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Posté par le 19 mars 2009 dans [article d'un tiers], [audio], [inter-blogue], Médias, Web 2.0

Je l’ai vu à la radio: compte rendu de mon expérience

Franco Nuovo

Le temps passe vite… il m’apparait donc essentiel de revenir sur ma dernière expérience à l’émission «Je l’ai vu à la radio». Étant alors invité en tant que blogueur pour discuter sur le concept de journalisme citoyen, cette participation est définitivement une consécration de mon travail ici. Cependant, s’il me fait toujours plaisirs de parler de ce que je fais et pense, je dois avouer que je n’étais peut-être pas le bon blogueur pour aborder spécifiquement le thème en question. En effet, il faut dire que le blogueur initial approché pour l’émission était Louis Préfontaine (l’Électron Libre). Or, si il y en a un au Québec qui fait présentement du journalisme citoyen sur une base régulière, c’est bel et bien lui. Mais bon, si le concept de mon blogue est différend (très polyvalent et pas vraiment régulier), je demeurais en mesure de donner un point de vue original.

C’est ainsi que je me pointe au Tap Room et prends place à la table de Franco Nuovo en compagnie du président d’Influence communication Jean-François Dumas et le journaliste Marc Laurendeau. Bien sûr, étant le « pt’it nouveau » dans l’esprit de tous, j’étais quelque peu intimidé ; d’autant plus que je respecte beaucoup l’intelligence de l’animateur. Mais bon, malgré mon inexpérience à la radio, j’ai heureusement quelques notions (par mes études antérieures en sciences de la parole). Mon plan de départ est clair, je prendrai un ton « radiocanadien », je ne couperai personne et demeurerai modeste.

[SOCIÉTÉ]
Table ronde: le journalisme citoyen

Le journalisme citoyen, qui permet à quiconque de commenter l’actualité sur le web, connaît un essor marqué. Conspué par certains, le mouvement serait, pour d’autres, le symbole de l’indépendance d’esprit. Une table ronde avec Marc Laurendeau, Carl Boileau et Jean-François Dumas tente de relancer le débat sur le sujet.

« Je ne vais pas consulter les blogues de journalistes-citoyens. Mais je consulte les blogues de journalistes professionnels, soutient Marc Laurendeau. Le plus gros reproche que je peux faire à l’endroit de cette forme de journalisme, c’est de ne pas avoir l’encadrement d’une salle de rédaction. Il n’y a pas de garantie éthique ni de vérification des faits. »

Pourtant, le journalisme citoyen a permis de lever sur quelques scandales et de déterrer des informations vitales.

« Le journalisme citoyen, c’est un peu comme un énorme perron d’église. Chacun y va de son opinion sur le sujet de l’heure », avance Jean-François Dumas, d’Influence communication.

Le journalisme citoyen: table-ronde avec Marc Laurendeau, Carl Boileau et Jean-François Dumas (00:21:34)

D’entrée, en référant à l’Électron Libre, je constate que Franco Nuovo démarre l’entretien avec la perception que je suis ce dernier. De facto, je mets les choses au point et dévoile ma position: non, je ne me considère pas comme un journaliste; les blogues forment un média complémentaire au journalisme. Nuovo parait surpris… mais il est habitué aux imprévus et s’ajuste rapidement.  Au début, je suis relativement nerveux; il y a tellement à dire que tout s’entrechoque dans ma tête. Puis, mon esprit s’ouvre comme un torrent, j’ai de la misère à faire le focus sur mon message (mais cela semble le propre de la table ronde en radio). Alors, j’ai cette image que mes pensées forment un nuage de mots clefs (comme celui dans la barre de mon blogue, ici à gauche), je cherche mes concepts… je m’en veux de ne pas avoir amener des notes. Heureusement, l’animateur gèrera comme un pro le trafic, et je n’aurai pas à forcer pour prendre la parole.

En passant, je connaissais d’entrée les impressions de Franco Nuovo sur  les blogues, ici, en tant que journaliste au journal de Montréal: 1er article et 2è article

En définitive, pour une première fois à la radio, je ne m’en tirerai pas trop mal. Dans la forme, je n’aurai que des commentaires positifs… dans le fond toutefois, je garde l’impression d’être passé à côté du sujet. Mais heureusement, j’ai un blogue pour compenser ce que j’aurais dû dire.:wink:

Le journalisme citoyen et les blogues

Alors, voilà, les blogues forment carrément un nouveau média; et si l’emballement à leur égard ralentit,  ils ne sont pas à la veille de disparaitre pour autant. Pouvant être anonymes, ils se caractérisent surtout par leur flexibilité et la grande liberté d’expression offerte à son auteur. Les blogues sont aussi très hétéroclites et mêlent souvent les genres; la seule limite à leur formulation étant l’imagination de leur auteur.:cool:

À quelques exceptions près, les blogueurs sont fondamentalement des amateurs… leur motivation n’est donc pas économique (de là l’intérêt je pense). Ainsi, les blogueurs ont rarement une formation pour la rédaction ou la communication. D’un autre côté, les blogueurs ont la qualité de leurs défauts. N’ayant pas de patron, pas de date de tombée, pas de droit d’auteur à prendre en compte, pas de limite dans la forme, pas de langue de bois imposée, pas de censure… les blogueurs n’ont pas de restriction.:razz:

Évidemment, c’est cette dynamique qui inquiète l’ordre établi, car elle change radicalement les règles du jeu médiatique. En effet, les blogues n’étant pas vraiment encadrés par aucune loi, aucune institution ne contrôle ce que les blogues diffusent. Subséquemment, tout peut être dit, et cela, de n’importe qu’elle façon… la blogosphère est le « Far-Web » de la société ! :mrgreen:

Si bien qu’évidemment, les blogueurs peuvent quelquefois s’orienter vers le journalisme-citoyen. Mais le ton des blogueurs est souvent fort bien différend de celui des journalistes. En effet, n’étant pas obligés d’être objectifs ou respectueux, les blogueurs peuvent utiliser le vocabulaire qui leur convient. Mais à la grande différence des journalistes, le blogueur n’est pas imputable. En ce sens, les blogueurs ne seront jamais des journalistes… mais le contraire peut s’appliquer cependant.:oops:

Pour ma part, à l’heure de la convergence médiatique où l’information (et les journalistes) «appartient» inexorablement à des intérêts corporatifs, la chaotique touche de liberté apportée par les blogues est socialement bénéfique. Or, s’il fut au temps où les journalistes agissaient comme un contre-pouvoir, force est peut-être d’admettre qu’en cette nouvelle ère de l’information, cette dynamique se rapproche maintenant vers les blogues.:roll:

En conclusion, si les blogueurs peuvent quelques fois faire du journalisme-citoyen, ils ne remplaceront jamais pour autant les professionnels du métier. Mais, à priori, si les journalistes et les  blogueurs œuvrent dans des médias distincts, les vrais journalistes se sentent inexorablement attirés vers l’utilisation des blogues. Car, en effet, si le journalisme est dorénavant en crise, par les blogues toutefois, les journalistes retrouveront certainement leur mission d’origine… vous savez là, le fameux « journalisme citoyen ».

Maintenant, à vos blogues journalistes!

Regard sur le journalisme en mutation

de Paul Cauchon
Le Devoir Édition du mercredi 18 mars 2009

Le film Derrière la Toile, de Jacques Godbout et Florian Sauvageau, se penche sur des bouleversements qui se produisent sous nos yeux

Tout en se qualifiant eux-mêmes de «dinosaures», l’écrivain-cinéaste Jacques Godbout et le journaliste-professeur Florian Sauvageau ont voulu prendre la mesure des transformations du monde journalistique dans leur film Derrière la Toile, présenté hier à l’UQAM.

Trente ans après avoir pris la mesure de l’impact de la télévision dans nos vies, Jacques Godbout et Florian Sauvageau tentent de comprendre les nouvelles transformations du journalisme.

Il y a 30 ans, Jacques Godbout et Florian Sauvageau avaient réalisé un film, Derrière l’image, produit par l’ONF, qui analysait les changements dans le monde du journalisme.

L’oeuvre montrait particulièrement l’omniprésence de la télévision. On pouvait y voir Paul-André Comeau, de Radio-Canada, jonglant avec la distance et les fuseaux horaires pour envoyer à Montréal, par avion, la cassette d’un reportage tourné en Europe. À l’ère de la diffusion instantanée sur Internet, de telles images semblent aujourd’hui presque aussi anciennes que les films muets en noir et blanc!

Hier soir, le tandem Godbout-Sauvageau présentait en avant-première à l’École des médias de l’UQAM un nouveau film, Derrière la Toile, produit par Pixcom.

Derrière l’image se voulait une analyse critique de l’information il y a 30 ans. Derrière la Toile est plutôt un survol des bouleversements qui se produisent sous nos yeux, avec le déplacement de l’auditoire vers Internet, la baisse d’intérêt chez les jeunes envers le journal écrit, la «surinformation» provoquée par les nouvelles plateformes de diffusion, la façon dont les grandes entreprises tentent désespérément de s’adapter, le rôle des blogueurs, et ainsi de suite.

Si leur film ne semble pas porter de jugement, c’est tout simplement parce qu’«il est encore trop tôt pour porter un jugement» sur ce qui se passe, déclarait Jacques Godbout après la projection.

Se disant foncièrement optimiste, Florian Sauvageau ajoute que, «si le journalisme s’est adapté à la télévision, il peut s’adapter à Internet».

En 1978, tous les sondages indiquaient que le journaliste québécois le plus crédible auprès du public était Bernard Derome. Dans le nouveau film de Godbout et Sauvageau, l’ancien chef d’antenne de Radio-Canada témoigne: le Téléjournal, c’était alors la Bible, la grand-messe. Le bulletin de nouvelles télévisé indiquait clairement quelle information il fallait connaître. Aujourd’hui, dit-il, «tout est devenu information».

Godbout et Sauvageau ne sont pourtant pas nostalgiques d’un âge d’or du journalisme. Le consultant Jeff Mignon soutient même dans leur film que l’âge d’or, c’est aujourd’hui, puisque «nous n’avons jamais eu autant d’outils pour faire le travail journalistique et pour le diffuser», dit-il.

Ces nouveaux outils commandent toutefois de nouvelles façons de faire. Le site Internet Cyberpresse veut maintenant carrément concurrencer les chaînes d’information continue. La rédactrice en chef de L’Actualité, Carole Beaulieu, explique que, si les jeunes désirent obtenir de l’information sur leurs cellulaires, il faut la leur livrer sur leurs cellulaires. Le publiciste Jean-Jacques Stréliski croit que Le Devoir pourrait réussir son passage au journal Web en faisant valoir qu’il est «une des rares marques d’information indépendantes sur la planète».

Le patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, résume bien les changements actuels: la fabrication traditionnelle de l’information est remise en question «par la gratuité et par l’instantanéité», dit-il.

«Pour que la presse soit indépendante, il faut qu’elle soit rentable», ajoute-t-il. C’est encore la presse écrite qui a les plus grosses ressources pour produire de l’information, remarque-t-il, et c’est souvent la presse écrite qui alimente les autres médias. Mais il se demande maintenant comment maintenir une structure d’information aussi coûteuse (l’entrevue avait été réalisée avant le déclenchement du conflit au Journal de Montréal).

Le journalisme cherche de nouveaux revenus pour se déployer, mais il doit aussi partager plus largement son rôle avec le public, qui se répand sur les blogues et les sites de journalisme citoyen. «Quand j’étais étudiant, dit le consultant Jeff Mignon, je pensais qu’un article était la fin de la discussion. Aujourd’hui, je pense que c’est le début de la discussion.»

En effet, alors que le journaliste «décidait de l’agenda» tout en étant dans sa tour d’ivoire, dit-il, il doit maintenant partager son territoire et son savoir avec le public.

Ce film stimulant sera présenté la semaine prochaine à l’Université Laval. Radio-Canada ou RDI prévoient le mettre en ondes dans les prochains mois. On espère qu’ils le feront le plus vite possible: le sujet est intéressant… et le film risque de se retrouver sur YouTube avant que la télévision publique ait le temps de dire ouf!

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6 Commentaires

  1. @Carl: je n’ai aucun problème à bloguer sous mon vrai nom… Si j’ai toujours utilisé ce pseudonyme, c’est que ça ne m’apparaissait pas important de m’identifier. Fais-moi part de ton projet, ça m’intéresse… évidemment!

    En passant, je ne suis pas capable d’écouter l’entrevue avec Franco Nuovo car mon environnement Ubuntu/Firefox ne semble pas être en mesure de supporter les outils du site de Radio-Canada… Est-ce que cette entrevue est disponible ailleurs?

    lutopium| lire ici le dernier article de son blogue: Y’a pas que l’économie qui est malade

  2. Wow… je n’ai jamais eu de si beaux commentaires; d’autant plus que je vous ai tous en haute estime.

    @Franco
    En premier lieu, je tiens à te dire que c’est un honneur pour moi d’avoir fait ta connaissance. J’ai toujours apprécié l’honnêteté intellectuelle de tes articles et tu es vraiment pro en tant qu’animateur de radio. J’espère sincèrement que ton émission ne subira pas les frais des coupures à la SRC. 🙁

    Cela dit, merci pour ta mise au point et tes encouragements. Mais, maintenant… de savoir que tu peux nous lire… je sens comme une pression à demeurer pertinent.

    @Louis
    Nous ne naissons pas tous avec les mêmes talents, mais « l’art » oratoire peut très bien se développer. À cet effet, il ne m’est pas naturel de prendre la parole devant un auditoire; mais dans les sphères politiques, c’est un mal nécessaire. Alors, j’ai préalablement étudié en « Sciences de la parole » au Conservatoire Lassalle. Les cours comme: discours préparé, discours impromptu, lecture expressive et communication radiophonique auront certainement contribué à ma confiance.

    Mais encore là, tout revient à l’essentiel, c’est-à-dire l’objectif initial de l’expression en public.

    @lutopium
    Je partage ton analyse de la composition sociologique des blogueurs au Québec. En passant, je vais bientôt te proposer de faire évoluer cette dynamique par un projet spécifique. 🙄

    En ce sens, serais-tu prêt à bloguer sous ton vrai nom?

  3. Pour moi, certains blogues politiques s’apparentent aux traditionnelles « opinions des lecteurs » que certains journaux publient quotidiennement aux côtés des éditoriaux et des commentaires de la salle de rédaction. D’après mes calculs, environ le quart des blogues politiques publient des billets bien documentés, qui présentent les faits sans trop de distortions tout en permettant au blogueur de présenter une forte argumentation et une opinion bien ficelée. Les autres sont plus souvent qu’autrement des reprises d’articles des journaux traditionnels auxquelles est attachée une courte opinion qui laisse souvent à désirer (approche populaire du côté des adéquistes et des conservateurs).

    Y’a des blogueurs qui ont un esprit très critique et qui font attention à ce qu’ils écrivent. D’autres font tout simplement dans la démagogie et devraient plutôt commenter les évènements sportifs…

    Bravo et merci pour nous avoir représenter et défendu notre cause.

    lutopium| lire ici le dernier article de son blogue: Y’a pas que l’économie qui est malade

  4. @Franco Nuovo: Je suis désolé de vous avoir laissé tomber comme ça. J’ai vraiment un problème à parler devant public, et je travaille là-dessus (je songe à me joindre un groupe Toastmaster pour pratiquer l’art oratoire). Carl est vraiment quelqu’un que j’admire alors je suis sûr qu’il a été super. Bravo pour l’émission et merci de donner la parole à des gens comme nous.

    Louis Préfontaine| lire ici le dernier article de son blogue: Oser le protectionnisme pour sortir de la crise

  5. Salut,

    Résumé fort intéressant de ce qu’est en fait le journalisme citoyen.

    Carl, une ou deux choses peut-être à préciser: pas une seconde je n’ai cru que tu étais l’électron libre sinon peut-être dans une mauvaise présentation de ma part. Je m’en excuse si cela a pu te déstabiliser un instant.
    D’autre part, il s’agit de communication de masse, rapide, et dans ce contexte je ne peux que te dire que tu t’es merveilleusement bien tiré d’affaire.

    Le commentaire au segment d’émission auquel tu as participé ont été excellent.

    Depuis, je te lis régulièrement ainsi que l’Électron.

    En tout cas, merci encore de ta collaboration et de ton apport

    Franco

  6. Merci beaucoup Carl pour cet excellent compte rendu. J’avais hâte de lire ce que tu avais à dire à propos de ton expérience à l’émission. Tusembles vraiment très à l’aise devant public et c’est quelque chose que j’admire chez toi. Bravo! 🙂

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