Pages Menu
Menu catégories

Posté par le 2 novembre 2006 dans Cinéma, Politique internationale, Politique municipale, Stage Paris-2006

Paris à tout prix… ou l’étude d’un laboratoire humain

Paris à tout prix

Dans la première semaine de mon stage chez les Verts à Paris, j’étais très friand d’informations sur les thématiques abordant le sujet de mon nouvel emplacement. Je fis donc une recherche auprès de mes nouveaux collègues sur les livres traitant de la politique municipale depuis l’élection des socialistes à Paris. Toutefois, à la quasi-unanimité, ce fut plutôt un documentaire que l’on m’a conseillé d’examiner : Paris à tout prix.

Or, trouver une copie du film fut une aventure en soi digne du titre en question. En effet, le film étant trop marginal pour le trouver via eMule sur Internet, ne pouvant m’abonner à des centres vidéos, car sans preuve d’adresse, l’option envisageable pour visionner Paris à tout prix était de mettre la main sur l’unique copie DVD du réseau des bibliothèques de Paris. Ainsi, dans tout Paris, seule la bibliothèque Parmentier dans l’extrême est du 11e arrondissement dispose d’une copie en prêt. Cependant, il est impossible de réserver un DVD dans les bibliothèques de Paris ; ce qui est fâcheux puisque les prêts peuvent atteindre sans impunité une durée de trois semaines. Donc, pour sortir ce DVD spécifique, je devais premièrement m’assurer de sa présence par Internet, puis, une fois qu’il était de retour en rayon, courser jusqu’à destination en espérant être le premier à prendre la copie. En effet, m’étant fait prendre de vitesse une première fois en septembre, je me déplaçai donc en trombe lors de mon deuxième essai en octobre. Mais encore là, je ne fus pas au bout de mes peines, car j’appris que je devais m’inscrire au deuxième niveau de location pour pouvoir sortir des DVD… un abonnement coûtant une soixantaine d’euros par année. En guise de réponse, j’ai répondu énigmatiquement au bibliothécaire « Paris à tout prix », puis j’ai rempli derechef le formulaire d’inscription. Je recevrai donc une quelconque facture par la poste l’année prochaine.


Prologue du film

Peu importe le prix, ce film s’est avéré ce que j’ai trouvé de mieux comme document à propos de l’élection en 2001 pour la mairie de Paris. Ainsi, tels des scientifiques observant une quelconque espèce animale dans son environnement naturel, les réalisateurs Yves Jeuland et Pascale Sauvage nous révèlent dans ce documentaire la vraie nature de la bête politique. En effet, suivant à la trace les divers candidats durant les deux années précédentes l’élection, la caméra nous emmène découvrir les coulisses de la grande pièce du théâtre électorale que deviennent les dîners, les salons feutrés, les conversations téléphoniques et les conférences de presse. Puis, dans le confort de l’intimité, au rythme des déclarations croustillantes des protagonistes, les politiciens deviennent rapidement dans ce film les acteurs d’une comédie humaine. Toutefois, c’est bien ici une pièce interactive qui est jouée (un peu comme les fameux livres dont vous êtes le héros), en effet, la moindre action d’un acteur peut marquer un acte avec un coup de théâtre. Or, si au moment du tournage aucun acteur ne connaît la fin du film, tous prétendent cependant détenir un rôle principal avant la tombée du rideau.


Acte II, Les jeux du cirque

En tout cas, si ce documentaire peut en premier lieu choquer les puristes de ma sorte, avec du détachement, il peut s’avérer aussi passionnant à suivre qu’un match sportif de haut niveau. En effet, la dynamique pourrait évoquer celle d’un palpitant tournoi où tous les coups sont permis ; un tournoi aussi qui concrétisera en Bertrand Delanoë la victoire-surprise d’un grand joueur. D’ailleurs, avec un second regard, il est clair que même les réalisateurs du film ne prêtaient guère de chance à ce dernier de gagner la mairie, tellement la préférence de suivre les pathétiques péripéties de la droite est équivoque.

Et pathétique, ici, est un mot faible pour décrire les forces de droite dépeinte dans ce documentaire. En effet, l’ancien maire de 1995 à 2001, Jean Tibéri, s’y révèle comme un populiste, sans idées et dénué de charisme, buté à demeurer en place malgré l’expulsion de son Parti. Mais pire encore, la palme du ridicule revient sans aucun doute à sa chanson thème de campagne : Vas-y Titi.

Paris, c’est la passion de Tibéri, vas-y Titi, tiens bon, bon, bon, T’es bon Titi… Titi à Paris, Paris c’est ta passion

Brrr ! À frissonner de honte. Que dire aussi de cette petite fille pleurant d’ennui dans une file d’attente à l’Hôtel de Ville pour toucher le maire (comme dans le temps des rois). En effet, la fillette, ayant attiré l’attention des caméras par ses sanglots, se verra charrier sans ménagement par Xavière Tibéri (l’énergumène femme du «monarque») dans les bras de son mari pour l’exaucions «spirituelle» du câlin tant convoité… ah, je suis subjugué par l’émotion ici!

Quelque part, après avoir vu ce film, il devient comprenable que Jaques Chirac et le RPR ait voulu se débarrasser de l’insignifiant Jean Tibéri.

Ah oui, j’oubliais, le moment le plus fort du documentaire réside dans l’événement déclencheur, quant Françoise de Panafieu, alors en conférence de Presse, annonce sa candidature pour la présidence du RPR. Effectivement, celle-ci étant alors directement assise aux côtés de son chef, le maire Jean Tibéri, le non verbal de cette scène ici se révélera d’une éloquence indescriptible.


Françoise de Panafieu présentais la basculement historique de Paris vers la gauche

En définitive, ce film nous fait, plus que jamais, constater l’arène politique comme un immense cirque. À croire que pour performer dans cet univers, il faut considérer la pratique politique comme un jeu social, dynamique complètement naturelle pour les forces de droites déconnectés de la réalité du peuple. La question que je me pose alors : l’organisation de notre avenir n’est-il si point important pour accepter une telle frivolité de la part de nos représentants politiques? Vivement, je préconise ici une révolution des mœurs… un changement ne pouvant survenir que par des forces rejetant le système actuel.

La destinée du monde se joue à l’intérieur des salons feutrés des Princes.
Nicolas Machiavel

Paris à tout prix


Paris à tout prix

De Yves Jeuland & Pascale Sauvage.
Réalisé par Yves Jeuland.

avec, dans leur propres rôles : Edouard Balladur, Bernard Bled, Lyne Cohen-Solal, Bertrand Delanoë, Jacques Dominati, Tony Dreyfus, Jean-Paul Huchon, Jack Lang, Françoise de Panafieu, Jean-François Probst, Philippe Séguin, Xavière et Jean Tiberi, Jacques Toubon…

Sept d’Or de la meilleure série documentaire
Lauriers du Sénat
Prix du magazine Broadcast

La guerre de succession pour la Mairie de Paris a commencé dès 1995. Jacques Chirac désignait Jean Tiberi et l’asseyait dans son fauteuil. Le dépositaire de l’héritage s’est battu pour démontrer qu’il n’avait pas usurpé le titre de maire de Paris. Il n’a jamais convaincu,ni ses rivaux, ni ses alliés, ni même ses amis. Tous ont préparé l’élection de mars 2001. Chacun a mené sa propre guerre, souvent bien éloignée des nobles enjeux d’une bataille politique historique. Pendant deux ans, une caméra les a suivis. Son œil est partout : dans les bureaux, dans les voitures, les dîners, les salons feutrés, les conférences de presse, les réunions tardives, les estrades à discours, sur les terrasses de café et les marchés… Le tournage a pris fin le soir de l’élection du nouveau maire de Paris. Et le rideau est tombé sur ce vaudeville mâtiné de tragédie grecque. Pour une unique représentation, en quatre actes.

5 562 visionnements
0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
trackback
10 années il y a

[…] Delanoë, Jean Tiberi et les autres protagonistes de l’élection municipale de 2001 à Paris (Paris à tout prix, 2001, et Le siècle des socialistes, 2005). En 2002, dans Bleu, blanc, rose, il filme trente ans […]

trackback
10 années il y a

[…] Delanoë, Jean Tiberi et les autres protagonistes de l’élection municipale de 2001 à Paris (Paris à tout prix, 2001, et Le siècle des socialistes, 2005). En 2002, dans Bleu, blanc, rose, il filme trente ans […]

0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x