Trap : Quand Shyamalan tente l’originalité mais s’enlise
Avec « Trap », M. Night Shyamalan revient avec un thriller psychologique, mais cette fois-ci avec une approche singulièrement audacieuse et déroutante. Le film se déroule principalement dans l’enceinte confinée d’une salle de concert, où un père, Cooper (interprété par Josh Hartnett), et sa fille adolescente se retrouvent au centre d’un événement terrifiant : une chasse à l’homme visant à capturer un tueur en série connu sous le nom de « The Butcher ».
Là où Shyamalan excelle dans « Trap », c’est dans sa capacité à créer une tension palpable et oppressante. Le choix de cadrer la majorité du film du point de vue de Cooper, le protagoniste qui se révèle être le tueur, amplifie ce sentiment de claustrophobie et de désespoir. J’ai particulièrement apprécié cette originalité, qui nous plonge dans la psyché d’un personnage aussi fascinant que dérangeant. La performance de Hartnett est marquante, oscillant entre une façade paternelle bienveillante et une froideur meurtrière, ce qui fait de son personnage l’un des plus intrigants du film.
Cependant, le film n’est pas sans défauts. Si la première partie de « Trap » réussit à captiver avec une atmosphère intense et une intrigue tissée avec soin, la seconde moitié semble s’essouffler. Malheureusement, la fin du film m’a paru ennuyante, exagérée, et quelque peu surjouée, ce qui contraste fortement avec l’originalité du début. Shyamalan opte pour un changement de perspective qui, au lieu de maintenir la tension, dilue l’impact du récit. Le basculement de ton et de point de vue peut déconcerter, voire frustrer certains spectateurs qui s’attendent à une montée en puissance continue, mais au lieu de cela, on se retrouve face à une conclusion qui manque de subtilité et qui semble forcée.
Ma relation avec M. Night Shyamalan peut se définir comme une relation sado-masochiste. Si je déteste l’ensemble de sa filmographie, à l’exception notable de « Le Sixième Sens », qui l’a consacré, je reconnais tout de même une certaine créativité dans ses idées de départ. Cependant, il est pour moi le champion des bonnes idées mal traitées. Ses films sont souvent marqués par une direction d’acteurs qui laisse à désirer et des conclusions souvent ratées. « Trap », bien que moyen, s’avère paradoxalement l’un de ses meilleurs films, car malgré ses imperfections, il parvient à être un divertissement potable, ce qui, dans le contexte de sa filmographie, est une réussite notable.
En fin de compte, « Trap » est une œuvre intrigante, qui montre un Shyamalan à la fois conscient de ses propres tropes et prêt à les subvertir. Malgré ses imperfections, le film mérite d’être vu pour sa capacité à maintenir le spectateur sur le fil du rasoir, ne sachant jamais à quoi s’attendre. Si ce n’est pas le chef-d’œuvre auquel certains espéraient, c’est néanmoins une expérience cinématographique distincte qui prouve que Shyamalan reste un réalisateur à surveiller, même si, dans mon cas, c’est souvent à mes risques et périls.
Trap
- -Un père et sa fille adolescente assistent à un concert pop, où ils se rendent compte qu’ils sont au centre d’un événement sombre et sinistre.