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Posté par le 4 avril 2024 dans Humour, Souvenirs

Le Mythe du vieux frigo chez mon père

Découvrez l'histoire humoristique et mystérieuse d'un frigo légendaire sur le Plateau Mont-Royal en 1990, inspirant des recettes uniques et audacieuses.

En 1990, mon père et moi résidions humblement face au Parc Laurier, dans un coin du Plateau Mont-Royal encore à l’écart du tumulte des cafés et boutiques branchés. Dans un recoin de notre cuisine se cachait un vieux réfrigérateur, un legs de ma grand-mère, qui semblait avoir un talent certain pour l’élevage de micro-organismes, au détriment de la conservation des aliments.

Avec le temps, ce frigo s’est mué en une véritable exposition d’art, où chaque création culinaire reflétait l’esprit inventif de mon père. Il baptisait ses plats de noms fantaisistes : la gibelotte du matelot et le ragoût du travailleur se côtoyaient aux abords de la ratatouille du légionnaire, dans un joyeux désordre.

Mais la star de la collection était incontestablement le Touski de fin de mois, un melting-pot des restes oubliés, quelquefois même agrémentés d’une pincée de poudre de cacao Nesquick pour en adoucir les saveurs les plus… évocatrices. Au beau milieu de ce festival de la nourriture, le légendaire milkshake aux sardines peuplait mes pensées, cette recette épique qui aurait marqué mes premières explorations gustatives lorsque j’étais encore un poupon à Percé.

milkshake aux sardines

Croyez-vous à l’existence du légendaire milkshake aux sardines ?!?

Le mythe du frigo a atteint son apogée quand j’ai mis au défi Gaston, mon insouciant camarade, de s’aventurer dans cet antre des arômes perdus. Courageux mais impréparé, il n’a pas résisté à l’attaque surprise des effluves singulières et des spores en quête de liberté. Pris de panique, il a promptement couru vers les toilettes pour y rendre son dernier repas avec vigueur.

La touche finale de cette mésaventure a été apportée par la créature que Gaston jurait avoir rencontrée : une entité monstrueuse digne d’un récit de Lovecraft, fruit d’une union improbable entre bactéries et champignons, tapie dans l’obscurité de notre frigo. Gaston affirmait que cette chose poussait des cris stridents de « TahKouiiiii !!! » en étendant des tentacules gluants pour attraper les intrépides un peu trop curieux.

Le monstre du frigo !

Cette anecdote, notamment rapportée par un ancien colocataire de mon père, Michel Brulé, (dans son livre «Fonds de semaine»), a pris des airs de légende urbaine dans les couloirs de mon école secondaire à Outremont; teintant nos souvenirs d’un doux mélange de mystère et d’humour… tout en alimentant un certain préjugé bourgeois à l’égard du Plateau de l’époque.

Une légende est née !

Avec les années, j’ai non seulement hérité de cette tradition culinaire avant-gardiste, mais je l’ai aussi raffinée. Ainsi est née ma version améliorée du spaghetti aux cœurs de poulet à la moutarde, une spécialité qui, je l’admets, garde une petite part de l’audace carnivore paternelle. Le traumatisme, bien que persistant, semble avoir nourri ma propre créativité culinaire. Qui sait, la cuisine est peut-être réellement un art de pouvoir transformer les souvenirs en saveurs ?

spaghetti aux cœurs de poulet

Image illustrant mon fameux spaghetti aux cœurs de poulet

La cuisine est un langage où l’on exprime l’harmonie des contraires
– Paul Bocuse

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