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Posté par le 27 août 2012 dans Politique nationale

L’élection de tous les dangers

élection du Québec en 2012

De gauche à droite: Jean Charest (PLQ), Pauline Marois (PQ), François Legault (CAQ), Françoise David (QS) et Jean-Martin Aussant (ON)

La dramatique élection présente au Québec est selon ma perspective la plus intéressante auxquelles j’ai assisté dans ma vie. Non seulement personne ne peut vraiment prédire le résultat, mais surtout, la palette des Partis offerts anime la vitalité des débats (du moins, dans les réseaux sociaux). Effectivement, l’arrivée à maturité de Québec solidaire, la mutation de l’ADQ en la CAQ et le surgissement rafraichissant d’Option nationale amènent finalement notre conversation démocratique à un niveau supérieur. Si bien qu’en tant que «chalengeur» principal au pouvoir, le PQ est réellement talonné dans son argumentaire; tranquillement, mais sûrement, nous sortons psychologiquement du bipartisme stérile et de l’alternance automatique.

Je n’ai jamais raté aucun débat des chefs depuis mon adolescence… et le dernier à la SRC était de loin le meilleur dans la forme et l’énergie. Je pense que c’est probablement grâce à la présence des deux femmes et de quatre partis. Il faut en finir avec le bipartisme, c’est une question de santé démocratique.

Mais nous avons beau compter plus de citoyens pour débattre intelligemment de politique au Québec, encore faudrait-il avoir les moyens d’appliquer notre volonté démocratique.

Une bonne initiative ici pour comparer rapidement les programmes des partis politiques au Québec (Cliquez sur l’image pour agrandir). On devrait envoyer un tel document dans chaque boite postale du Québec plutôt que des pamphlets électoraux. Ah, si seulement nos votes pouvaient réellement compter dans une dynamique proportionnelle. Finalement, il faut réaliser que dans notre contexte provincialiste, tout cet exercice est un peu factice… désolé.

En ce sens, ma priorité politique sur la scène nationale est toujours la même et c’est évidemment l’indépendance du Québec. Or, comment dire, j’ai cette impression que notre destin se joue chaotiquement durant cette élection dramatique; cette élection où personne ne semble en contrôle, pas même les libéraux.

Alors, je vais essayer de faire ce qu’aucun chroniqueur politique professionnel ne semble avoir fait durant cette élection, c’est-à-dire regarder à moyen terme en dégageant quelques scénarios électoraux possibles…évidemment, analysés dans l’intérêt de mon angle indépendantiste.

«Encore une fois, Pauline Marois a infligé une profonde déception à ses troupes en changeant son fusil d’épaule.. Des indépendantistes sincères sont restés au PQ en croyant qu’avec le référendum d’initiative populaire ils pourraient relancer le débat. Ils croyaient qu’en rassemblant les signatures de 15% des électeurs, ils pourraient mettre le projet de pays à l’agenda. Poudre aux yeux, illusions. Encore une fois ils ont été piégés par leur crédulité. Cette mobilisation populaire qui devait être exécutoire est devenue consultative par la volonté de la chef qui a fait fi de ses membres et de son congrès. C’est le gouvernement qui décidera comme avant du moment opportun d’agir pour l’indépendance. C’est pitoyable. Comment peut-on encore faire confiance à des gens qui renient leur parole dès que nos adversaires les critiquent ? Pour accéder au pouvoir, ils sont prêts à tous les renoncements. Ils ne sont pas fiables et n’ont pas la détermination et le courage qu’il faut pour bâtir un pays.» -Denis Monière

Pronostic et Projection

Bien sûr, la perspective que le gouvernement Charest soit réélu à de quoi faire frémir la société civile, surtout en combinaison avec les quatre prochaines années que nous devons subir avec le gouvernement Harper à Ottawa. En ce sens, le soubresaut démocratique que nous vivons présentement, cette accalmie électorale, ne pourrait devenir qu’un vague souvenir. Car, dans cet éventuel contexte, la lutte se transposera assurément dans la rue. Ce sera alors littéralement une épreuve de résistance entre le peuple et les forces de l’ordre pour notre avenir en tant que société et nation.

Le plus triste pour notre débat démocratique, c’est que le seul spectre d’un quatrième mandat pour Jean Charest a de quoi faire voter les citoyens comme des automates. En effet, trêve de débat dirons les péquistes, il faut se débarrasser de Jean Charest en premier lieu, et comme dit si bien Francois Legault, après on verra.

Un scénario plus envisageable maintenant, le PQ gagne, mais minoritaire. Ici, à moins de l’extraordinaire scénario que QS ait la balance du pouvoir, il faudra concevoir l’idée que dans cette position, la CAQ aura le beau jeu. En effet, elle pourra former le gouvernement avec le Parti de son choix, ou nous replongera en élection. S’il semble inconcevable l’existence d’un gouvernement PQ-CAQ, le contraire me parait cependant logique d’autant plus que François Legault a déjà annoncé de lui-même cette possibilité en juin dernier.

Pour ma part, depuis la fondation de la CAQ, j’ai toujours pensé que ce Parti né sur les bases de l’ADQ n’était en fait que le «backup» de la politique néolibérale du PLQ.

En contrepartie, que ce soit par la formation d’un gouvernement CAQ-PLQ ou par celle d’un PQ minoritaire précipité en élection, ce scénario s’avérerait hautement instable pour le gouvernement pris dans cette situation… ce qui est loin d’être mauvais pour la réorganisation des forces souverainistes.

Effectivement, malgré l’accalmie estivale, le Printemps Érable est encore vif dans nos esprits. Non seulement la grève étudiante aura servi d’électrochoc en politisant d’un coup une génération entière, mais l’adoption de loi 78 aura carrément généré une crise sociale. Subséquemment, via les manifestations monstres à chaque 22 du mois additionnées à celles des casseroles dans les rues, le peuple est dorénavant plus mobilisé que jamais. Ici, comment dire qu’un certain chef péquiste pourrait parler des fameuses «conditions gagnantes» que nous attendions inconsciemment. Conséquemment, il faut saisir l’occasion historique pouvant propulser le mouvement de libération nationale.


Bref, en 2012 c’est la révolution au Québec

Du côté des partis politiques, l’inexorable croissance de Québec solidaire et Option nationale revitalisent l’implication des citoyens et génèrent des nouveaux espaces pour le militantisme. Or, si nous retombons en élection après une bonne performance électorale des ces deux partis, considérant que leurs machines électorales respectives seront encore mieux rodées, nous pouvons déduire qu’un scénario intéressant pourrait apparaître pour les forces progressistes.

http://www.tooclosetocall.ca/

La division du vote PQ-QS-ON fait passer 11 députés LIBÉRAUX sur 34.
Pensez-y. La stratégie fait partie de la politique.
Si le PQ «gagne» l’élection en étant minoritaire, puis que nous retombions donc rapidement en élection, le PQ devrait savoir avec qui négocier pour faire gagner un gouvernement majoritairement souverainiste. Nous perdons présentement un temps fou parce que le PQ ne semble pas comprendre le rapport de force politique des nouveaux partis souverainistes. L’éventuel échec sera alors causé par de la faillite du front uni.

Alors, un PQ minoritaire devra logiquement se trouver aussi un nouveau chef. En ce sens, laissez-moi vous dire que je souhaite ardemment l’élection de Jean-Francois Lisée à ce poste, ô combien déterminant sur notre avenir national.

En effet, ce journaliste de formation étant devenu l’un des principaux stratèges souverainistes, cet intellectuel aguerri ayant su utiliser le virage Web comme blogueur hyperactif, semble avoir l’âge parfait, le parcours adéquat et surtout, l’ouverture nécessaire pour coaliser les forces vives du Québec. Je suis ainsi convaincu que la convergence des partis de l’opposition (PQ-QS-ON) en liaison avec la remise en marche de la société civile pourrait nous donner le momentum tant attendu pour nous rendre au pays.

Considérant donc que notre plus grand atout présentement est le contexte d’ébullition sociale qui prévaut, je crains qu’un éventuel gouvernement péquiste majoritaire éteigne les braises de la révolution politique tant espérée. En effet, la première action du PQ sera logiquement d’apaiser les tensions en indexant les frais d’études universitaires. Si c’est ce qu’il y a de plus socialement responsable à faire, j’en conviens, le mouvement de contestation risque cependant de s’essouffler… voire de s’éteindre.

Le printemps québécois

Dans mon article «Le Printemps érable contre la désintégration sociale du Québec», j’explique la relation entre la crise sociale actuelle et la relance du mouvement indépendantiste

Puis, étant donné que la gouvernance souverainiste implique de ne pas avoir d’agenda précis quant au processus de souveraineté, il est fort à parier que le PQ majoritaire de Pauline Marois se contentera de gouverner la province durant son mandat. Et puisque le PQ Marois considère les souverainistes non-péquistes comme des adversaires électoraux à combattre (belle dynamique aliénante), elle ne réformera pas non plus le mode de scrutin afin de maintenir son monopole sur la souveraineté, ce moteur pour faire le plein de votes souverainistes. Pendant qu’elle combattra les progressistes et autres «caribous» trop pressés d’avoir un pays, les forces fédéralistes aidées de leurs médias se seront reconstituées dans l’opposition. Bref, le PQ Marois au pouvoir, si ce n’est pas la corruption libérale, cela demeure pour moi le statu quo.

Pour terminer, j’en profiterai pour introduire dans votre esprit l’idée que la montée actuelle de la CAQ se fait présentement auprès du vote libéral. Alors, à cause de notre mode de scrutin archaïque, nous risquons de voir apparaitre des péquistes à des endroits inusités, conséquence de la dynamique en triangulaire… voire dans les luttes à quatre.

En conclusion, cette élection est vraiment une boite à surprises. Vivement un peu de chaos pour nous sortir du Canada de Stephen Harper.

Ça l’air qu’un vote pour le PQ c’est un vote pour la CAQ, qu’un vote pour la CAQ c’est un vote pour le PLQ et qu’un vote pour le PLQ est un vote perdu… OUf !
En tous cas moi je vote pour QS parce qu’un vote pour Amir, ben c’est un vote pour Khadir

C’était notre devoir de s’unir. Nous avons manqué à ce devoir, fuis cette responsabilité, réfugié dans nos corporatismes politiques respectifs, pris le rendez-vous historique que nous avions devant nous à la légère. Aujourd’hui, si nos adversaires utilisent cette désunion pour tenter de se hisser ou se maintenir au pouvoir, ce ne sera par notre seule faute!»
-Jocelyn Desjardins

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