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Posté par le 3 août 2007 dans Écologie, Entomologie, Souvenirs

L’environnementale énigme du Sphinx d’Abbott

Sphinx d’Abbott

Réflexe de patineur oblige, je suis toujours attentif aux obstacles sur le sol ; qui plus est, cette aptitude est dédoublée par mes sens d’entomologiste à l’affut. Alors, même dans une métropole comme Montréal, je découvre quelquefois des insectes étonnants (mantes religieuses, nèpes, dytiques, chenilles m’étant inconnus). Ainsi donc, revenant de l’épicerie en mai dernier, j’ai discerné le cadavre écrasé d’un Sphinx d’Abbott sur le trottoir. Pour le commun des mortels, la présence de ce papillon à Montréal passera complètement inaperçue; pourtant, chez les initiés, il sera le signe manifeste d’un changement dans notre environnement. Toutefois, avant d’enclencher mes explications sur le sujet, laissez-moi vous raconter la rocambolesque histoire de ma rencontre initiale avec le Sphinx d’Abbott.

Les défis du Sphinx, ou l’histoire d’une révélation

C’était en mai 1988, alors en secondaire 1, j’étais avec ma classe en train de visiter le musée canadien des des civilisations à Ottawa. Peut être trop jeune pour m’intéresser pleinement à l’exposition, j’aperçois alors, à travers les immenses fenêtres du deuxième étage, un papillon voletant à l’extérieur. Il ne me prendra pas plus de deux secondes pour identifier ce papillon à la famille des Sphinx… ma famille préférée de lépidoptères ! Effectivement, les membres de cette discrète famille sont exceptionnels à croiser ; or, il est toujours une découverte notable de rajouter une nouvelle espèce de Sphinx à sa collection d’insectes (une trentaine d’espèces de Sphinx se retrouverait au Québec). Puis, si cette famille de papillons porte systématiquement au repos une tenue de camouflage, leurs ailes postérieures recèlent cependant des jeux de couleurs vives spécifiques à chacune des espèces de Sphinx. Par ailleurs, les Sphinx étant presque tous nocturnes (il y a quelques exceptions comme l’Hemaris), ils sont, en plus, relativement difficiles à découvrir. Ainsi, si le jour normalement ces derniers se cachent à la quasi-perfection, ce Sphinx à Ottawa, lui, avait été vraisemblablement dérangé dans son repos, et voletait donc à l’aveuglette à la recherche d’un nouvel abri. Or, puisqu’à ce moment je n’arrivais pas à identifier l’espèce de Sphinx devant moi, j’en en vite déduis que je faisais face à une nouvelle espèce à découvrir… et tel un coup sur la tête, la folie m’a emporté.

Je pris donc mes jambes à mon cou, et courus spontanément vers la sortie à la recherche de l’extraordinaire papillon. Bien que je ne me faisais guère d’illusions quant à mes chances de retrouver mon trésor, je n’ai pas perdu espoir pour autant. Si bien que mon acharnement m’a récompensé : j’ai retrouvé donc le Sphinx au repos, perché sur le mur d’entrée… à un beau grand mètre de mon extension totale. Humm, si proche du but, je n’allais tout de même pas céder si rapidement. En attend donc de discerner une solution pour grimper jusqu’au Sphinx, j’entrepris alors de trouver un contenant pour capturer le papillon. Or, cette mission s’est avérée plus ardue que prévu : en effet, je ne voyais nulle part (dans les poubelles) de contenant sec et hermétique (des gouttelettes de liquide auraient vite fait d’abimer les ailes du papillon). Finalement, je me suis résigné à payer mon premier verre de café à vie. Le but de l’opération, donc, consistait à déposer la monnaie dans la machine à distribution automatique… puis de rapidement prendre le contenant avant l’apparition de cet affreux breuvage (voyez-vous, je n’étais pas encore abonné à la caféine). Ensuite, avec un morceau de carton pour colmater l’ouverture, j’avais finalement le nécessaire pour capturer le Sphinx inconnu. La question maintenant, le papillon était-il toujours au même endroit, et si oui, comment diantre allais-je grimper jusqu’à lui ?

Sphinx d'Abbott au repos

Sphinx d’Abbott au repos

Bien que le Sphinx était toujours perché à l’entrée (comme s’il m’y attendait), je devais cependant me rendre à l’évidence que je ne pouvais escalader la surface lisse du mur. Quitte à suivre et rattraper ailleurs ma proie, j’ai donc pensé à faire fuir le papillon à l’aide d’une roche ou d’un éventuel bâton ; mais il n’y avait pas de bâton… et j’allais faire un fou de moi à lancer des roches sur la porte d’entrée du Musée. Puis, hypnotisé devant le sphinx, ne trouvant pas de réponse à l’énigme, le temps est passé jusqu’à faire attendre mes compagnons dans l’autobus du retour. Ainsi, un premier enseignant est allé à ma rencontre : c’était Marcel Ladouceur, un ancien prêtre recyclé en en professeur de morale. N’arrivant pas à contenir ma fébrilité, tout énervé, j’ai expliqué alors la situation à mon prof, puis, je lui ai carrément proposé de monter sur ses épaules pour attraper le Sphinx. Or, si Marcel Ladouceur était un homme candide au style bon enfant, ce dernier a manifesté un malaise devant ma requête. En guise de refus, avant de battre en retraite face à mon obstination, M. Ladouceur m’a répondu d’une voix teintée d’incompréhension : « Carl… ce n’est qu’un papillon! ». Frustré, histoire de me moquer (encore) de la foi religieuse de monsieur Ladouceur, je me souviens d’avoir pensé faire une prière en me prosternant devant le sphinx.

C’est alors que mon prof de géo, Gaston Côté, sortit précipitamment du musée. Lui expliquant qu’il est mon dernier espoir pour capturer un papillon «unique», le retardataire enseignant se fera un plaisir de m’aider dans mon projet «scientifique». Ainsi donc juché sur ses épaules, moi-même sur la pointe des pieds, j’arriverai péniblement à frôler l’extrémité du papillon du bout de l’index. Ma technique de capture sera d’une simplicité déconcertante, mais elle s’est toujours avérée efficace avec cette famille de papillon. En effet, à l’aide d’un petit hochement de doigt devant les pattes antérieures du nocturne papillon, en le dérangeant ainsi de sa torpeur, le Sphinx se met instinctivement à grimper (dans le but de prendre son envol). Une fois donc le Sphinx perché sur mon doigt, mon réel défi sera de le mettre en pot avant son décollage, le tout de surcroit, en prenant bien soin de ne pas abimer les ailes du spécimen. Ce sera donc une tentative «one shot» : soit le Sphinx glissera de lui-même vers le contenant s’offrant devant lui, soit il s’envolera vers la liberté. Finalement, ce spécimen choira la première option… à mon grand plaisir il va de soi.

Rayonnant de satisfaction, je retourne donc prendre place dans l’autobus scolaire. À ce moment, étant le dernier à revenir au bercail, ayant vraisemblablement été le centre d’attraction, j’ai reçu une pluie de commentaires désobligeants de certains collègues. Or, à peine assis à la dernière place disponible, un certain Maxime Stafford-Richard insistera pour voir « mon Monarque ». Lui expliquant alors la réelle nature du papillon, le «wanna be skater» donnera subitement un violent coup sur le pot en s’exclamant vers l’entourage que ma capture est « une grosse mite sale ». Le pot roulera en dessous de quelques sièges… et coup de bol, le Sphinx décidera d’y demeurer ; non sans protester en vibrant des ailes à une vitesse délirante.

Une fois de retour à mon domicile, j’irai de facto déposer le papillon dans le congélateur (ma principale méthode pour expédier les insectes destinés à ma collection). Puis, mon grand plaisir sera d’identifier l’espèce exacte de mon nouveau sphinx dans ma bible de collectionneur de papillon.

Le livre « Papillons et Chenilles du Québec et de l’est du Canada » de Jean-Paul Laplante, paru aux éditions de l’Homme, est une référence extraordinaire pour qui veut entretenir une collection de papillons.

Sphinx d'Abbott épinglé

Sphinx d’Abbott épinglé

Je découvre donc que le Sphinx d’Abbott est le nom de mon nouveau spécimen. Toutefois, ma réelle surprise sera de lire dans l’index, sous les rubriques «abondance» et «période de vol» : très rare, occasionnel / juin, un seul spécimen connu au Québec.

Finalement, après toutes ces épreuves, je suis arrivé à capturer un papillon quasi unique au Québec (bien sûr, si nous considérons ici la ville d’Ottawa comme une ville du Québec). Toutefois, allez savoir pourquoi, je ne suis jamais allé recenser mon spécimen à l’insectarium. Cependant, depuis le temps des activités entomologiques de Jean-Paul Laplante, mon petit doigt me dit que le Sphinx d’Abbott n’est plus aussi rare au Québec. En effet, depuis cette fameuse capture, je peux noter trois autres observations distinctes du Sphinx d’Abbott au Québec, dont une deuxième capture en 1998 à Verchères. En effet, il s’avère que le fil conducteur des apparitions du Sphinx d’Abbott est les vitacées, c’est à dire une famille de plantes grimpantes apparentées aux vignes (facilement reconnaissables aux vrilles qui leur permettent de se fixer à un support). Or, puisque la quasi-totalité de nos pergolas à Montréal sont conçues à l’aide des vitacées, puisque les vitacées servent vraisemblablement d’hôtes à la chenille du Sphinx d’Abbott, nous pouvons donc déduire que ce papillon a tout le nécessaire pour bien s’implanter au Québec. Bref, je serais curieux de connaître les nouvelles données sur le recensement de cet insecte. En attendant donc de trouver des statistiques officielles, j’ai tout de même repéré ici un internaute recensant les apparitions du Sphinx d’Abbott en Amérique du Nord (dont une dans le Plateau Mont-Royal en 2006). Évidemment, je lui ferai bientôt part du fruit de mes propres observations sur le sujet.

La chenille du Sphinx d'Abbott dans un vitacée

La chenille du Sphinx d’Abbott dans un vitacée

L’exemple du Sphinx d’Abbott… Une subtile trace du réchauffement climatique au Québec?

Bien sûr, il me sera facile d’associer ici l’émergence du Sphinx d’Abbott ici au Québec avec le réchauffement de notre climat. Mais peu importe l’exactitude de cette théorie, un fait demeure, le réchauffement des températures établira de nouvelles espèces de plantes sur notre territoire. Ainsi, puisqu’en plus, nous sommes dans un processus de mondialisation des échanges, nous devons concevoir que nous composerons toujours davantage avec de nouvelles espèces d’arthropodes au Québec ; et cela, malheureusement souvent avec leurs lots de problèmes inhérents. D’ailleurs, des exemples concrets imposent déjà ce constat :

• émergence explosive de coccinelles asiatiques;

coccinelles asiatiques

Particularité notable, cette espèce de coccinelle présente une large gamme de coloris variant d’un individu à un autre.

• éclosion du dendroctone du pin;

dendroctone du pin

en raison du réchauffement des températures au cours des dernières décennies au Canada, l’insecte parvient maintenant à survivre à nos hivers

• Arrivée d’Asie du longicorne étoilé;

Longicorne asiatique

Ce coléoptère ravage les arbres feuillus de l’intérieur.

• La propagation inévitable de l’agrile du frêne;

agrile du frêne

Plutôt joli, l’agrile du frêne représente une grave menace pour la forêt urbaine

• émergence de tiques infectées par la maladie de Lyme;

tiques

Les tiques sont les plus grands représentants de l’ordre des acariens. Après un repas sanguin, certaines peuvent dépasser 1 centimètre de long.

• émergence du virus du Nil occidental en Amérique;

moustique

Sur le continent américain, une première épidémie du VNO s’est déclarée dans la ville de New York en 1999. Les principaux hôtes du virus sont les oiseaux.

• invasion d’acariens varroa décimant nos ruches d’abeilles domestiques;

varroas

Ici, des Varroas s’attaquant à une larve d’abeille

• arrivée appréhendée d’abeilles africanisées;

abeilles tueuses

L’abeille africaine est dénommée abeille tueuse à cause de son agressivité toute particulière. La moindre approche de la colonie est considérée comme une agression et provoque immédiatement une attaque de tout l’essaim.

• Peut-être aussi une recrudescence de la seule araignée venimeuse du Québec, soit la fameuse Chiracanthium mildei. (Lire ici, en entier, mes observations sur ce sujet)

cheiracanthium mildei

Cette araignée est originellement méditerranéenne. En effet, elle a été introduite en Amérique du Nord vers 1930. Or depuis, elle s’est répandue très rapidement sur le continent.

Ainsi, puisque ces nouveaux insectes doivent s’adapter à leur nouvel environnement québécois, et inversement, puisque notre environnement doit s’adapter à ces derniers, il y a souvent des perturbations biologiques au début de l’intrusion d’une nouvelle espèce. Effectivement, l’absence de prédateurs naturels et de maladies dans un environnement donné, peut occasionner l’émergence d’une invasion massive de l’espèce intrusive… jusqu’à ce que la nature rééquilibre le tout en développant des mécanismes de régulation.

Mais bon, les Sphinx forment une famille bien discrète et, raffinés qu’ils sont, ils ne devraient jamais être qualifiés un jour d’invasifs. D’ailleurs, parlant de la rareté des Sphinx, à bien y penser… n’aurait-il pas été absurde d’épingler le dernier spécimen d’une espèce d’insectes? Si bien qu’il ne devrait pas être une fierté d’exposer une espèce rare d’insectes dans une collection… à moins peut-être, de servir à sensibiliser l’opinion publique sur son existence. Or, avec l’Internet maintenant, la photographie peut aussi bien servir la reconnaissance d’une espèce d’insecte qu’un spécimen épinglé.

Lire ici le code d’éthique pour la collecte de papillons

Cela dit, à l’avenir donc, je prioriserai la capture photographique par rapport à la capture physique; ce sera plus écolo ainsi… n‘est-ce pas ? Toutefois, à être vraiment honnête dans cette réflexion, il est bien beau de philosopher sur l’assassinat volontaire d’insectes à des fins d’exposition; mais vous… savez-vous combien d’insectes vous avez inconsciemment écrabouillés au volant d’une voiture ? Ainsi, de par le monde, se pourrait-il que des espèces entières se soient éteintes à cause du développement incessant de l’urbanisation… sans que nous en soyons conscients ? C’est tout dire ici de la pertinance du combat environnemental pour la préservation des écosystèmes.

Et voilà donc, cher lecteur, l’essence de ce qui me traversait l’esprit lorsque j’aperçu le cadavre écrabouillé d’un Sphinx d’Abbott sur un trottoir de la rue Roy à Montréal. Combien de temps suis-je resté ainsi, agenouillé, à fixer les entrailles de ce défunt papillon ? Franchement, je ne pourrais le dire. Toutefois, si je suis certain d’une chose, c’est que la mort de ce papillon fut indigne de sa rareté. Formellement, il y a quelques années, cette espèce de papillon était unique au Québec ; et il s’est trouvé un «innocent» humain pour lui mettre bêtement le pied dessus. Voyez-vous, cette histoire est finalement symbolique à mes yeux : la métaphore concrète que l’espèce humaine écrase de façon insouciante toute forme de vie sur son passage, et cela, sans moindrement se préoccuper de la nature exacte de sa relation avec son environnement.

Une vielle dame promenant son petit chien m’a regardé avec un regard imprégné de dégoût ; elle ne sympathisais manifestement pas avec mon intérêt pour cette «bibitte écrapoutillée». Il est vrai, j’étais quand même planté en plein milieu du trottoir ; d’autant plus aussi que je bloquais la fluidité de la circulation piétonne. « Allons-y Carl, refond-toi dans la masse… toute chose doit avoir une fin ».

Et c’est ainsi, dans l’indifférence générale, que j’ai abandonné le Sphinx d’Abbott à son anonyme destinée.

Fais de toi une belle fleur et tu finiras par connaître le secret du papillon
– Dawhens Débot

NB. Fort de cet article, je suis allé depuis créer une fiche Wikipédia du Sphinx d’Abbott

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14 Commentaires

  1. Bonjour, Aujourd’hui sous ma vigne j’ai trouvé une chenille brune avec un oeil sur la tête. En faisant des recherches j’ai découvert que cette chenille deviendrait un papillon de nuit le Sphinx d’Abbott. S’il y en a une, est-ce qu’ il peut en avoir plusieurs? Comment faire pour observer sa vie et sa transformation?

  2. Dans mon cas, je suis un vieil entomologiste qui retrouve de temps à autre, depuis vingt ans, ce magnifique sphinx chez moi à Ahuntsic car je conserve une vigne vierge à cinq folioles (Parthenocissus quinquefolia) sur les murs de briques de notre résidence. Aujourd’hui, je viens de tomber pour la première fois sur la chenille. Merci d’avoir publié la photo de la chenille qui n’est pas illustré dans Laplante. Le plus récent livre de L. Handfield (1999) indique que la chenille a deux formes, la grise ou la celle maculé de ronds verts; moi c’était la grise qui est moins spectaculaire mais qui a néanmoins son « oeil ».

  3. Bonjour hier dans notre jardin nous avons vu votre sphinx d,abot il butinais en compagnie d’abeille il est vraiment impressionnant et très rapide nous somme en belgique et de ma vie moi et ma famille. N’avions. Vu un papillon pareil. Au début nous pension a un oiseau mouche mais a bien regarder cela était votre papillon nous l,avons pris en photo nous somme de tubize voilà bien à vous

  4. Bonjour,
    Nous avons trouvé au sud de Montréal une chenille du Grand Sphinx de la vigne. Pourtant, sur Wiki, elle se trouverait en Europe et Asie. à votre connaissance, ce papillon a-t-il été recensé au Québec?

  5. Bonjour,
    Je ne suis pas un pro, mais je pense que ce n’est pas un œil sur la tête.
    C’est soit une corne chez certaines espèces, soit ça ressemble à un œil mais c’est alors dissuasif contre les éventuels prédateurs.
    Ce n’est en tout cas jamais un œil fonctionnel.

  6. Bonjour Carl,

    je suis tombé sur ton site car je cherchais le nom de la chenille que ma fille à trouvé dans notre cour, sur la clôture en pin. c’est une magnifique et gigantesque chenille du Sphinx d’Abbott. C’est la première fois que je rencontre cette chenille, est-ce que c’est un oeil qu’elle à sur la tête?
    Pour votre information, la chenille a été trouvé en banlieue de Québec.

  7. Nous avions aussi été surpris par le bruit fort et grave lorsque le sphinx de la vigne vole… un vol lourd …

    C’est peut-être courant pour vous. Mais nous, on découvrait ! 🙂

  8. Bonsoir,
    Je ne suis pas particulièrement passionné par les insectes, bien que j’aime la nature. Je suis tombé par hasard sur cette page.

    J’habitue à Braine-l’Alleud, un peu au sud de Bruxelles, Belgique.

    J’ai eu la surprise de trouvé dans mon living, en juillet 2010, un énorme sphinx : je l’ai clairement identifié comme un Grand Sphinx de la Vigne.

    Le peu que j’en connaissais, j’avais deviné que c’était un sphinx : Wikipedia a fait le reste :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_sphinx_de_la_vigne

    Magnifique !

    Je ne suis pas spécialiste, mais difficile de ne pas l’identifié avec sa taille énorme (environ 5 cm) et ses couleurs rouges…

    http://users.skynet.be/les.papillons/Images/photos1/Gallerie%203/Album%20fin/pages/Le%20Grand%20sphinx%20de%20la%20vigne_jpg.htm

    Je l’ai laissé en vie, capturé car je ne voulais pas qu’il reste prisonnier dans la maison.
    J’ai fait quelques photos à travers le bocal, et je l’ai relâché.

    Comme un Grand Sphynx de la vigne est-il arrivé là ?
    Ok, évidemment mon voisin a quelques tous petits pieds de vigne… mais malgré tout, je n’avais jamais vu cet insecte en Belgique avant !

    ok, je n’y avais jamais fait attention… mais quand même, un Sphinx pareil, ça ne s’oublie pas.

    Aucune des personnes à qui j’ai montré les photos n’en avaient jamais vu avant… il ne doit donc pas être courant…

    Nouveau en Belgique ? Réchauffement du climat ? … peut-être…
    Ou peut-être est-il plus courant que ce que je pense ?
    😉

    Il faut que je mette les photos sur Flickr… 😉

  9. Éric et Marie-Claude, hé oui, ce papillon est vraisemblablement rendu commun au Québec… même qu’il pourrait y avoir deux générations par été comme aux États-Unis. Une preuve encore que rien n’est immuable avec les insectes. La preuve aujourd’hui, ce merveilleux exemple aujourd’hui :

    http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/07/16/un-insecte-non-identifie-nargue-les-entomologistes-britanniques_1073916_3244.html?xtor=RSS-3244

    Un insecte non identifié nargue les entomologistes britanniques
    LE MONDE | 16.07.08 | 14h31 • Mis à jour le 16.07.08 | 16h34

    Un envahisseur inoffensif et furtif se joue des entomologistes de Sa Gracieuse Majesté. Dans sa livrée sombre barrée d’une croix orangée, cet insecte, de la taille d’un grain de riz, n’a toujours pas livré son nom. Découvert, en mars 2007, dans le jardin du Muséum d’histoire naturelle de Londres, il reste muet sur son identité. Et s’est multiplié au point d’avoir conquis l’ouest de la capitale britannique, sans plus se trahir.

    La chose est d’autant plus vexante que s’il est un lieu au monde où l’on devrait pouvoir le démasquer, c’est bien l’auguste institution. Elle ne compte pas moins de 28 millions de spécimens d’insectes, couvrant 500 000 espèces collectées dans tout l’Empire et sur le reste du globe.

    Aucun de ces épinglés ne correspond, à la connaissance de Max Barclay, entomologiste au Muséum, au nouveau venu. Celui-ci ressemble bien à une bestiole retrouvée dans un musée de Prague, mais récoltée à Nice, Arocatus roeselii. Hélas le néo-Londonien affectionne semble-t-il les graines de platane plutôt que d’aulne, comme son sosie niçois…

    « C’est un peu insatisfaisant de constater que dans le jardin du plus grand muséum au monde, il y a un insecte que nous ne pouvons identifier », convient M. Barclay, interrogé par le Times. Sachant que le platane se trouve dans l’ensemble de l’hémisphère nord, de la Chine à l’Amérique, les zones d’origine putatives sont légion.

    IMMIGRATION

    Par chance, l’inconnu n’a pas les moeurs dévoratrices de certains de ses compères envahisseurs. Réchauffement climatique et mondialisation aidant, la circulation incontrôlée d’insectes se multiplie. Une étude coordonnée par l’INRA a montré que, sur la période 2000-2007, en moyenne 19 espèces nouvelles d’invertébrés, essentiellement des insectes, s’établissent en Europe chaque année. Le phénomène est en augmentation, puisque sur la période 1950-1975, le rythme d’immigration était estimé à une dizaine d’espèces par an.

    Ces mouvements font l’objet d’une extrême attention des services de protection des végétaux, car les dégâts engendrés par les nouveaux venus peuvent être considérables. Mais aussi des services sanitaires : des insectes comme le moustique sont de parfaits vecteurs de maladies. L’inconnu de South Kensington ne semble pas de cette engeance.

    Hervé Morin

  10. Bonjour,

    Tout en naviguant sur le net je suis tomber par hasard sur votre site.
    Je travaille dans le domaine de l’horticulture en centre jardin et nous voyons beaucoup de clients.Cette semaine un client est venu nous voir en espérant que nous lui trouverons le nom d’une chenille . Cela m’interessait parce que j’avais trouver la meme chez mes beau-parent. Apres plusieurs recherche avec des collegues nous avons découvert que c’est un SPHINX ABBOTT’S tout ca pour vous dire qu’il a plusieurs spécimen a Charlesbourg pres de la ville de Québec.

    Merci
    Marie-claude B

  11. WOW !! C’est une drôle de coïncidence puisque j’ai moi aussi le livre de Jean-Paul Laplante et j’ai moi aussi attrapé un Sphinx d’abbott à Verchères quand j’était plus jeune (+-1995). Il y a bien longtemps que j’ai pis connaissance de la rareté de ce spécimen mais aujourd’hui comme je n’avais rien à faire j’ai eu le goût de regarder sur internet et voila que je trouve ce texte. Il y a longtemps que je ne collectionne plus mais je suis toujours à l’affut pour repérer une espèce spéciale d’insecte.

  12. Merci beaucoup M. Dubuc pour cet agréable commentaire ; cela fait toujours plaisir, d’autant plus que vous êtes spécialiste dans la matière. D’emblée, je suis heureux de savoir que le Sphinx d’Abbott semble arriver à s’émanciper sur le territoire québécois, le destin semble bien faire dans son cas.

    En passant, vous aurez remarqué, je développe, ici, davantage d’articles entomologiques; la raison est que je m’oriente pour devenir technicien en gestion parasitaire… une façon comme une autre de gagner ma vie en alliant ma passion pour les insectes (quitte à entreprendre des études en biologie). D’ailleurs, je suis présentement en train d’élever des araignées Dolomèdes (assurément ici, un prochain sujet d’article); toutefois, il me devient de plus en plus difficile de subvenir aux besoins de cette famille grossissante. Or, je me demandais s’il me pouvait m’être possible de trouver, au 7e salon des Insectes, des personnes prêtes à adopter quelques-unes de mes protégé. Peu importe, j’irai assurément faire mon tour, quitte aussi d’acquérir un exemplaire de votre livre Les insectes du Québec. De la sorte, je viens à l’instant de notifier Les insectes du Québec comme l’une de mes lectures prévues dans ma bibliothèque virtuelle : http://radicarl.net/index.php?now_reading_library=true

    Alors, M. Dubuc, j’ai bien l’impression que nous nous rencontrerons bientôt (d’autant plus que j’ai ce projet, l’année prochaine, de déposer quelques larves de Sphinx d’Abbott dans la pergola de ma mère).

  13. Deux fois bravo ! Je cherchais de l’information sur Jean-Paul Laplante lorsque je suis tombé sur ce merveilleux blogue ! C’est la première fois que j’écris sur un blogue… je ne sais pas trop comment ça marche… En tout cas, je voulais juste ajouter que l’une de mes filles a trouvé la chenille du Sphinx d’Abbott sur la vigne vierge! Monsieur Abbott serait fier de son papillon, puisqu’il se rend maintenant jusqu’à Saint-Augustin-de-Desmaures à 10 km à l’ouest de la ville de Québec ! La chenille est en élevage dans un manchon depuis environ une semaine et elle se porte bien ! Je l’ai photographié il y a deux jours; quelle drôle d’allure pour une chenille de sphinx avec ce ‘gros oeil’ ! Bye !
    Yves Dubuc, auteur du livre ‘Les insectes du Québec’ aux éditions Broquet

  14. waaa! c fou cque le réchauffement de la planete apporte !! Il y a quelque chose comme 300 millions d’année le québec avait un climat tropical… je crois bien qu’on y retourne tranquillement !!

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