Rêve d’une autre vie… aux Îles Marshall ?!?
Après une grosse journée de travail, l’un de mes petits plaisirs quotidiens est d’aller observer l’évolution de mon potager urbain. D’ailleurs, je ne sais trop pourquoi, ce moment avec mes plantes et moi-même agit un peu comme une pause spirituelle dans ma vie d’ouvrier occupé à courir après l’argent pour payer ses dettes.
Or, justement, en arrosant mon artichaut aujourd’hui, il m’est revenu à l’esprit le retour en arrière d’un rêve singulier que j’ai fait lorsque j’avais 9 ans ou 10 ans. Je me suis toujours promis de ne jamais oublier ce rêve tellement il demeure l’une des expériences les plus insolites qui me soient arrivées de vivre. D’ailleurs, étant agnostique et sceptique de nature, parce que j’ai en aversion les religions et tout ce qui touche l’ésotérisme, j’ai toujours maintenu une réserve à partager ce que je vais donc maintenant vous raconter… au risque de perdre un peu de mon lustre rationnel d’esprit scientifique. Mais bon, parce que je ne comprends toujours pas la signification de ce rêve, je vous jure de me croire sur parole quant à sa véracité.
Je suis quelque peu mal à l’aise de l’avouer, mais dans ce rêve… je suis carrément une autre personne… C’est-à-dire une jeune fille (!?!) évoluant vraisemblablement dans un pays tropical à une époque antérieure !?! S’il ne se passe pas beaucoup d’actions dans ce rêve, je me rappelle toutefois d’avoir été impressionnée par l’atmosphère ambiante ressentie par « mon » point de vue (la chaleur humide, l’intense lumière tropicale, le bruit du vent et l’odeur saline de la mer) à un point tel que cela m’eût donné l’impression d’avoir réellement vécu ce moment.
Dans la première « scène » de ce que je pourrais définir comme un film onirique, « je » suis à bord d’un vieil avion militaire extrêmement bruyant. Si je ne comprends pas la langue des soldats blancs m’entourant, je saisis que ces derniers tentent de me conforter en me souriant malgré une situation que je réalise comme étant extraordinaire, voire traumatisante. À ce moment, je sais que je ne reverrai plus jamais le monde que j’ai connu. Ces étrangers, dont je n’arrive pas à saisir dans ma logique d’enfants s’ils sont gentils ou méchants, m’ont déracinée à ma terre pour une raison échappant à ma compréhension. À ce moment, je ne suis aucunement révoltée ; et bien qu’affligée par la fatalité du destin, mon tempérament semble de nature calme et résignée. Je m’envole avec ces étrangers en direction d’un monde inconnu.
Dans le deuxième acte et scène finale du rêve, quelque temps a passé depuis mon exil. Je suis dorénavant dans une anonyme métropole sur un minuscule balcon. La chaleur est torride ; ainsi, j’y arrose des tournesols à l’intérieur d’une série de pot. Dans chaque pot, il y a une fleur associée à un membre de ma famille disparue. Je me réveille alors en me disant que je dois continuer d’arroser les plantes afin de ne jamais les oublier.
Voilà pour le rêve en question.
Maintenant, je me questionne encore sur les sources d’inspirations de ce rêve, voire aussi sur ses origines si l’on veut considérer un angle plus énigmatique.
Quelques instants après avoir fait ce rêve, je me rappelle d’être assis seul à la table de la cuisine ; disons un peu « sonné » par l’étrangeté singulière de ce rêve. Déjà, j’essayais de comprendre le sens à cette expérience onirique. J’étais sidéré d’avoir rêvé être une autre personne, à priori une fille. Je me rappelle d’avoir essayé de raconter ce rêve à ma mère ; mais… c’était tellement absurde et à mille lieues de mon existence que je n’arrivais pas vraiment bien à lui exprimer quoi que ce soit de tangible. Puis… non ! Je n’allais quand même pas raconter que mon inconscient m’avait projeté en petite fille ; surtout pas à mes amis… et encore moins à mon père.
Ainsi, les années ont passé au point que j’ai quasiment oublié ce rêve. Jusqu’à un jour, ou en apprenant à l’école l’existence des tests nucléaires de l’armée américaine dans les Îles Marshall, ce rêve m’est revenu à l’esprit. C’était comme si je venais de trouver une grosse pièce à mettre dans le casse-tête cadrant ce rêve. Les soldats blancs, l’avion des années 50, l’Océan pacifique… l’exil de la population des Îles Marshall aux États-Unis ! D’un coup, je venais de trouver un contexte à ce rêve antérieur.
En conclusion, je ne sais toujours pas comment expliquer les raisons qui ont amené mon inconscient d’enfant à me projeter un rêve aussi loin de mon existence. Sincèrement, bien que je ne crois pas aux vies antérieures, de fois je me dis d’avoir capté un genre d’onde à travers « les remous de l’espace-temps ». Cependant, mon esprit scientifique m’interdit de considérer cette option fantastique. Rationnellement, il ne me reste qu’à penser avoir été inspiré par un film quelconque durant mon enfance. Mais quand même… avouez que c’est bizarre comme rêve ?
Bref, encore aujourd’hui, il m’arrive de penser « aux gens de ma famille que je ne dois pas oublier » lorsque j’arrose des fleurs en pot… à commencer par les tournesols qui me ramènent inexorablement ce rêve à l’esprit. Comme quoi, on a beau ne pas logiquement croire aux vies antérieures, il demeure qu’un rêve absurde imaginé il y a plus de 35 ans m’habite encore… à travers le temps et l’espace.
Il n’est jamais trop tard pour changer la programmation imprimée dans l’enfance, transportée dans nos gènes ou dérivé de la vie antérieure; La solution est la pleine conscience dans le moment présent
– Peter Shepherd