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Posté par le 27 mars 2011 dans Entomologie, Politique municipale

Mes commentaires sur le plan d’action régional de lutte contre les punaises de lit

plan d’action régional de lutte contre les punaises de lit

Le plan d’action régional de lutte contre les punaises des lits, qui nous fut présenté jeudi dernier durant une conférence de presse, est une formidable initiative pour essayer de gérer l’épidémie en cours (que je ne croyais pas possible avec l’administration anémique du maire Tremblay). Dans les grandes lignes, tout est là. D’abord par les éléments clefs présentés au Conseil de Ville par ma formation politique (registre, déclaration obligatoire, engagement des exterminateurs à fournir un rapport à la Ville). De plus, les autorités politiques ont finalement compris la situation, ses conséquences socio-économiques croissantes, puis l’urgence d’y mettre en place les solutions préconisées par les experts.

Toutefois, comment peut-on mettre en place un programme efficace de contrôle des punaises sans qu’aucun budget n’y soit alloué? Car, en répondant à une question posée par un journaliste, le responsable de l’habitation Michael Applebaum a clairement dit qu’il n’y avait aucun fonds supplémentaire dédié au plan d’action. En d’autres termes, bien qu’on nous ait présenté un excellent plan de match, j’appréhende le fait que l’objectif principal de la conférence fût surtout d’interpeller les gouvernements supérieurs à y injecter les millions nécessaires à sa mise en marche (bref, un truc pour aller chercher de l’argent tout en démontrant aux médias que la Ville de Montréal agit contre les punaises).:???:

Ainsi, en considérant que l’on manque déjà d’inspecteurs pour la salubrité et que ces derniers sont complètement débordés, je ne vois vraiment pas comment ils pourront faire davantage si on n’ajoute pas des fonds supplémentaires? Dans le même ordre d’idées, il faudra réaliser qu’une campagne d’information grand public et en continu pourra donc être absente du plan d’action… pourtant ici, c’est l’un des aspects fondamentaux à sa réussite.

La ville de New-York assume ouvertement le problème

En effet, il est bien beau de voter un règlement obligeant les locataires à déclarer la présence des punaises de lit, encore faudra t-il faire connaitre aux citoyens l’existence du nouveau règlement et leur expliquer la procédure à suivre pour accéder au registre par le 3-1-1. Si cet aspect est négligé, l’administration Tremblay risque un jour de nous annoncer la fermeture du plan d’action… faute de cas de punaises déclarés au 3-1-1 (pour l’instant, il y a plus de cas recensés dans les immeubles de l’OMH que de cas déclarés au 3-1-1). Ensuite, afin de nous assurer une participation maximum de la population au registre, il est impératif d’expliquer publiquement que, selon la loi actuelle sur la salubrité, c’est le propriétaire qui a la charge d’engager des exterminateurs dans les plus brefs délais. Encore aujourd’hui, ce fait est un secret de polichinelle qui entrave la collaboration des locataires. Actuellement, trop de locataires « élèvent des punaises » parce qu’ils ont peur d’être évincés par leur propriétaire. D’ailleurs, une nouvelle tendance des locataires à Montréal est d’engager directement des exterminateurs (à rabais), voire de tenter eux-mêmes un traitement avec n’importe quel pesticide leur passant sous la main (ce qui vous conviendrez, est littéralement dangereux pour la santé publique). Puis, afin de nous assurer une coopération de la population, il faudra démystifier, voire banaliser, la problématique des punaises de lit (par exemple, en communiquant l’idée qu’Attraper des punaises c’est comme attraper un rhume). D’autre part, il faudra aussi considérer que les changements d’habitudes nécessaires à la lutte aux punaises (collectes de meubles, achat de vêtements usagés, lavage à l’eau chaude dans les lavoirs, etc.) passeront elles aussi par la campagne de communication.

bedbugs love New-York

rions un peu

Agir rapidement, la meilleure solution

Cependant, il faudra tout de même concevoir les limites de l’éventuelle campagne de communication. Effectivement, les citoyens les plus souvent infestés par les punaises sont généralement issus des groupes les plus difficiles à contacter (clochards, immigrants allophones, personnes analphabètes, personnes en perte d’autonomie, personnes souffrant de problème de santé mentale ou vivant en état d’extrême pauvreté). Or, la reproduction des punaises de lit étant exponentielle, ces dernières prolifèrent drastiquement dans les endroits ou elles sont ignorées, voire carrément tolérées. (C’est à dire, justement dans ces zones d’ombres de notre réseau de communication sociale). Subséquemment, plus nous attendons de réagir à la présence des punaises, plus elles se multiplient rapidement dans l’environnement infesté, plus il est difficile d’éliminer définitivement le parasite du bâtiment atteint.

 C’est tellement vrai que l’une de mes sources dans l’appareil administratif m’a confié que nous (la Ville de Montréal) aurions des bâtiments tellement atteints de punaises que la solution envisagée pour éliminer l’infestation est d’en «stripé» l’intérieur avant le traitement d’extermination. (D’ailleurs, comment dire que c’est ce genre de cas qui aura fait admettre la situation critique aux autorités municipales).

Mais «heureusement», puisque les punaises pullulent et finissent par déborder de la zone infestée, elles en arrivent toujours à être aperçues par quelqu’un pouvant identifier la nature de l’insecte… et ainsi alerter le propriétaire des lieux ou les autorités municipales. Alors, admettons que la présence de punaises n’est pas simplement un problème (privé) de logement, mais bien un problème (collectif) de bâtiment (car elles peuvent traverser les murs séparant les appartements). En plus, si nous réalisons le fait que les personnes qui habitent dans les bâtiments infestés sont des vecteurs de transmission du parasite à travers la ville, nous comprenons que la déclaration des présences de punaises de lit est une responsabilité collective pour lutter contre une vraie calamité socio-économique. En définitive, tout me ramène à la nécessité de communiquer à la population l’importance de révéler rapidement les cas de punaises.

Alors, si j’applaudis la pertinente initiative du plan d’action régional de lutte contre les punaises de lit, je réalise aussi que tout est encore à faire… et cela sans aucun nouveau moyen financier. Mais bon, laissons la chance aux coureurs.

Gérald Tremblay déguisé en punaise de lit

« Les politiciens et les bandits sont inexterminables comme les punaises de lit. Il y en aura toujours qui survivront dans les fissures et les crevasses des lois »
– Robert Frost

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Helene
Helene
12 années il y a

C’est vraiment pas très sérieux ce plan. Cartographier, ce n’est pas une lutte. C’est comme si tous les cardiologues cartographiaient tous ceux qui ont des problèmes de coeur sans les soigner!

C’est le gouvernement du Québec qui doit injecter de l’argent (en Ontario, ils ont injecté 5 millions). Le gouvernement du Québec doit établir des protocoles clairs nets et précis et chacune des municipalités doit agir en conséquence, de la même manière. Les municipalités DOIVENT eux-mêmes gérer et payer pour traiter tous les logements infectés, c’est la seule façon d’enrayer.

Allons-nous attendre d’être rendus comme à New-York? (fermeture de magasins de vêtements, édifice de l’ONU infecté)

J’ai travaillé dans un organisme communautaire où les usagers provenaient de HLM à Rivière-des-Prairies et j’ai quitté quand j’ai entendu leurs demandes d’aide face à ce problème. Car après une tonne de punaises viennent les souris, ensuite les rats. Ça fait vraiment peur et il serait grand temps que les élus portent leurs culottes. On paie 2 fois plus de taxes qu’il y a 8 ans et ils ont jamais d’argent pour les bonnes choses. Mais, on démolit de bons édifices pour en rénover des moins bons, on dépense sans compter (fibre optique, ordinateurs neufs même si pas vieux) On déneige à moitié etc.

Je suis un proprio « pauvre », sans mon immeuble, je serais incapable de me payer un logement. Mes taxes ont doublé et il faudrait que je loue mes logements à des gens peut-être « infestés » et qu’ensuite, je paie encore et subisse ces petits vampires sans compter payer pour les locataires qui doivent s’absenter même si ce sont eux qui les apportent???

Je ne connais aucun propriétaire qui s’amuse à mettre des boîtes de punaises dans leurs logements!

Déménager quand on a des punaises est irresponsable… jamais nous ne réussirons à enrayer ce problème si ça continue à déménager autant!

Le seul moyen est que les municipalités en prennent la responsabilité totale! Je suis de Montréal-Nord et j’en ai vraiment marre du conseil qui ne fait que dépenser inutilement et laisse traîner les urgences. On a même déjà payé un salaire durant 2 ans à un conseiller alzheimer pour ne pas être obligé de faire des élections…

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