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Posté par le 26 juin 2012 dans Philosophie-politique, Politique nationale

Le débat gauche/droite est-il présentement approprié au Québec?

gauche vs droite

Prenons un peu de recul pour réfléchir à l’état de notre démocratie au Québec

C’est indéniable; depuis la défaite référendaire du OUI en 1995, le débat politique au Québec s’est déplacé du clivage identitaire souverainiste/fédéraliste vers l’axe gauche/droite. Mais au-delà des théories et des discours, avons-nous vraiment les moyens démocratiques d’appliquer par nous même un programme de gauche au Québec… voire au Canada?

MON SCHÉMA DU POSITIONNEMENT DES PARTIS POLITIQUES AU QUÉBEC

Ma vision (donc forcément subjective) des partis du Québec et du Canada sur les axes gauche/droite et fédéraliste/souverainiste. Notez bien l’illustration de l’influence des médias dominants pour maintenir l’opinion publique dans la zone du pouvoir en place. Je profiterai de l’occasion pour spécifier que les vrais socialistes devraient considérer les partis politiques comme des outils démocratiques pour guider les citoyens vers le bien commun.

Avant de répondre à mon postulat, il faut savoir que ces deux pôles politiques ne représentaient pas à la base des idéologies statiques, mais davantage des courants sociopolitiques dans une société propre. Ainsi, comme l’a si bien expliqué Jimmy St-Gelais dans cet article sur son blogue (d’où j’ai retransmis ici plusieurs concepts), certains s’interrogent encore sur les définitions et les particularités respectives de la gauche et de la droite en sciences politiques. À l’origine, cette terminologie remonte à la Révolution française (1789) où l’on a demandé aux députés de l’Assemblée nationale qui étaient favorables à un véto royal de se tenir à droite du président et les opposants de se placer à gauche.

Photographie 2009 de l’axe gauche/droite en France. Force est d’admettre que cette société a évolué en offrant plusieurs choix démocratiques à ses citoyens. Logiquement, la conversation nationale dans ce pays indépendant est plus complexe que dans notre colonie.

Subséquemment, la gauche ou la droite peuvent être différentes selon l’époque ou selon le pays où on étudie… d’autant plus qu’à l’origine, ces dénominations n’étaient pas des attributs qualifiants des groupes partisans, mais un positionnement relatif quant à la vitesse d’évolution d’une société donnée. En fait, l’axe gauche-droite demeure ainsi une évaluation subjective selon l’observateur et se veut relatif selon le contexte par lequel on regarde les acteurs politiques dans un cadre donné.

conception de l'opposition gauche/droite dans la société américaine

conception de l’opposition gauche/droite dans la société américaine. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Pour mieux comprendre mon propos et relativiser les différences entre la droite et la gauche, imaginez être dans une voiture en voyage avec des membres de votre famille. Considérant que le chauffeur est le président, et les autres passagers la population, quand sera-t-il du choix exact de la destination et de son parcours? Assurément, certains voudront s’arrêter à des endroits précis pour jouir du paysage alors que d’autres voudront faire déplacer leur véhicule vers un autre endroit. Pire encore, imaginez que le chauffeur ne parle pas la langue des passagers, qu’il ne vous révèle pas la destination, qu’il vous fait payer l’essence… et que vous êtes embarrés dans le véhicule.

L'Écosociété

Suivant cette analogie, dans une société réellement écologique qui répartirait les énergies équitablement entre les citoyens, je deviendrais certainement un «conservateur» car je nous considèrerais socialement rendus à destination.

Il faut saisir que dans toute communauté humaine, il y aura toujours des tensions entre les satisfaits et les insatisfaits… une énergie qui s’exprime à travers une lutte incessante entre ceux voulant conserver l’ordre existant (les conservateurs), ceux voulant le faire évoluer (les progressistes) et ceux voulant carrément le remplacer (les révolutionnaires). Et ce qui est bien fait dans cette dynamique, c’est que le changement s’opère de lui-même quand il y a une masse critique d’individus (ou de pouvoir) dans le camp des insatisfaits, signifiant ainsi que l’ordre n’est plus adapté à l’ensemble de la majorité (d’une société donné). Et heureusement pour l’évolution de nos mœurs, la démocratie a été inventée, entre autre, pour tempérer la vitesse du changement et éviter les révolutions trop radicales.

D’un point de vue biologique, je dirais que le changement est l’adaptation nécessaire d’une société à sa survie.

Selon la définition originale, j’oserais théoriser que tout le monde concevant moindrement l’existence de la société est d’emblée socialiste (même pour les tenants de la droite)… puisqu’il est question de décider de la mise en œuvre du changement DANS la dite société. Mais aujourd’hui, force est d’admettre que la droite représente les intérêts de l’élite économique et de leurs alliés antisociaux.

La démocratie n'est elle qu'un idéal?

La démocratie n’est elle qu’un idéal?

De mon côté: Fondamentalement en guerre contre le néolibéralisme

À l’intérieur d’une société donnée, il est parfaitement normal que les acteurs du débat public cherchent à s’étiqueter pour tenter de situer le positionnement de tout et chacun. Cependant, il faudra admettre que cet exercice peut quelquefois amener aux pires manifestations de démagogie… ce qui est socialement déplorable quand cette crasse propagande se fait par l’intermédiaire du journal le plus lu au Québec.

Eric Duhaime, cet agent ultralibéral, se sert de l’ensemble de ses tribunes médiatiques pour exagérer/caricaturer/mentir à propos d’Amir Khadir. L’objectif évident de ces néo-libéraux est d’éloigner  l’opinion public (le centre politique) des idées progressistes. Si nous étions au hockey, je dirais que Duhaime est une peste cherchant à provoquer le talentueux centre de l’autre équipe afin de l’amener sur le banc des pénalités. Mais le problème avec le néolibéralisme ambiant… c’est qu’il n’y a plus d’arbitre sur la patinoire.

Pour ma part, parce que je suis un libre-penseur ayant quelques problèmes avec la partisanerie en politique, parce je peux faire preuve de pragmatisme quant il est question de stratégie, parce que j’ai activement milité au Parti Québécois durant plusieurs années, parce que je transporte une dimension nationaliste (le pays est à faire), je sais que certains éléments fédéralistes et/ou sectaires remettent en question mon appartenance à la gauche.  Mais dans les faits, puisque je suis une entité régie par une implacable conscience sociale, puisque mes valeurs écologiques sont fondamentalement éprouvées par le néolibéralisme, parce que je suis un progressiste poussant pour une réforme démocratique du cadre politique, tout le monde devrait devoir s’entendre pour me positionner à gauche de l’échiquier.

Staline

Puis quoiqu’en disent mes adversaires de droite et leur tendance à l’emploi des hyperboles, je saisirai l’occasion pour affirmer tout autant être révulsé que ces derniers par le communisme. Il faudra comprendre un jour que d’avoir une conscience sociale et valoriser l’existence de la société n’équivaut pas pour autant vouloir renoncer aux libertés individuelles. Qu’il s’inscrive dans l’axe gauche ou l’axe droit, le totalitarisme demeura toujours infâme pour une société démocratique.

Donc étant naturellement pour l’autodétermination des peuples (indépendantiste), je suis de facto démocrate (je l’ai bien expliqué ici). Ainsi, je ne me bat pas frontalement contre la droite classique (qui est un choix comme un autre offert épisodiquement aux citoyens) mais contre un système économique démantelant nos sociétés… et allant forcément aussi à l’encontre de la démocratie (sans collectivité, il n’y a plus de bien commun. Sans autodétermination, il n’y plus de choix collectif). Est-ce donc déduire ici que le néolibéralisme s’avère finalement un système totalitaire?

La nouvelle pyramide capitaliste

Sans société… il ne peut y avoir de démocratie

En effet, ce qu’il y a de plus insidieux avec le néolibéralisme, c’est qu’il se prétend le gardien de la démocratie face «aux idéologies» concourantes (paradoxalement les autres choix offerts dans une société démocratique). Dans les faits, nous devons réaliser que la démocratie n’est dorénavant plus une valeur de société, mais une illusion entretenue pour mieux nous manipuler (merci au Printemps Érable de nous l’avoir définitivement démontré). Rajoutez-en plus que c’est le monde financier qui décide essentiellement de nos décisions politiques, que l’Assemblée nationale est un carré de sable encadrant nos limites démocratiques et que le Québec est encore une province gérée par l’agenda d’une autre nation… et vous saisirez l’essentiel de ma perspective indépendantiste.

Le carré de sable québécois

Dans cet article «Le carré de sable québécois» je vous explique les prémisses de ma frustration démocratique

Oui, tous le monde est libre de voter comme il le veut à chaque 5 ans. Mais avons-nous préalablement l’information nécessaire pour comprendre les enjeux ?

Bien sûr, la propagande ambiante impose aussi le néolibéralisme comme le champion de LA liberté (spécifions la liberté individuelle en opposition au bien commun). Pourtant, il n’y a véritablement de liberté individuelle que dans son expression collective; à commencer dans la capacité d’une société à pouvoir s’autodéterminer démocratiquement. Or, cette pseudoliberté néolibérale est un prétexte afin de promouvoir le «tous contre tous» et disloquer nos mécanismes de solidarité (qu’elle soit d’ordre social ou national).

Mon diagramme de la conscience collective

Mon diagramme illustrant les divers niveaux de la conscience collective

Bref, en dénigrant les consciences collectives, le néolibéralisme fragmente la société en unités de consommation et annihile ainsi la coordination des peuples à s’autodéterminer politiquement pour ses propres intérêts. De surcroît, tout cela nous déresponsabilise collectivement face à l’avenir… ce qui dans une dimension écologique est carrément dramatique.

15 documentaires altermondialistes pour les lendemains de la Terre

Je vous le promets! Si vous commencez vraiment à entamer la filmographie incluse dans cet article, jamais plus après vous concevrez notre monde de la même façon… au point que vous vous inquiéterez comme moi de l’orientation de la politique mondiale… si direction il y a.

Identité nationale

Ici, même les nationalistes de droite devraient devoir s’alarmer, parce l’histoire nous aura appris que les peuples devenant individualistes finissent par disparaître, faute d’identité collective.

En conclusion, si je conviens qu’il est une bonne pratique d’articuler nos débats dans le vocabulaire des sociétés indépendantes (car c’est un exercice de maturité nous préparant mentalement aux choix démocratiques s’offrant dans un état indépendant) je pense qu’il est présentement futile de ne s’en tenir qu’au débat gauche/droite. En effet, nous sommes pour l’instant doublement enchaînés : non seulement la social-démocratie s’avère incompatible avec le néolibéralisme, mais nous demeurons toujours une colonie assujettie à l’ordre canadien. Le vrai débat au Québec est donc toujours le même, c’est celui de pouvoir exercer la démocratie par l’entremise d’un État indépendant.

Le politicien idéal

Afin de mieux cerner sa relation avec l’indépendance nationale, je vous invite, en complément,  à lire mon texte «Le politicien idéal»; un texte qui s’avère une  déclaration d’amour à la démocratie

Pour terminer, je donnerai le mot de la fin à Pierre Foglia:  «Ce n’est pourtant pas une histoire de droite ou de gauche, de posture conservatrice ou libérale, ce n’est pas affaire d’opinion, il n’y a pas dans cette non-histoire le plus petit espace de discussion, de débat, cela ne peut pas relever de l’opinion. Ce n’est pas la droite et la gauche qui sont en train de creuser les plus grands fossés dans notre société, c’est la culture. Le fossé entre deux cultures? Non, celui, vertigineux, entre cultures (de droite ou de gauche) et pas de culture.»

Du choc des idées jaillit la lumière
– Nicolas Boileau

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1 commentaire

  1. Gauche droite
    L’homme de gauche, comme Staline, Pol Pot, ou Kim Il Sung, etc. s’attache la main droite dans le dos et essaie de vivre normalement en n’utilisant que sa main gauche. L’homme de droite comme Pinochet, les généraux argentins, etc. font l’inverse. C’est ce que je n’ai jamais compris dans cet éternel débat entre la gauche et la droite. Une pièce de monnaie peut elle n’avoir qu’un coté ? La réalité n’est elle pas toujours multiple ? Quel problème social est unidimensionnel ? Je crois au balancier pour régulariser les choses : après 40 ans de dépenses gouvernementales et un déficit de 600 milliards par les Libéraux qui ne peuvent plus créer de nouveaux programmes sociaux, le balancier passe de l’autre coté, de celui de Harper et de la droite.

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