Alien Romulus : Une suite sans âme pour une génération grand public
C’est avec une certaine appréhension et beaucoup d’espoir que je me suis lancé dans le visionnement d’Alien: Romulus. La franchise, désormais sous le contrôle de Disney, suscitait des craintes, surtout en tant que grand admirateur de la trilogie originale avec Ripley en tête d’affiche. La saga Alien, qui a marqué l’histoire du cinéma de science-fiction horrifique, a souffert de suites et de préquelles qui, à mon avis, n’ont jamais su capturer la magie des premiers films. Romulus avait donc une lourde tâche : capturer l’essence de cette franchise légendaire tout en apportant quelque chose de nouveau.
Un début prometteur, une ambiance immersive
Dès les premières minutes, Alien: Romulus réussit à plonger le spectateur dans une ambiance oppressante rappelant celle du premier film, voire des œuvres cultes comme Blade Runner. Les décors sombres, l’éclairage tamisé, et l’impression d’un monde futuriste usé et en déclin sont extrêmement bien rendus. L’univers visuel du film est réussi, ajoutant à l’atmosphère claustrophobe qui fait la renommée de la saga.
La prémisse de départ est également séduisante : un groupe de jeunes colons est piégé sur une station spatiale abandonnée, à la recherche de modules de cryosommeil pour échapper à leur destin. Jusqu’à l’apparition des xénomorphes, Romulus parvient à maintenir une tension croissante, jouant sur la peur latente de l’inconnu, ce qui fonctionne plutôt bien. L’attente de l’horreur est souvent plus forte que l’horreur elle-même, et à ce niveau, le film gère admirablement cette montée en pression.
L’apparition des xénomorphes : tout bascule
Malheureusement, une fois les créatures apparues, le film perd de sa subtilité. Ce qui aurait pu être une montée progressive de la terreur devient rapidement une succession de séquences d’action survoltées, aux dépens du suspense. Les personnages, qui auraient pu être développés pour renforcer l’empathie du spectateur, se transforment en archétypes clichés, servant essentiellement de chair à Alien. Leur destin devient prévisible, et l’impact émotionnel en pâtit.
Cailee Spaeny, dans le rôle de Rain Carradine, se veut l’héritière d’Ellen Ripley, mais elle ne parvient jamais à s’imposer de la même manière. Son personnage manque cruellement de profondeur et semble être une pâle émule de Ripley, sans la force et le charisme qui avaient rendu Sigourney Weaver inoubliable. Son évolution en héroïne paraît trop attendue, sans véritable surprise
En revanche, David Jonsson, dans le rôle de l’androïde Andy, sauve la mise. Son personnage est bien plus intéressant, avec une complexité rappelant les meilleurs androïdes de la saga tels qu’Ash ou David. Ses dilemmes moraux et son rôle ambigu apportent une fraîcheur bienvenue à un casting autrement fade.
Un fan service envahissant et une fin exagérée
La dernière demi-heure du film, qui se veut intense et pleine de rebondissements, a littéralement brisé ma suspension consentie de l’incrédulité. Les séquences d’action deviennent de plus en plus invraisemblables, et le fan service omniprésent alourdit l’intrigue. Des clins d’œil trop appuyés aux films originaux, sans véritable justification narrative, finissent par rendre le film artificiel. Au lieu de renouer avec la terreur minimaliste des premiers opus, Romulus semble vouloir flatter la nostalgie des fans tout en se formatant pour un public plus large et plus jeune.
Un appel aux studios : respectez les arcs originaux
Sincèrement, il est temps de lancer un appel aux maisons de production modernes, et plus particulièrement à Disney, qui semble prendre l’habitude de réécrire les arcs narratifs canoniques des franchises qu’elle acquiert, que ce soit avec Star Wars, Terminator, ou maintenant Alien. Il y a un véritable ras-le-bol chez les fans de longue date qui voient leurs sagas préférées diluées ou modifiées pour correspondre à des formats plus « grand public », voire carrément dans les codes moraux du wokisme ambiant. Si les studios veulent absolument exploiter des franchises légendaires, pourquoi ne pas les faire évoluer dans des univers parallèles ou éloignés, hors de la timeline des films originaux ? Cela permettrait de respecter le matériel source tout en explorant de nouvelles directions créatives.
Conclusion : un film techniquement réussi mais narrativement faible
En fin de compte, Alien: Romulus est un film techniquement abouti mais qui souffre de trop vouloir en faire. Visuellement, il parvient à capturer l’ambiance oppressante qui a fait le succès de la saga, mais se perd dans un patchwork d’idées recyclées, destiné à plaire à une nouvelle génération d’adolescents. L’orgie de fan service déployée dans ce film est la preuve qu’il ne cherche pas tant à rendre hommage aux références originales qu’à capitaliser sur un produit commercial. Cela donne au film un aspect formaté et impersonnel, éloigné de ce qui a fait la grandeur des premiers Alien
Alien: Romulus
- -Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'Univers…