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Posté par le 29 août 2012 dans Indépendance du Québec, Parti Québécois, Souvenirs

Résumé de mon parcours de militant au Parti Québécois (entre 2001 et 2005)

Parti Québécois

Le PQ ne m’aura jamais fait de cadeau; et parallèlement moi non plus. Pourtant, contrairement à plusieurs politiciens de carrière, j’ai toujours maintenu le focus sur son article #1 (…)

Je vous avais déjà raconté dans mon blogue l’histoire de l’investiture du Parti Québécois dans Mercier en 1998 et ma rencontre subjacente avec la candidate Josée Legault. Voici donc un genre de suite sommairement relatée. Le but aujourd’hui est de vous expliquer les circonstances m’ayant brièvement amené à accéder au cercle de François Legault afin de mieux vous faire comprendre ma méfiance envers les politiciens de carrière œuvrant au Parti Québécois. Avec du recul, mon objectif est aussi de vous illustrer l’atmosphère électrique dans la culture interne du Parti Québécois. Du moins, celle qui prévalait du temps où j’y évoluais.

Nous voilà donc en 2001 durant l’investiture du Parti Québécois du comté de Mercier. Je m’étais alors officiellement présenté candidat afin de rétablir l’honneur d’Yves Michaud, mais particulièrement surtout, pour émettre un message dissident aux membres du Parti. N’ayant absolument rien à perde et tout à exprimer, je tenu ce qui est encore aujourd’hui le discours de ma vie. Tout habillé de noir vêtu (j’étais en deuil de mon Parti), je quittai la salle à la fin de l’exercice sans me rallier… en direction d’une coalition des forces de gauche. Eh oui, au-delà de l’expression de mon propre discours, je dois maintenant avouer que j’étais en mission commandée.


Il y a plus de 11 ans déjà, je me présentais à l’investiture du PQ Mercier afin d’y expliquer devant des centaines de militants pourquoi il fallait réformer le parti. Des ministres me fusillaient du regard; mais j’ai tenus le coup par mon audace et mon discours franc… Pierre Falardeau s’exclama même qu’il allait voter pour moi!

Ayant préalablement rencontré Paul Cliche dans le salon de mon père, ce dernier m’avait alors convaincu que l’élection partielle était une opportunité de punir le gouvernement péquiste de ses politiques d’austérité… et cela, sans avoir le fardeau moral pour les électeurs souverainistes de le défaire. Il faut dire qu’à quelques jours du sommet des Amériques, l’idée de faire rayonner nos idées antilibérales dans le cadre d’une élection nationale dédiée au Plateau était une occasion extraordinaire. Bien sûr, Paul Cliche avait son rêve, soit d’unir les forces de gauche au Québec sous une seule bannière politique. Pour ma part, mon agenda était plutôt de réformer le Parti Québécois. Mais bon, j’y reviendrai plus tard.

Paul Cliche

En tant qu’ancien directeur de campagne au PQ, mon père (Pierre Boileau) présente la candidature de Paul Cliche aux journalistes

C’est ainsi qu’en tant que candidat indépendant, Paul Cliche réussit le tour de force de regrouper le RAP ( Rassemblement pour l’alternative politique) , le PDS (Parti de la démocratie socialiste), le Parti Vert, le Parti Communiste… et quelques dissidents péquistes comme mon père et moi. En définitive, Paul Cliche obtiendra la troisième position avec 24 % d’appui, une division du vote souverainiste permettant ainsi à la libérale Nathalie Rochefort de se faufiler vers la victoire.

Carl Boileau

Suite à cette élection, je rejoins la jeunesse du RAP et je me sens plus révolutionnaire que jamais durant les épisodes entourant le Sommet des Amériques de Québec

De retour sur terre après le Sommet des Amériques de Québec, je rejoins Paul Cliche dans l’organisation du RAP dans le seul objectif de réunir la gauche en un seul Parti. Ouf, c’est du sport, j’ai beau venir de l’aile gauche du PQ, c’est pour moi un choc culturel. En effet, à l’intérieur de «la vraie gauche», il y a tellement de chapelles distinctes qu’il faut sans cesse avoir à passer des tests de pureté; ce qui devient vite intolérable pour un libre-penseur de mon espèce. Peu importe, je me concentre sur l’objectif et botte le cul des sectaires afin qu’ils se fusionnent en un seul Parti. C’est long et laborieux, je perds patience, mais le processus va dans le bon sens. Il faut dire que je souhaite voir apparaître un nouveau Parti à la gauche du PQ dans l’espoir de recentrer ce dernier par concurrence électorale. Mais voilà qu’en septembre, le PQ me recontacte afin de m’inviter à les aider de refonder l’exécutif local de Mercier, une instance complètement anéantie depuis l’élection de Nathalie Rochefort. Intéressant…

Je négocie ainsi avec la présidente du Parti, Marie Malavoy, le poste de représentant jeune (ce qui permet aussi de siéger aussi dans les instances jeunesse) et le mandat d’organiser un forum sur la souveraineté en échange de mon retour. Dans la foulée de l’exercice de recomposition de l’exécutif, je retrouve l’un de mes rivaux à l’investiture, Pierre Tadros, puis rencontre Francois Rebello flanqué de son acolyte Frédéric Lapointe. Je ne suis pas naïf, depuis le début, Pierre Tadros ne cache pas son intention de prendre sa revanche et de gagner la prochaine investiture. De son côté, il est manifeste que Francois Rebello vient tâter ce comté virtuellement disponible. Je pressens de lui un habile opportuniste, et ferai donc tout en mon pouvoir pour le bloquer.


Avec du recul, voici comment je peux exprimer rapidement le choc entre nos énergies réciproques

En effet, il est pour moi inacceptable que mon quartier puisse être représenté par un carriériste venant de l’extérieur. Quant à moi maintenant, histoire de reprendre où nous avions perdu à l’investiture de 1998, je me suis mis dans la tête que Josée Legault doit prendre sa revanche. Je m’autoproclame donc à son service et deviens ainsi ses yeux sur l’exécutif. À travers ces trois pôles d’influence que nous formons Pierre, François et moi, nous maintenons une relation d’équilibre (formule triangulaire du 2 contre 1) pouvant contenir «l’équipe» fonctionnelle jusqu’à l’investiture.

Daniel Turp exprime au comité exécutif de Mercier les raisons pourquoi il veut être notre candidat. Son premier avantage c’est qu’il n’est pas lié à aucun clan locaux. Puis sa spécialité nationale en tant que constitutionnaliste. En effet, contrairement aux années 70, il n’y a plus tant que cela d’intellectuels au PQ.

Durant ce temps-là, Paul Cliche gagne sa lutte dans la jungle de la gauche et arrive à la création de L’Union des forces progressistes (UFP) en juin 2002. De mon côté, je rencontre Jacques Parizeau à son bureau et le convaincra d’ouvrir mon forum sur la souveraineté. Fort de la participation de l’ancien premier ministre aux «forums des souverainistes de Mercier» annoncé dans les journaux, j’impose ainsi l’événement à mon exécutif (qui malgré l’entente initiale pour mon retour au PQ, avait été bloqué dans la logique qu’il allait donner une visibilité politique à ma candidate virtuelle). Autour de ce forum, j’y réunis plusieurs intervenants, dont Amir Khadir (qui paradoxalement pour la petite histoire, se fait encore désirer pour rejoindre l’UFP). Mais c’est ma rencontre avec Pierre Dubuc qui sera plus déterminante quant à la suite de mon cheminement dans le PQ. En effet, ce dernier défend le concept qu’il faut créer un «club politique» de gauche au PQ. Les clubs politiques tels que définis par Pierre Dubuc s’inspirent de la formule des courants politiques dans le Parti Socialiste français. L’idée est de permettre aux syndicalistes de revenir au PQ en étant membre du club, mais pas du Parti (le club étant membre du Parti voyez-vous). J’y comprends de facto le potentiel stratégique de l’idée, et commence à mijoter une formule pour coaliser les souverainistes en créant sur mesure plusieurs clubs distincts. Malheureusement pour moi, ma candidate Josée Legault ne sera pas à l’événement, puisqu’entre-temps elle a été engagée comme conseillère politique de Bernard Landry. En effet, plutôt que d’être mise en valeur comme je l’avais prévue dans le forum, elle sera plutôt envoyée à l’étranger au sommet de la francophonie.

Carl Boileau

À ce moment, je suis extrêmement nerveux d’être à côté de l’homme nous ayant amené le plus proche de notre indépendance. Vous pouvez cliquer sur ma photo pour lire le discours que j’ai alors tenu durant l’événement

Encore aujourd’hui, je persiste à penser que c’est le président du CNJ d’alors, Pascal Bérubé, qui a élaboré cette situation. En effet, ce dernier habitait à ce moment dans le Plateau et entretenait des contacts sympathiques avec moi afin de me surveiller. Il faut dire que le candidat souhaité du national dans Mercier était Daniel Turp et que Pascal était de mèche avec lui. En contrepartie, je dois avouer que l’opération charme de Daniel Turp auprès des militants avait réussi. Et puisque ce dernier aura été intellectuellement présent durant tous les moments du forum en écoutant mes panélistes, je déciderai de l’appuyer à l’investiture. Je le considérerais à ce moment assez progressiste pour pouvoir le convaincre de promouvoir une réforme du PQ par l’intermédiaire des clubs politiques. Disons que c’est ce que j’ai essayé de moralement négocier avec lui.

Daniel Turp croise Amir Khadir durant leur premier affrontement électoral. Amir est peut-être considéré à ce moment comme un candidat marginal, mais il a l’oeil du tigre… car il voit la politique à long terme.

Daniel Turp finira par gagner l’investiture contre Pierre Tadros, puis un premier duel électoral contre Amir Khadir (alors à l’UFP) en devenant député. Le PQ est cependant battu au Québec, et tombe dans l’opposition officielle. Pour ma part, je me fais éjecter de l’exécutif parce que j’ai finalement voté dans Ste-Marie/St-Jacques pour Gaétan Breton de l’UFP plutôt qu’André Boulerice. Disons ici qu’André Boulerice s’était mêlé des affaires de mon comté en déposant une motion de blâme à l’encontre de notre candidat pressenti, Yves Michaud.

l’interface du site Web du comité souverainiste de l’UQAM. À l’image d’une époque

Été 2004. Je redémarre le comité souverainiste de l’UQAM avec Sasha Gauthier. Je serai particulièrement le maître d’œuvre d’un plan de communication avant-gardiste. Création d’un site Web avec animation flash, création d’un nouveau logo, détournement des d’affiches officielles de l’UQAM à notre propre compte… et surtout, création d’une série d’autocollants du OUI pour le 10e anniversaire du référendum.

Craignant qu’elles servent à financer notre comité, le PQ nous refusâmes de nous céder les fichiers sources des pancartes du référendum en 1995. Si bien que je dû les refaire complètement (en scannant des collants originaux). Or toutes les images que vous trouverez dorénavant sur l’Internet prennent source de mon ordinateur… et non du PQ 😉

Quand, en 2005, j’ai proposé au directeur des communications du PQ l’idée d’utiliser la symbolique du OUI pour nos prochaines pancartes électorales, celui-ci avait été (face à moi) indifférent à mon concept. Pourtant… le résultat de cet entretien est peux-être ci-dessous.

Pancartes électorales officielles du PQ en 2007

Parallèlement à ma démarche à l’UQAM, je décide de revenir en force sur le comité péquiste de Mercier. Mon objectif est de signer assez de nouvelles cartes de membre afin d’intégrer Pierre Dubuc dans l’exécutif, puis d’accompagner ce dernier jusqu’au congrès afin d’incorporer dans les statuts la création des clubs politiques. Toutefois, ce congrès passera plutôt à l’histoire pour le vote de confiance crucial que devait passer le chef Bernard Landry.

Étant accompagné d’une vingtaine de nouveaux membres durant l’Assemblée générale, j’ai juste eu assez d’appuis pour déranger «la slate» du candidat à la présidence, François Rebello. Nous accordons finalement nos flûtes, Pierre Dubuc et moi intégreront donc l’exécutif… mais en échange, je dois être contre le vote de confiance à Bernard Landry… j’accepte.

Comité exécutif du PQ Mercier 2005. En route vers le congrès

Durant ce mandat en 2004-2005, je resterai très calme et relativement passif en me contentant d’appuyer Pierre Dubuc dans ses démarches. À vrai dire, ayant fondé le conseil local (ALA) d’un nouveau parti municipal (Projet Montréal), j’ai tranquillement commencé à transférer mes énergies politiques vers ce niveau. En cours de route, je finis même par apprécier le leadership de François, d’autant plus que nous nous entendons réciproquement par un langage pragmatique. Notre relation allant pour le mieux, François Rebello finit alors par m’inviter à rencontrer son mentor Francois Legault.

À une certaine époque, cet homme était mon président d’association. Il avait du leadership, de l’énergie, un esprit d’équipe inspirant et de l’entre-gens. Mais surtout, ne se gênait pas pour dire ouvertement le fond de sa pensée. Maintenait qu’il est avec la CAQ. Il est tapi dans l’ombre, idéologiquement fade et tenu au secret. Il n’y a plus rien à voir avec le politicien que j’ai connu.

La réunion ayant des airs de clandestinité se déroule dans la salle intime au fond du commerce Cigare Club Etc sur la rue St-Denis. L’endroit est un huis clos parfait; en effet, il est configuré de manière à faire un cercle avec une banquette unique longeant le mur en rond. Nous serons ainsi une vingtaine de jeunes délégués péquistes à pouvoir entourer Francois Legault dans un cercle seulement coupé par la porte de sortie. Il ne le dira jamais officiellement, mais c’est clairement une opération de réseautage afin de remplacer Bernard Landry à la direction du PQ. J’écoute tout ce que dit M. Legault avec une grande attention. Si je ne suis pas impressionné par ses objectifs, il n’y a toutefois rien qui m’irrite en lui… si ce n’est la démarche en soi. Mais je retiens de son discours qu’il met l’emphase sur l’urgence de faire la souveraineté, qu’une relève de jeunes en politique est nécessaire et qu’il compte faire des référendums sectoriels pour gagner des pouvoirs fédéraux à la pièce. Puis, il vente l’idée qu’un chef pragmatique venant du milieu des affaires pourrait être l’atout essentiel pour sécuriser les marchés financiers quant à la souveraineté. Bof… je ne suis pas personnellement emballé, mais François Legault me semble potable.


Voici le genre de propos souverainistes qu’entretenait alors François Legault pour justifier un putch potentiel contre Landry. N’oubliez pas ici que Legault à été amené au PQ par Lucien Bouchard…

Finalement, c’est un détail, une blague anodine, qui déterminera à jamais ma relation avec François Legault. En effet, puisque je devais jouer à un match éliminatoire d’inter-crosse après la réunion, j’étais préalablement allé à cette rencontre en trimbalant mon équipement sportif… et j’étais donc flanqué de mon bâton de crosse. Étant alors compacté dans le fond de la salle, la configuration de l’endroit faisait en sorte que M. Legault bloquait la seule porte de sortie à son côté. Étant pressé par le temps, j’ai dû donc être le premier de l’assistance à interrompre le discours de M. Legault pour aller à mon match. Alors, pour détendre l’atmosphère, j’ai lancé une farce que je faisais méthodiquement depuis des années. J’expose ainsi à M. Legault le fait que j’ai une autre équipe à faire gagner, et en prenant mon bâton, je lui demande alors comment on dénomme un joueur de crosse. Sa réponse est de fait la classique : «heuuu, un crosseur ?!?». Et moi de répondre : «Non, un politicien!»… C’est le silence complet durant trois longues secondes; M. Legault essaye alors de décoder si je venais de lui lancer publiquement un sous-entendu quelconque. Ouf, je ferme les yeux en me mordant la langue et quitte promptement l’endroit à me disant que je suis vraiment un «twitt». Mais bon, avec du recul, la blague faisait finalement office de prémonition.

Finalement, François Legault est un joueur de crosse

Peu importe si mon chien était mort auprès de François Legault, nous arrivons ainsi au fameux congrès national. Pour ma part, je serai le délégué de mon exécutif (Mercier) dans l’atelier environnement avec Daniel Bouchard. Nous porterons alors une proposition fleuve, qui s’avère carrément à devenir LA charte du développement durable pour le Parti. La proposition est adoptée devant un Bernard Landry radieux, tous les délégués se lèvent pour ovationner ce moment. Puis je recevrai une pluie d’éloges… mais je me sens comme un imposteur. Effectivement, l’ensemble du travail émanait de ma collègue, Josée Duplessis, que je remplaçais alors, puisque cette dernière était enceinte. Mais comment dire, ce crédit gagné en avant-midi me permit de mieux promouvoir ma proposition principal. Si bien qu’à force de négociation, le PQ-Mercier fera finalement adopter en plénière les clubs politiques dans les structures du Parti. Victoire, nous pouvons virtuellement créer des clubs politiques et remettre en marche le mouvement souverainiste par une vaste coalition interne.

En cliquant sur l’image, vous pourrez lire le texte qui expliquait alors mon projet de réforme… une stratégie en soit pour redémarrer le mouvement souverainiste

Un peu plus tard, notre président d’exécutif, Francois Rebello, atteint son objectif en étant élu sur l’exécutif national… mais en parallèle Bernard Landry perdra son vote de confiance et démissionnera en tant que chef.

Ayant gelé trois minutes entières devant mon bulletin, ce sera finalement le vote le plus difficile de ma vie. Mais si j’ai toujours pensé que Landry était un patriote de bonne foi, je ne pense pas qu’il était en mesure de nous amener au pays. Sa contre-performance en débat face à Charest et ma volonté d’avoir une course à la direction pour nous remettre sur la bonne voie ayant ici orienté mon vote.

Le PQ sera ainsi plongé dans une première course à la direction depuis l’éphémère consécration de Pierre-Marc Johnson en 1985. Fabulant depuis des années sur ce scénario, je quitte le congrès en ayant en tête le moyen de trouver le bon cheval pour prendre en charge mon projet de réforme. Je suis en effet convaincu qu’en créant sur mesure plusieurs clubs politiques, le Parti pourrait devenir une grande coalition, de gauche à droite.

Dans cette course à la direction du PQ en 2005, je finirai par appuyer Richard Legendre: un gars honnête qui n’était en politique que pour la réalisation de notre souveraineté. Il finira 3e tous juste Pauline Marois.

C’est dans ce contexte que j’instigue une série de conférences à l’UQAM avec TOUS les neuf candidats à la direction via le comité souverainiste de l’UQAM (l’organisation de pareille entreprise s’avérera un travail colossal qui trouvera son accomplissement qu’avec l’énergie de tous les membres du comité). Je me servirai de cette occasion pour rencontrer la majorité des candidats afin de parler de mon projet de réforme via les clubs politiques, de rapprochement stratégique avec QS, de négocier nos choix de deuxième tour, puis de parler du programme de Projet Montréal. Mon diner en tête à tête avec Madame Marois me décevra énormément. Même si elle se dit alors ouverte à laisser le champ libre à Amir Khadir dans Mercier, à Françoise David dans Gouin et à Manon Massé dans Ste-Marie (en échange du retrait de tous les autres candidats de QS) je réaliserai très tôt qu’elle s’inscrit dans une logique de gouvernance provinciale. Ma seule idée qu’elle retiendra c’est que Joseph Facal me paraissait intéressé à faire un club politique pour son école de pensée auto-dénommée lucide. Puis un peu plus tard à l’un des débats, elle émettra l’une de mes expressions pour vendre mon projet de réforme, à savoir qu’ «il ne faut pas avoir à choisir entre la gauche et la droite (pour faire une coalition), il faut choisir les deux». Mais sans le projet de réforme associé, cette phrase ne veut rien dire.

Au delà des conférences en elles-mêmes, le concept de mes affiches étaient diaboliquement efficace

Finalement, avec l’aide d’une couverture exceptionnelle de La Presse et d’un scrutin téléphonique élaboré par Quebecor, André Boisclair sera élu au premier tour avec plus de 50% des voix !!! Et puisqu’il m’avait dit en personne qu’il abolirait les clubs politiques s’il gagnait, je déchire derechef ma carte du PQ à l’annonce de son élection. En effet, tout le pourquoi de mes efforts dans ce Parti vient ainsi de partir en fumée. Que d’énergie à militer stérilement pour en arriver à ce résultat.

Bye bye PQ

Du côté de l’exécutif du PQ-Mercier, on me demande pour une deuxième fois de démissionner. Bien qu’il soit vrai que j’ai agressivement bataillé contre l’élection d’André Boisclair, il faut dire que l’attaché politique du député Daniel Turp, Éric Normandeau, sera aussi prêté gratuitement comme directeur de campagne à l’UCIM (le parti de Gérald Tremblay, ce grand ami des souverainistes) durant la prochaine élection municipale. En échange de cet apport logistique du PQ Mercier et de son réseau, le directeur de cabinet de la mairesse Fotopoulos, Richard Côté, laisse au PQ le choix de trouver trois candidats. Seront ainsi choisis Michel Labrecque (dans le district Mile-End) flanqué dans le district de Delorimier par Christine Mitton et Josée Duplessis. En tant que coordonnateur de Projet Montréal dans le Plateau, je suis évidemment heurté par cette entente électoraliste contre mon organisation municipale. Mais bon, je me jure de leur donner une bonne leçon démocratique durant l’élection. Je quitte ainsi définitivement le PQ pour ne plus jamais y revenir.

Ma transition au niveau municipal

Face à mon propre destin durant l’élection municipale de 2005, je réussis à me faufiler entre les deux candidates des gros partis et gagne le pari de me faire élire dans le district de De Lorimier avec 0 dollar dans les poches. Je serai ainsi le seul élu de Projet Montréal et donc le premier dans l’histoire du Parti. Mais en tant que colistier, je donne de facto mon siège à mon chef, Richard Bergeron, non sans être rempli d’un immense sentiment d’accomplissement. En effet, j’ai littéralement donné une leçon de militantisme à tous les carriéristes du quartier. Et d’ailleurs, je vis encore mon histoire politique au niveau municipal car j’agis toujours aujourd’hui comme conseiller municipal. Mais ça, c’est une autre histoire.

Mon parcours politique au municipal est tout un autre histoire. Pour mieux connaitre la genèse de Projet Montréal, je vous invite à regarder le film, La fin du néandertal de Bruno Dubuc.

Ma relation aujourd’hui avec le PQ

Pour en arriver à notre contexte actuel, il est vrai qu’Amir Khadir insistait depuis des années pour m’embarquer dans l’UFP, puis dans QS. Bien sûr, je suis un indépendantiste de gauche, mais tant que je croyais possible en une réforme au PQ, je pensais avoir plus d’utilité dans ce Parti. Mais au moment où que j’ai réalisé que le PQ était prisonnier dans la logique électoraliste de ses professionnels et que les forces progressistes se regroupaient ailleurs, j’ai coupé définitivement mon cordon ombilical avec le PQ… et je m’en porte que mieux aujourd’hui. Formellement, c’est en constatant les résultats de l’élection provinciale de 2007 que j’ai réalisé qu’Amir pouvait, et devait, devenir le premier député de Québec solidaire. Ainsi, je me suis concrètement mis à son service durant l’élection de 2008. Et comment dire, depuis ce moment, je n’ai jamais été aussi bien représenté à l’Assemblé nationale.

Amir Khadir

Dans cet article, j’explique mon incroyable joie au moment de la première élection d’Amir Khadir

Aujourd’hui, il y a bien longtemps que j’ai arrêté de croire en une coalition interne au PQ, voire en sa réelle volonté de provoquer la mise en marche vers l’indépendance. Mais grâce à la prochaine performance électorale des nouveaux partis souverainistes, si nous arrivons à faire élire des nouveaux députés de part et d’autre (particulièrement pour Françoise David de QS et Jean-Martin Aussant de ON), nous pourrons peut-être négocier une coalition externe QS-ON-PQ… en route vers le pays.

En primeur, voici l’image que j’ai faites de mon prochain article. De quoi peut-être vous faire réfléchir 😉

En guise de conclusion

À priori, mon cheminement politique est difficile à comprendre, surtout pour ceux pensant que les partis sont des chapelles détenant la vérité. Dans les faits, partout où je suis passé, j’ai toujours combattu le sectarisme et les directives des apparatchiks afin de chercher des formules pour rassembler et s’ouvrir à l’extérieur. C’est une idée fixe chez moi, j’ai toujours travaillé pour une coalition virtuelle menant à l’indépendance politique de mon peuple. Et comment dire, même les radicaux que je fréquentais me trouvais «naïf» tant mon obsession à vouloir tout rassembler leur tapait sur les nerfs.

De gauche à droite: François Rebello, Amir KhadirJean Herman GuayMarie Malavoy, Maka Koto, Josée LegaultPierre Falardeau,Hélène Pedneault. Après une bonne chicane de famille durant une soirée du Conseil de la souveraineté, je m’étais «garoché» à rapailler tous les exposants pour cette photo. Hommage aux fantômes patriotes ici, cette image demeure aussi l’expression de mon énergie fondamentale en politique.

Bien sûr, puisque j’obéis à cette obsession du pays à faire plutôt qu’à la logique électorale d’un seul Parti, j’ai toujours été politiquement difficile à gérer. Mais en définitive, ma plus grande frustration lors de mon passage péquiste est de ne jamais avoir eu d’écoute intelligente pour évaluer la portée de mes idées; tout ce que j’ai réussi à gagner au PQ, ce fut toujours par mon utilisation du bête rapport de force politique et la résilience de ma volonté. Mais en mon âme et conscience, c’est en définitive le statut constitutionnel du Québec qui déterminera si au bout du compte je suis un perdant ou un gagnant.

Carl Boileau à 14 ans

Bien que mon père m’a imposé une discipline spartiate quant au militantisme, c’est bien en distribuant le courrier des membres du PQ dans les années 80 que mon esprit politique s’est forgé. D’ailleurs pour certains de mes concitoyens, je suis encore un peu le messager de Gérald Godin… voire la mémoire politique du quartier.

Mais puisqu’il est question d’un pacte spirituel avec mon père, qu’il a lui-même porté à notre ancien député Gérald Godin, depuis ma jeunesse, j’ai toujours le feu sacré en moi du pays à faire. Bref, qu’importe la place que j’occupe dans la société, qu’importe mon statut, je suis et demeure fondamentalement un militant indépendantiste. Pour la suite des choses toutefois, à moins d’être un carriériste trippant sur la politique et les jeux de pouvoir, il ne me paraît pas sain de faire une vie complète dans ce domaine; un milieu plus qu’éprouvant au plan humain. Ainsi, je vous jure qu’au moment de notre indépendance… je prendrai alors une retraite bien méritée du monde politique. Et à ce moment-là, je pourrai boire à votre santé pour le restant de mes jours. Ma mission politique sera accomplie; je serai alors libéré, en paix avec mes fantômes… et finalement serein face à notre avenir national.


Pour revenir à l’origine des choses, quelques minutes à la fin de mon fameux discours en 2001, je rencontrais Amir pour la première fois. Il avait tout compris du sens de mon message. Évidemment, je ne savais pas encore qu’il était l’homme qui allait devenir notre député et incarner mon idéal politique… voire devenir un incontournable acteur du pays à faire. Merci Amir d’avoir compris mon message, de m’avoir supporté (malgré les doutes inhérents à ma condition de libre-penseur)… et surtout, de toujours porter à la puissance 10 le courage de nos idées. Tout mon parcours au PQ aurait perdu son sens sans ta présence à l’Assemblé nationale. On garde le cap… cher ami. Nous sommes avec toi; de coeur et d’esprit.

Mais d’ici là, il faut pardonner mon manque de discipline si je rus dans les brancards et donne encore des coups pour faire avancer notre galère… d’autant plus que je vois maintenant le pays à l’horizon. Allez groupe, un dernier effort… tous ensemble nous y arriverons!

Nous sommes arrivés à ce qui commence
– cette appropriation à la première personne du pluriel de ce vers de Gaston Miron «Je suis arrivé à ce qui commence», a servi de conclusion à l’événement Nous?

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Carl Boileau
11 années il y a

Merci Pierre-Luc d’avoir pris le temps de lire mon témoignage.

Je viens de lire ici l’histoire de François Rebello ici raconté par Christian Gagnon… On en apprend des bonnes…

http://www.action-nationale.qc.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=1283&Itemid=1

Pierre-Luc Desmeules
Pierre-Luc Desmeules
11 années il y a

Wow ! Très intéressant ! Ça nous permet de bien comprendre ton parcours et tes réflexions.

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