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Posté par le 19 septembre 2009 dans Écologie, Politique municipale, Projet Montréal

L’écologie, bien sûr! Mais pas fatalement au prix de la démocratie

une pancarte électorale à Montréal 2005

Montréal serait épargné du déluge de pancartes électorales municipales. Du moins, c’est ce qu’ont annoncé Union et Vision Montréal le mois dernier. De notre côté, à Projet Montréal, nous sommes perplexes. Si le concept d’une élection respectant  davantage l’environnement visuel des citoyens est une évolution des mœurs démocratique, il ne faudrait pas pour autant tomber dans ce piège politique du maire Tremblay.

Car, ne soyons pas naïfs! Naturellement, les organisations politiques institutionnelles obéissent bien plus aux impératifs électoraux  qu’à des principes de valeurs. Si bien que l’administration Tremblay aura certainement calculé son avantage à «éliminer l’affichage» (de ses adversaires). Et admettons-le ici, en plaidant pour «une campagne verte», la stratégie est malheureusement efficace.

pancarte électorale

Pas de pancarte pour l’élection municipale, c’est bien beau… mais encore, faudra-t-il espérer aussi que l’élection fédérale ne soit pas déclenchée en même temps

Dans un premier temps, ce plan évacuerait la présence visuelle du seul parti financé à 100% par des citoyens. L’administration Tremblay le sait trop bien, l’affichage public est incontournable pour les petits partis méconnus du public. En contrepartie, les politiciens en place mettront le prix fort pour acheter de la publicité dans les médias conventionnels (télé, radio, journaux, distribution postale, espace publicitaire), des médias que Projet Montréal peinera  à couvrir. Et ici, considérant qu’en 2005, la campagne électorale de l’équipe du maire avait dépensé 4 millions de dollars (comparativement à 63 000$ pour Projet Montréal), les éventuelles pancartes de mon parti ne seront qu’une goutte d’eau face à la propagande du pouvoir politique qui inondera l’espace médiatique. Alors, de toute façon, parce que nous serons envahis de publicité électorale en tout genre, Union Montréal ne ressent plus le besoin de générer une orgie de pancarte.

Gérald Tremblay

Voici exactement le genre de marketing électoral généré par une firme de communication spécialisé. Comme il est bon notre gentil maire qui  » DONNE DE LA VIE » avant l’élection!

Dans un deuxième temps, en plaidant pour l’objectif de faire une «campagne verte», l’administration Tremblay contraindrait le seul parti écologique à aller contre ses valeurs pour demeurer compétitif. Ainsi, quand nous considérons que les questions environnementales ont toujours été secondaires pour l’administration en place (priorisation systématique des infrastructures de l’automobile, politique néolibérale), l’argumentaire écologiste d’Union Montréal est clairement du ressort électoral. Bref, cette stratégie de jouer la carte verte contre Projet Montréal est finalement machiavélique!

projet montreal tramway

Dans les faits, en faisant du réseau de tramway le pivot central de son programme, Projet Montréal est le seul parti poursuivant une logique de développement durable.

Alors, si le but était de réellement faire une campagne verte, il faudrait logiquement appliquer une règlementation «carbone zéro» durant l’élection. Ainsi, un organisme indépendant pourrait évaluer les dépenses énergétiques encourues dans la présente campagne électorale afin de compenser les émissions de CO2 par une plantation d’arbres équivalente.

Mieux encore, pour bien concevoir la dimension écologique de nos actions électorales, cet organisme pourrait même calculer l’empreinte écologique de chaque parti. Car, la pollution ayant un lien direct avec la consommation et la dépense  d’énergie, il faudrait réaliser que les pancartes en coroplaste ne sont pas les seules responsables de la pollution en période d’élection.

autoroute Notre-Dame

La vraie couleur de la campagne d’Union Montréal n’est pas verte, mais grise. Dans les faits, la transformation de la rue Notre-Dame en autoroute combinée à la construction d’un pont reliant Montréal à l’autoroute 25 et au réaménagement de l’échangeur Turcot s’inscrit dans un vaste plan afin d’accroitre le débit autoroutier dans l’ile de Montréal. La preuve que tout ceci est délibéré, l’actuel mise en place de 30 000 nouveaux stationnements souterrains dans le centre-ville pour accueillir les nouvelles voitures.


Ici, même Michel « Vélo » Labrecque, la caution verte d’Union Montréal, avoue son impuissance face à l’orientation politique de son parti.

Par ailleurs, il faut lire entre les lignes, la décision d’Union Montréal de ne pas faire imprimer 30 000 pancartes n’est pas pour autant synonyme d’une campagne sans affiches… encore moins d’une campagne sans pollution visuelle. Car, si les citoyens en viennent écœuré par l’utilisation des pancartes électorales, c’est bien parce qu’elles envahissent notre environnement visuel en se répendant anarchiquement dans l’espace public. Alors, si la volonté d’Union Montréal était vraiment d’épargner notre environnement visuel, encore faudrait-il restreindre aussi la publicité politique de tout acabit. Subséquemment, ce qui choque vraiment les citoyens, ce n’est pas tant les pancartes en soit, mais bien leur utilisation excessive… c’est-à-dire la grotesque démonstration visuelle de dépenser de l’argent en publicité. En plus, quand on réalise que 50% des dépenses électorales sont remboursées par le DGEQ via nos taxes, il y a de quoi s’enrager après les les jovialistes candidats cravatés en rang d’oignon sur les pancartes. Ainsi donc, permettez-moi de penser que les esthétiques petites pancartes de Projet Montréal n’ont rien à voir avec les agressives campagnes de marketing des partis institutionnels.

Quant à moi, la vraie question ici est la façon dont est dépensé l’argent en publicité électorale; c’est-à-dire, d’un véritable point de vue écologique et démocratique, la dépense d’énergie engagée par les partis politiques durant les élections. Car, lorsque nous réalisons que le financement d’Union Montréal provient surtout des lobbys (promoteurs immobiliers, cabinets d’avocats, firmes d’ingénieurs et autres entreprises privées), nous comprenons que la pollution publicitaire est en fait commanditée par des intérêts privés.

Or, un parti ainsi financé contracte une dette  informelle envers ses financiers… si bien qu’après son éventuelle élection, le comité exécutif de Montréal en arrive à «rembourser» ses commanditaires sous forme de contrats publics… tout cela aux frais des contribuables, évidemment. Bref, non seulement le financement électoral des lobbys s’avère ainsi du gaspillage d’énergie, mais il est évident que cette pratique relègue l’intérêt des citoyens au second plan.

Pour assainir la vie politique municipale, il faut que le financement des partis politiques soit strictement populaire et parfaitement transparent. J’encourage vivement toutes les Montréalaises et tous les Montréalais de bonne volonté à soutenir Projet Montréal, dans la mesure de leurs moyens.
– Honorable John H. Gomery

Une autre solution

En guise de solution, en terme d’affichage électoral, je préconiserais une formule que j’ai vue en France. Dans ce pays, plutôt que de laisser l’espace public en proie à un déséquilibre visuel entre les diverses options démocratiques, des panneaux d’affichage sont préalablement installés pour tous les partis devant tous les bureaux de vote durant la «campagne officielle». Chaque candidat dispose ainsi d’un emplacement de même dimension numéroté et tiré préalablement au sort. Le panneau «0» sert pour l’affichage officiel dont l’affiche est de couleur blanche.

campagne_referendaire_2005_artlibre1

affiches_presidentielles_fr_20071

Alors que pour les élections locales ou législatives, ce sont les militants des partis politiques qui collent les affiches, pour l’élection présidentielle, très règlementée, ce sont des sociétés d’affichage privées qui s’occupent de la mise en place de toutes les affiches sur l’ensemble des panneaux électoraux. Mais encore là, le fait de recourir à des entreprises privées pose nécessairement le problème de la collusion entre l’intérêt public et l’intérêt privé.

En parlant justement de collusion entre l’intérêt public et l’intérêt privé. Commencez-vous à comprendre pourquoi « notre » service de location de vélo (Bixi) n’a pas été intégré dans la STM (Société de transport de Montréal) ?

En conclusion, bien sûr, nous devrions toujours  préconiser des mesures écologiques lorsque nous le pouvons. Mais voilà, il ne faudrait pas pour autant sacrifier la démocratie sur l’autel du marketing  vert. Puis, il ne suffit pas de parler d’environnement pour être écologique, encore faudra t-il que les paroles des politiciens se transposent en action réelle. En ce sens, il est beau parler de la pollution des pancartes, en autant que cela n’empêche pas les candidats à débattre des grands enjeux environnementaux; et surtout, de leurs propositions pour faire de Montréal une ville vraiment écologique.

Combien faut-il abattre d’arbres pour fabriquer le papier de la campagne électorale du parti écologique ?
-Patrick Sébastien

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Léonard Langlois
Léonard Langlois
14 années il y a

Malgré leurs engagements de limiter la publicité d’affichage (Union et Vision), ils ont quand même envoyé à leurs sympathisants des tonnes de pancartes électorales, alors, ils les ont quand même imprimés ces pancartes. Dans les centres commerciaux, sur les balcons de certaines propriétés, certaines entreprises, une station-service fermée, il est possible de voir des pancartes de l’équipe Tremblay-DeSousa. Dans le fond, ils ont simplement déplacé l’affichage de l’espace public vers l’espace privé, tout en achetant du grand espace publicitaire sur des autobus, dans le métro (dans le cas de Vision – tellement qu’ils viennent pleurer à la télé en se flanquant de Julien Poulin pour nous supplier de leur payer leur pub qu’ils ont fait à crédit!). N’importe quoi.

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