de voitures s’engouffrant en trombe dans nos ruelles. C’est à se demander si vous n’êtes pas de ceux qui accélèrent aux passages piétonniers.

Sur cette photo, vous pouvez apercevoir des enfants jouer candidement dans une ruelle du Plateau. En arrière, vous pouvez aussi remarquer un automobiliste en direction de l’artère De Lorimier. Ainsi, ce conducteur utilise cette portion de ruelle comme un raccourcit afin de s’éviter des feux de circulation. Est-ce que ça prend vraiment la tête à Papineau pour réaliser que le trafic malin est une dynamique dangereuse pour la sécurité de nos enfants.

En conclusion, je donnerai le mot de la fin à votre collègue François Cardinal. Un journaliste, qui contrairement à vous, recherche des solutions lorsqu’il expose des problèmes sociétaux.

Ce débat ne touche pas qu’un arrondissement, pas plus qu’une classe sociale, mais bien l’ensemble de la ville centre. En ce sens, il importe de «déplateauiser» les discussions et de s’interroger sur la place accordée aux automobilistes et sur les alternatives qui leur sont offertes –François Cardinal

Alors, puisqu’il faut bien commencer quelque part, nous on fait notre bout sur les rues locales et collectrices. Or, plutôt que de nous renfermer sur nous-mêmes comme vous le suggérez, nous incitons les autres arrondissements à en faire autant. Maintenant que le débat sur le transport à Montréal est lancé, espérons que la Ville centre et la STM emboite le pas.

Projet Montréal propose le tramway

Un réactionnaire  est un somnambule  qui marche à reculons
– Franklin Delano Roosevelt (Extrait d’un Discours – 1939)

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55 Commentaires

  1. Ceux qui cherchent des solutions pour un meilleure qualité de vie urbaine regardent du côté du métro, de l’autobus, du train, du tramway, du partage-auto, de l’auto-duo, du vélo. Ils sont multi-pistes dans leurs pratiques quotidiennes.

    Ceux qui sont addicts du char, sont «one track mind is one track is mine». Leur vision panoramique du Montréal du futur s’étend du bumber d’en avant au bumber d’en arrière de leur coquille roulante. Leur demander d’avoir une vision plus collective relève, pour eux, de l’utopie et menace profondément leur individualisme motorisé.

    Ce qui est fantastique, c’est que malgré l’égocentrisme de plusieurs, des gens osent se présenter en politique municipale, provinciale et nationale pour changer l’ordre des priorités urbanistiques. C’est avec plaisir que ces gens courageux auront l’appui de plus en plus d’individus heureux de vivre en collectivité.

  2. Dans la vie, il y a ceux qui pratiquent auto-dérision, d’autres l’auto-satisfaction, d’autres encore l’auto-destruction. Mais la meilleure solution sera toujours l’autobus. 😉

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  1. Le Gros Bon Sens | Incohérence du Plateau - [...] pour qui les mesures prises dans la quête de tranquillité bucolique en plein centre d’une ville ne sont pas…

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