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Posté par le 16 novembre 2024 dans Indépendance du Québec, Politique

Face à Trump et au Wokisme : Le Québec en quête de son propre chemin

Analyse de la réélection de Trump, des réactions de la gauche québécoise, et du rôle du wokisme dans la polarisation politique en Amérique du Nord.

La réélection de Donald Trump en novembre 2024 a provoqué une profonde consternation au Québec et dans tout l’Occident, marquant le retour de ses politiques controversées. Cette victoire, inattendue pour de nombreux analystes et progressistes, contraste avec les attentes de l’intelligentsia médiatique qui espérait une défaite de Trump, surtout après la mobilisation ayant conduit à la victoire de Biden en 2020. Il est crucial d’examiner cette situation sans complaisance pour en tirer des leçons constructives pour l’avenir de la gauche. En tant qu’observateur social-démocrate, comprendre les causes de ce résultat est essentiel pour envisager des pistes d’évolution. Comment redynamiser la gauche et répondre aux préoccupations de la majorité des citoyens?

Au Canada, la montée du Parti conservateur et la probable arrivée de Pierre Poilievre au poste de Premier ministre suscitent des inquiétudes quant à un virage vers des politiques inspirées de celles du gouvernement Trump. Paradoxalement, alors que le Parti conservateur domine les sondages avec plus de 50 % des intentions de vote au Canada, le Québec fait bande à part en soutenant majoritairement le Bloc québécois, un parti indépendantiste qui pourrait même devenir l’opposition officielle, tant l’effondrement du Parti libéral semble possible.

Ainsi, à défaut de pouvoir s’administrer comme un pays indépendant, le Québec province se fera encore imposer par le pouvoir canadien un programme politique qui n’est pas le sien… à savoir maintenant radicalement à droite, à l’antipode de ses valeurs historiques.

Parmi les facteurs ayant contribué au retour de Trump, notamment le retour des États du Rust Belt dans le giron républicain, j’explorerai particulièrement le rôle du « wokisme » comme facteur repoussant le centre vers la droite. Le mouvement woke, avec ses positions souvent perçues comme extrêmes ou divisives, a certainement éloigner une partie de l’électorat modéré, favorisant des candidats conservateurs qui promettent un retour à des valeurs plus traditionnelles. L’objectif est d’analyser les réactions de la gauche québécoise face à ces évolutions et d’évaluer les stratégies pour renforcer une position social-démocrate à l’Assemblée nationale.

Réactions initiales : choc et incrédulité

La première onde de choc a été palpable dans les cercles de la gauche québécoise. Beaucoup se sont interrogés sur les répercussions pour les mouvements progressistes.

Il est essentiel de reconnaître la réalité : Trump a gagné de manière décisive, battant les Démocrates dans chaque État clé et au vote populaire, avec 4 % d’avance au suffrage universel, remportant les 7 États-pivots, le Collège électoral, et renforçant sa position au Sénat, à la Chambre des représentants et même à la Cour suprême. Cela a été possible grâce à un Parti républicain uni et un électorat diversifié, incluant des citoyens de toutes origines.

Les Américains désabusés par le système (coût de la vie élevé, salaires bas sans filet social, immigration incontrôlée, mondialisation, bureaucratie inefficace) ont fait confiance à Trump plutôt qu’à Harris et aux Démocrates pour retrouver leur Amérique. Cette fois-ci, la voix des hommes, dans toutes les clientèles électorales (blancs, noirs, latinos, arabes, jeunes, ruraux, urbains), a prévalu. Le soutien d’influenceurs comme Elon Musk et l’impact des podcasts ont également renforcé sa base.

Pour la gauche québécoise et au-delà, il est crucial de dépasser la consternation et de comprendre pourquoi une partie significative des électeurs, y compris ceux avec des préoccupations sociales légitimes, se sont sentis représentés par Trump. Cela implique de réinvestir massivement dans nos programmes sociaux et de réorienter notre discours vers la classe moyenne, délaissée au profit du discours woke des néoprogressistes bourgeois urbains. En renforçant les services publics, en protégeant les travailleurs et en améliorant les conditions de vie pour la majorité, la gauche québécoise pourrait reconnecter avec la classe ouvrière et les électeurs modérés. Ce constat doit mener à une introspection sur la manière de mieux répondre aux besoins de la classe ouvrière et des électeurs modérés.

Analyse : Bien que cette réaction initiale soit compréhensible, elle révèle une certaine réactivité plutôt qu’une proactivité. Pour avancer vers une position social-démocrate, il est essentiel de dépasser le choc initial et de développer des réponses stratégiques face aux défis posés par cette victoire américaine. De plus, la montée du wokisme a fragmenté non seulement la gauche, mais aussi l’électorat en général, éloignant les modérés et facilitant le passage du centre vers la droite.

Quand la gauche n’est plus capable de parler aux classes populaires, elle est condamnée à l’échec

Le Wokisme : Un facteur de division au sein de la gauche en Occident

Le mouvement woke, prônant une sensibilisation accrue aux injustices sociales et raciales, a gagné en influence au sein de la gauche québécoise. Cependant, son approche souvent perçue comme radicale ou excluante a créé des tensions internes et repoussé une partie de l’électorat modéré.

Explications : La polarisation politique croissante a exacerbé les divisions, rendant les discours plus radicaux et éloignant une partie de la population des idéaux progressistes traditionnels. Donald Trump, malgré ses aspects effrayants et clivants, a été élu parce que le wokisme fait encore plus peur à une majorité silencieuse. Cette idéologie, devenue un repoussoir, est perçue comme polarisante et accusatrice.

Le wokisme porte encore des marqueurs positifs de la gauche : libération des peuples, émancipation des individus, liberté des femmes et des minorités sexuelles. Cependant, ces valeurs ont été détournées et segmentées, divisant plutôt que rassemblant. L’universalisme a laissé place à une guerre des identités, où l’homme blanc vieillissant est devenu le coupable universel.

Pourquoi ce double standard?

« L’antiracisme » woke n’œuvre plus pour l’égalité, il accentue des différences racialistes prétendument insurmontables. Le féminisme woke se concentre sur la dénonciation des hommes plutôt que sur la libération des femmes. Des minorités cherchent à imposer leurs différences comme normes, au détriment d’une perspective collective.

Le cas de Kamala Harris en est un exemple. Sa campagne, axée sur ses identités de femme, noire, asiatique, a effrayé une partie des électeurs, y compris les femmes, les noirs et les latinos, qui ont choisi Trump. Cette fragmentation identitaire incarnée par le wokisme effraie plus que l’épouvantable Donald Trump.

Pour la gauche sociale-démocrate dont je me réclame, il est impératif de reconnaître ces réalités sans nier la valeur des luttes pour la justice sociale. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’inclusivité nécessaire et la capacité de rassembler un électorat plus large autour de priorités communes : amélioration des conditions de vie, justice économique et accès aux services essentiels.

Analyse : Le wokisme, en poussant les limites du discours politique, a éloigné des électeurs modérés recherchant des solutions pragmatiques et équilibrées. Cette division interne a affaibli la gauche, facilitant l’ascension de candidats comme Trump qui capitalisent sur le mécontentement et la fragmentation de l’électorat.

Conclusion : une lueur d’espoir pour la souveraineté au Québec

Face au glissement de l’anglosphère nord-américaine vers des politiques de droite, une réaction politique se dessine au Québec. Le Parti Québécois, désormais clairement social-démocrate sous la direction de Paul St-Pierre Plamondon, pourrait relancer le mouvement indépendantiste. L’idée d’une autonomie accrue devient séduisante pour résister aux orientations rétrogrades qui prennent de l’ampleur.

Pour rassembler une majorité, le Parti Québécois devra attirer les nationalistes de la CAQ vers l’indépendance en plaidant pour une autonomie capable de préserver les valeurs québécoises. Ces valeurs, menacées par un agenda canadien influencé par le conservatisme américain, nécessitent une vigilance renouvelée. Par ailleurs, il est essentiel que le PQ se démarque des excès idéologiques du mouvement woke, dont les dérives polarisantes alimentent autant de divisions que leur pendant conservateur.

Parallèlement, on peut entrevoir une possible scission au sein de Québec solidaire, entre les plus pragmatiques qui seraient prêts à se rallier au Parti Québécois dans un large mouvement pro-souveraineté, et ceux qui se revendiquent du wokisme le plus radical, logiquement détachés des préoccupations nationales québécoises.

Cependant, notre quête d’indépendance politique ne saurait être qu’une réaction de défense. Elle doit être l’affirmation d’une émancipation proactive, d’un projet national permettant au Québec de se doter de son propre espace politique en Amérique du Nord et de prendre pleinement sa place comme un nouveau pays. Cela implique de transcender les oppositions polarisées qui dominent actuellement le débat public. En effet, le conservatisme anglo-américain et le radicalisme woke fonctionnent comme des miroirs déformants, alimentant mutuellement leurs excès et empêchant une société équilibrée de se projeter vers l’avenir. Pour le Québec, l’enjeu est donc de trouver sa propre voie à travers la polarisation politique prévalant dorénavant en Amérique du Nord.

En conclusion, la résurgence du Parti Québécois, guidée par des valeurs social-démocrates et un leadership renouvelé, pourrait marquer un renouveau du projet indépendantiste, adapté aux défis contemporains. Il est temps que les Québécois se mobilisent pour défendre leur modèle de société unique face à une Amérique du Nord anglophone de plus en plus conservatrice. Envisager notre indépendance nationale, c’est envisager une solution permettant de préserver nos valeurs progressistes et d’assurer un avenir qui nous ressemble. Chaque citoyen a un rôle à jouer pour construire ce projet collectif.

Maintenant, il n’en demeure qu’à nous, Québécois, de nous engager, d’en discuter autour de nous, et de nous préparer à défendre l’autonomie politique du Québec…. voire au passage celle de l’existence même de notre identité collective en Amérique.

La gauche devient parfois l’ennemie de ce qu’elle prétend défendre, en imposant des dogmes au lieu de construire des consensus
– Daniel Cohn-Bendit

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