Un beau grand projet pour Montréal
Avec ma franchise et mon indépendance d’esprit, je ne m’attirerai aucune faveur des partisans de tout acabit en m’exprimant aujourd’hui sur l’élection municipale à Montréal; pour ce que peut encore valoir l’opinion du premier élu dans l’histoire de Projet Montréal.
À priori, je ne pensais pas aller voter tellement j’ai de la difficulté à m’identifier aux formations présentes. De mon point de vue d’indépendantiste neutralisé, cette poigne d’enfoire électorale m’apparait comme être confinée dans les estrades pendant un pénible match de lutte royale entre le NPD, les libéraux et le retour du Equality Party.
Tant qu’à choisir entre la peste et le choléra, vaut mieux en rire
Cela dit, si je me retrouve tout de même encore dans le programme de Projet Montréal, je dois avouer avoir beaucoup de misère avec la personnalité de la mairesse Valérie Plante. D’emblée son sourire niais scotché à son visage m’est purement antipathique, mais le festival surprise de la wokerie qu’elle nous a fait subir durant son dernier mandat mérite en soi d’être puni. À cet effet, on peut sommairement évoquer :
- Son malaise à faire respecter le décorum avec le drapeau québécois et son enthousiaste anglomanie à ne s’exprimer qu’en anglais dans certains événements publics à Montréal
- Son avant-gardisme pour faire tourner, telle une prière woke, le faux concept que Montréal est un territoire non cédé par les Mohawks
Bien que je ne partage pas l’obsession de ce vlogueur de l’alt-right québécoisespour les Antifas, voire carrément aussi les personnes noires pour lesquelles il exprime des commentaires malaisants, les vidéos d’archives qu’il a trouvés de Valérie Plante ici sont ma foi bien singulières
- Le simple fait d’avoir servi de tremplin politique à l’activiste anti-québécois Balarama Holness en lui offrant de se présenter à la mairie de Montréal-Nord sous la bannière de Projet Montréal en 2017 … une créature qui lui a très rapidement échappé de son contrôle et qui depuis assume pleinement son indépendance via son nouveau Parti « mouvement Montréal
- La nomination de son amie Bochra Manaï à un nouveau poste de commissaire à la lutte contre le racisme à Montréal (c’est-à-dire que nos taxes fournissent 126480 $par année à cette activiste pour lutter à temps plein contre le nationalisme québécois et la loi 21 sur la laïcité démocratiquement appuyé par la grande majorité des Québécois)
Bref, à la lumière de ces quelques faits d’armes woke, on pourra logiquement prédire qu’un prochain mandat sous sa tutelle confirmera un biais culturel pour promouvoir politiquement cette quasi-religion au Québec… un programme dont on peut d’ailleurs deviner une influence émanant du Brodbent Institute. Avoir su d’emblée que Valérie Plante avait siégé au Conseil d’administration de cet intrinsèque think thank fédéraliste (à l’instar de sa collègue et co-fondatrice de Québec-inclusif, Émilie Nicolas) je n’aurais jamais voté pour sa candidature en 2017.
À cela, il s’est révélé dans les médias, et dernièrement dans le livre de mon ancien collègue Daniel Sanger, une certaine dérive autoritaire dans les instances de Projet Montréal sous sa tutelle. Ainsi, quand je réfléchis qu’à l’origine de la fondation de Projet Montréal je m’étais investi pour la réalisation d’un réseau de tramway (vous savez, le fameux projet qui a justement donné le nom à ce parti) avec davantage de démocratie participative… Alors, avec du recul, disons que je me sens quelque peu floué.
Heureusement, l’arrivée de Luc Rabouin comme maire du Plateau ramène ces enjeux au cœur de Projet Montréal (oui, être encore dans ce quartier et je voterais assurément pour lui). En effet, je peux confirmer que, durant mon mandat comme conseiller municipal dans le Plateau, ce dernier talonnait notre administration en poussant davantage de mesures démocratiques dans notre arrondissement. Ironiquement, puisque Luc Rabouin était pour moi un allié fondamental pour la promotion d’un quartier vert dans l’est du Plateau, j’étais l’un des seuls à faire écho de ses revendications dans le caucus des élus quant aux principes de démocratie participative. Or, si nous étions réputés pour être avant-gardiste au niveau du réaménagement de l’espace urbain, on ne pouvait pas en dire autant sur la transparence en général et sur la volonté de faire participer les citoyens non partisans pour définir notre politique locale.
Tant qu’à revenir sur mes souvenirs politiques, je me souviens de ce bris de confiance déterminant envers mes anciens collègues de Projet Montréal. En effet, je fus consterné de les voir refuser ma motion sur la mise en place d’un registre de loyer durant un conseil d’arrondissement en 2013. Donc, aux yeux de leur agenda partisan, parce que j’étais alors passé à Vision Montréal, il était plus important de m’enlever un potentiel de croissance politique (dans leur platebande à gauche)… que de m’aider à réaliser un outil social pouvant nous permettre de lutter contre la spéculation des loyers à Montréal. Disons qu’une décennie plus tard, et à la lumière du problème actuel d’inflation des loyers, permettez-moi ici d’être encore amer par rapport à mon expérience dans l’arène municipale, voire la nature humaine en général.
Rejet de la motion pour un registre national des loyers par Projet Montréal durant un conseil d’arrondissement dans le Plateau-Mont-Royal ?!?
Ah, comme les politiciens étiquetés à gauche peuvent finalement s’avérer bien individualistes quand il est question de défendre leurs intérêts partisans. Donc, j’ai beau être totalement au diapason avec les grands engagements pris officiellement par Projet Montréal durant l’élection en cours, je demeure vigilant quant à la volonté réelle des politiciens de carrière à réellement travailler pour concrétiser leurs promesses électorales.
Toutefois, j’ai beau aujourd’hui être critique envers mon ancienne formation, il y a quand même pire que Projet Montréal face à nous. Bien sûr, depuis mon départ de la scène municipale, je demeurais passivement en attente d’une éventuelle troisième voie qui se profilerait à l’horizon. Cette voie aurait pu être celle portée par Marc-Antoine Desjardins, mais ce dernier s’est complètement discrédité en s’alliant naïvement avec Balarama Holness, le grand promoteur de l’anglisication de Montréal.
Parlant justement du loup, certains nationalistes québécois se confortent à clamer que ce dernier est un marginal excentrique en manque d’attention, mais c’est manquer ici de perspective sur la réalité que de ne pas saisir l’essence de sa nature politique. En fait, cet activiste et pionnier sait très bien ce qu’il fait et de son rôle à jouer pour accélérer une vision conquérante du futur. À moyen terme, d’ici peut-être 20 ans, son mouvement trouvera un réel rapport de force politique dans la composition du conseil municipal à Montréal. Puis, en concordance de la tendance sociologique suivant son cours (qu’il ne faut jamais négativement évoquer au risque d’être politiquement annulé), il finira à terme par devenir majoritaire. Bref, l’objectif de Balarama Holness n’est pas de devenir maire de Montréal mais de réseauter politiquement des anglophones vers la perspective de faire de Montréal un genre de cité-État « bilingue » (un mot codé pour dire anglophone) politiquement indépendante du Québec Français.
Pour la suite de ce projet politique, les francophones qui seront jugés sociologiquement réfractaire « au progrès » à Montréal continueront d’être inexorablement repoussés plus loin vers la banlieue et du centre économique (en attendant de finir isolés en région dans une génération ou deux). Puis, toujours plus décomplexé via la propagande nationaliste des médias fédéralistes (qui plaident allègrement d’ailleurs la justice woke pour angliciser définitivement ce supposé territoire non cédé aux Français), le drapeau canadien finira ainsi par rayonner au cœur de la seule métropole francophone d’Amérique. Avec du recul, c’est quand même ironique que c’est au nom de la diversité et de la lutte au racisme systémique que Balarama Holness justifie son objectif de conquérant suprémaciste.
Paradoxalement toutefois, son influence électorale sur les plaques tectoniques de la joute partisane à Montréal pourrait faire valser les réseaux libéraux de Denis Coderre dans les quartiers à forte concentration de communautés ethniques. L’ironie du sort fait donc en sorte ici que, malgré tout, Balarama Holness demeure un allié de circonstance à Valérie Plante; qui doit toutefois avancer vers ses positions politiques afin de ne pas trop lui laisser le champs libre quant à la portée de ses critiques à l’égard d’un Projet Montréal pas assez ouvert à « la diversité ». Loin de contester cette accusation digne de la calomnie, cette dernière s’est plutôt engagée à faire évoluer Projet Montréal dans le sens des revendications racialistes de Balarama Holness, non sans avoir profité de l‘occasion pour organiser le remplacement de conseillers municipaux jugés trop blancs et francophones… voire comme par hasard souverainistes (ex. Luc Ferrandez, François Croteau et Richard Ryan).
Bref, il faudra admettre que Balarama Holness aura finalement bien jouées ses cartes pour placer son Parti dans la fameuse troisième voie. Quant aux souverainistes francophones sur la scène municipale à Montréal qui ont pu être par le passé représenté par des leaders de la trempe de Jean Doré, Pierre Bourque et Louise Harel, ils sont dorénavant relégué à l’histoire… en correspondance sociologique avec la disparation définitive du Parti Québécois de la métropole.
Parlant maintenant de Denis Coderre, je ne me rappelle pas d’avoir observé un retour aussi raté en politique active. Au-delà de son changement cosmétique d’ordre personnel, force est d’admettre que ce politicien classique et essentiellement carriériste n’offre absolument rien de nouveau aux Montréalais; ce dernier est littéralement dépassé à tous les niveaux. En effet, malgré qu’il soit parti en tête dans les sondages, tout le long de cette élection il aura été en réaction à la campagne du Projet Montréal… qui fut rodée au quart de tour.
Pour ma part, à la recherche d’un équilibre politique dans le contexte politique à Montréal, je dois avouer avoir envisagé couper la poire en deux. C’est-à-dire de voter pour le programme de Projet Montréal en y visant une majorité d’élus aux Conseils municipaux via le vote des conseillers… mais de punir le wokisme de Valérie Plante en votant pour Denis Coderre à la mairie de Montréal. Ainsi, j’essayais de me convaincre qu’il était un moindre mal; car n’étant pas idéologue, je le vois tout de même pouvoir s’accommoder du programme de Projet Montréal. Mais son improvisation chronique jumelé à sa contre-performance générale durant cette campagne m’ont finalement fait éliminer cette option… même si dans son sillage semble apparaître une certaine solution.
En effet, je dois avouer avoir fait une soirée de porte-à-porte avec celui qui me semble être le candidat de l’avenir à Montréal. Formellement, c’est un candidat d’Ensemble Montréal à la mairie de Villeray… mais que j’ai évidemment connu dans les instances de Projet Montréal. Et dire que, si Guillaume Lavoie avait justement gagné la direction de ce parti en 2017, c’est-à-dire concrètement, si le réseau du NPD allié à la gauche radicale ne s’était pas mobilisé contre sa candidature en pistonnant Valérie Plante… nous n’en serions pas là aujourd’hui. Si bien que pour la suite des choses, il est impératif que ce candidat puisse revenir au Conseil de ville. Qu’importe finalement la victoire ou non de Denis Coderre à la Mairie, puisque Guillaume Lavoie m’apparait le candidat idéal pour prendre la direction de son nouveau Parti et ramener au centre l’équilibre politique à Montréal… ouvrant en plus une certaine porte aux souverainistes 😉
Pour revenir au choix que j’ai à faire tantôt et à l’issu de mon vote dans le Vieux-Rosemont, je vais donc finalement m’abstenir à la mairie de Montréal… mais encore une fois voter pour les candidats de Projet Montréal aux autres postes. Disons ici que l’intéressante candidature de Dominique Ollivier dans mon district est de gros calibre puisqu’elle est pressentie pour diriger le Comité exécutif (Bonne chance, mon François, dans ton nouveau défi de maire de Rosemont). Mais oui, je vais quand même admettre que le fait d’avoir connu cette dernière dans les instances du Bloc Québécois conforte mon action à lui donner mon vote, car je vais toujours favoriser l’élection des souverainistes au Québec.
Mais au-delà le cheminement byzantin de mon vote stratégique, je voudrais quand même spécifier être parfaitement satisfait des réalisations municipales de Projet Montréal, surtout quant au verdissement en général de notre environnement. Comment évoquer ici mon sentiment de satisfaction lorsque je quitte mon logement chaque matin et que j’admire nos magnifiques saillies de trottoir végétalisées ? Le développement systématique de ce concept urbain impose notre reconnaissance et mérite à lui seul l’issue de mon vote à Projet Montréal. Sur un plan davantage personnel aussi, disons que cette réalisation donne un sens à toute mon implication antérieure dans Projet Montréal. Quand je pense avoir été jusqu’à faire un stage à l’Hôtel de Ville à Paris pour importer ce genre d’idées à Montréal… je peux aujourd’hui trouver un certain sens à mon cheminement politique et continuer mon chemin sur une note positive.
Quant à la protection et l’avenir du français à Montréal, vous pardonnerez mon pléonasme ici, mais si Valérie Plante s’est plantée dans son dernier mandat, son recrutement de Louise Harel pour pallier à ce déficit est à saluer. Bref, si aujourd’hui nous permettons à Projet Montréal de poursuivre son programme progressiste; rien ne nous empêche d’observer l’avenir en y recherchant un meilleur candidat à greffer à la tête de cette formation.
Cependant, face à la disparition programmée de ma famille politique et, par extension à ma culture nationale à Montréal (que la propagande fédéraliste associe intrinsèquement au racisme systémique), je me pose quand même la question s’il est encore pertinent pour moi de déployer de l’énergie dans cette métropole. Car, à travers l’axe de son anglicisation woke et néolibérale, non seulement Montréal deviendra antagoniste au projet d’un Québec français, mais son embourgeoisement inéluctable fera aussi de cette ville un endroit exclusif à la classe aisée. Or, quand bien même que Montréal deviendrait plus verte et agréable à vivre, elle sera ultimement habitée par les gens aux moyens économiques pouvant se le permettre… ou qui trouveront leur compte en s’adaptant culturellement à cet environnement social aliénant.
Pour ma part, tant qu’à promouvoir encore l’entretien de l’environnement, je préfère maintenant planter des arbres et enseigner à mes pairs le développement des jardins. D’ailleurs, la biosphère terrestre n’a pas à payer le prix de notre incapacité à défendre adéquatement notre environnement… qu’il soit d’ordre écologique ou politique.
En conclusion, si le réel projet, tel que définis par des stratège fédéralistes, était plutôt le remplacement de l’originalité francophone de notre métropole par un clone générique de n’importe quelle grande ville nord-américaine… force d’admettre que cette aventure était finalement un beau grand bateau :/
Pourquoi je pense toujours à mes anciens collègues de Projet Montréal lorsque j’entends cette chanson ?
Ainsi, dans le mouvement accéléré des évolutions sociales, le spectacle tourbillonne autour d’un pivot invisible : ce projet théâtral dont ne nous reste qu’une apparence, le texte
– Alain Rey