Verdir le Plateau
Ayant finalement terminé la mise en place de mon argumentaire pour promouvoir un terrain de soccer en surface synthétique dans le parc Laurier, je démarre cette semaine une excursion que j’avais en tête depuis longtemps. Ainsi, muni de mon appareil photographique et une carte des ruelles vertes du Plateau, j’enfourcherai un Bixi en direction des ruelles de mon district. Car, si je peux nommer la quasi-intégralité des rues de mon quartier dans le bon ordre, je me suis aperçu que je méconnaissais complètement les ruelles du Plateau-Mont-Royal. Alors, simplement pour découvrir ce réseau parallèle dissimulé entre nos rues, l’excursion en vaut le cout d’œil; d’autant plus qu’il n’y a pas beaucoup d’autres villes qui disposent d’un deuxième réseau routier aussi vaste à travers leurs quartiers résidentiels. Mais au-delà la simple visite des ruelles vertes, mon initiative rallie cependant plusieurs objectifs.
En effet, durant la dernière campagne électorale, je m’exprimais allègrement sur le fait que nous devions consacrer plus de ruelles aux enfants en les fermant à la circulation automobile.
Par ailleurs, il faudra aussi comprendre qu’en devenant subséquemment des voies piétonnes, ces ruelles peuvent donc être végétalisées… et littéralement devenir des oasis de fraîcheur en ville. Bref, les ruelles vertes conjuguent les objectifs d’augmenter la sécurité de nos enfants, de réduire les bruits urbains, d’apaiser les comportements malins, d’accroitre la beauté de notre ville, de réduire les ilots de chaleurs, de filtrer notre air, et surtout, d’augmenter l’espace accordé à la nature en ville en maintenant une certaine biodiversité.
Cependant, chaque ruelle verte implique beaucoup d’implication de certains citoyens pour les démarrer… puis après, pour les entretenir. Car, malheureusement, faute d’un entretien minimum, plusieurs de ces ruelles finissent à l’abandon… voire en dépotoir. De la sorte, mes collègues et moi essayons d’élaborer une politique où l’arrondissement deviendra proactif quant à la fermeture de ruelle de notre quartier à la circulation automobile. En ce sens, nous recentrerons certainement le mandat à notre écoquartier dans cette direction.
Mais avant d’être rendu à cette étape, selon le concept des ruelles en «Z» et en « T », nous pouvons déjà repérer des tronçons à fermer en vue d’un éventuel débétonnage. Comme l’arrondissement de Rosemont qui a commencé cette année, nous pouvons bloquer des tronçons de ruelle avec des pots de fleurs, voire avec des rochers (afin de s’éviter des frais supplémentaire en arrosage). Vous aurez donc compris que je pars aussi en mission pour repérer des entrées de ruelles à fermer.
Dans une perspective d’intérêt plus spécifique, ma démarche comportera aussi un aspect scientifique. M’étant effectivement équipé du guide de Roger Latour sur la flore urbaine, je me servirai ainsi de l’excursion pour m’introduire à la botanique.
Mais cet intérêt personnel n’est pas pour autant sans importance pour nos projets de débétonnage/verdissement. Car, si nous voulons générer un maximum de ruelles vertes avec un minimum d’entretien, il m’apparait nécessaire de nous inspirer des ruelles «fonctionnant» naturellement par elle-même. En ce sens, puisque la combinaison végétale de chaque ruelle doit certainement influer sur certains succès, je veux trouver et comprendre des formules végétales à reproduire. Car, selon l’exposition au soleil, le taux d’humidité, la composition du terreau, la résistance au piétinement et au sel, il y a des plantes qui s’épanouissent à des endroits précis dans nos ruelles. Subséquemment, je souhaite faire l’inventaire des essences vivaces que nous retrouvons dans les ruelles du Plateau.
Pour ne pas me perdre dans l’archivage des données, je donnerai un numéro à chaque ruelle que je visiterai. Puis à chaque ruelle, je noterai des informations sous cinq rubriques distinctes.
1. Son échelle dans le guide des ruelles vertes
2. sa possibilité de la transformer en « T » en « Z », ou carrément en ruelle verte
3. son statut juridique (cadastre)
4. sa composition biologique
5. inventaire des murs aveugles
Les fruits de mon travail seront disponibles ici, sur le blogue du comité aviseur sur le verdissement. D’ailleurs, si vous voulez nous aider à verdir notre quartier, je vous invite à vous inscrire sur ce blogue pour nous pointer des sites propices à subir une transformation verte.
Qu’est-ce que le métier de paysagiste? Participer à l’inscription des équipements collectifs dans le paysage, en essayant de le blesser le moins possible, de réintroduire du végétal, de relancer une sorte de dialogue entre le bâti et le planté
– Erik Orsenna- extrait de la revue Le Monde de l’éducation