Le projet pilote de verdissement écologique sur la pente Pauline-Julien
Ce que j’aime de la politique municipale c’est de pouvoir travailler sur des petits projets bien concrets. Quand même, avouez que c’est stimulant de pouvoir rapidement mesurer l’évolution d’une décision politique. Alors, parmi les projets pilotes de notre administration me tenant particulièrement à cœur, il y a ceux laissant davantage d’espace à la biodiversité… comme celui de la bande fleurie au milieu du Boulevard Saint-Joseph et l’autre de la pente Pauline-Julien (au nord de la rue Saint-Grégoire dans le petit Laurier). Cependant, malgré plusieurs commentaires positifs, certains citoyens m’écrivent toujours afin de me demander des explications sur ces projets.
La décision de ne pas planter de gazon sur la pente Pauline-Julien a été prise dans l’objectif d’élaborer une nouvelle pratique de verdissement de certains espaces sur le territoire. Effectivement, cette démarche écologique s’inscrit autant dans une vision de développement durable que dans une volonté de préserver la biodiversité en ville.
À l’origine, du gazon avait été posé à cet endroit. Avec les années, les arbres de la partie plus ancienne ont pris de l’ampleur et ont créé des zones ombragées ayant pour effet de réduire la pousse du gazon, mais favorisant toutefois celle des fleurs sauvages. C’est alors qu’une gestion plus écologique de la pente a été entreprise, d’autant plus qu’elle se trouve à longer la voie du CP rail, littéralement un chemin agissant comme un bio-corridor traversant l’ile de Montréal. (Il faudrait d’ailleurs commencer de penser à protéger durablement cet état dans le temps).
Par ailleurs, étant donné que la pente draine naturellement l’eau vers le bas, nous avons constaté qu’en conservant un tapis végétal nous réduisons l’évaporation du sol. Amoindrissant ainsi le choc causé aux arbres dus à la sècheresse; nous offrons alors une plus grande résistance aux arbres et leur assurons donc une meilleure santé. Puis, au-delà les considérations esthétiques (subjectives d’un citoyen à l’autre), un pré fleuri aide à la purification de l’air et soutient la biodiversité (différentes espèces d’oiseaux et d’insectes viennent y vivre ou s’y nourrir). De plus, en réduisant l’entretien avec notre machinerie, non seulement nous réduisons la pollution et causons moins de bruit, mais nous transmutons le travail de nos employés vers d’autres fonctions. Cependant, pour être bien acceptée par les citoyens, la biodiversité en ville ne doit pas signifier pour autant un laisser-aller total. Ainsi, il va sans dire qu’il faut veiller (les services municipaux et les citoyens) à ramasser les divers déchets, voire à éliminer les plantes nuisibles (telle l’herbe à poux). Je rajouterais donc qu’il m’apparait aussi nécessaire de suivre un subtil aménagement à des fins d’esthétisme… voire de marketing.
Bref, le succès de ce projet pilote fait partie de mes priorités afin d’éventuellement étendre son modèle, voire, faire évoluer les mentalités vers un meilleur rapport avec la nature en ville.
En conclusion, comme le dit si bien Roger Latour dans son guide de la flore urbaine, «Les façons dont nous concevons la nature sont complexes et pas toujours très… naturelles! Il semble qu’il soit bien commode de pointer d’un doigt accusateur quelques végétaux plutôt que d’admettre la massive influence sur l’environnement que constitue une agglomération urbaine».
Bien sûr, la végétation de nos parcs et les plantations d’arbres nous rendent de nombreux services; cette verdure aide à la régulation de la température et de l’humidité puis nous donnent de l’air pur et un bienêtre général. Or tout cela nous est aussi donné par de la flore spontanée. De cette diversité végétale, trop souvent ignorée, dépendent de nombreux insectes (dont les pollinisateurs), oiseaux et petits mammifères. Mais contrairement aux parcs, il s’agit bien ici d’un écosystème naturel. En terminant, il faudra aussi être cohérent avec la ratification de la déclaration sur la biodiversité (par le maire Tremblay en personne). Si bien qu’en définitive, l’administration municipale du Plateau-Mont-Royal fait simplement ici un premier pas vers cet engagement.
Lors du Sommet de la biodiversité de Montréal en avril 2010, la ville de Montréal a présenté son objectif de protéger 8% de son territoire en milieux naturels. Le maire Tremblay a signé la déclaration ci-jointe ainsi que plusieurs conseillers, organismes environnementaux, etc. sous les yeux des médias.
|