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Posté par le 22 juillet 2013 dans Politique, Société, Sociologie

Les différents types de nature en politique

Les différents types de nature en politique

La culture politique m’a été transmise par mon père dès mon enfance. En effet, ce dernier a activement milité dans le Parti Québécois durant près de 30 ans. J’ai donc pratiquement été élevé dans ce milieu… et j’y œuvre encore en tant que conseiller municipal. Tout ça pour vous dire que malgré mon jeune âge pour un politicien, j’ai déjà bien roulé ma bosse dans le domaine. Assez pour me permettre une certaine analyse sociologique du milieu en question.

Alors, voici donc mon postulat aujourd’hui : pour tout politicien voulant élever sa formation vers le succès électoral, il s’avère important de saisir les intérêts de tous et chacun afin de pouvoir coordonner adéquatement les efforts du groupe dans des objectifs précis. Car, même relié à travers un seul parti, c’est une évidence que l’ensemble des individus ne vont pas «en politique» pour les mêmes raisons. Ainsi, une formation gagnante arrivera à concilier une masse critique d’intérêts individuels à travers ceux du parti. Par ailleurs, le politicien «opérant» devra reconnaitre les différents types de natures avec lesquelles il doit apprendre à composer. Parce que même si chaque parti politique a ses propres spécificités culturelles, je pense toutefois qu’il y a des «genres de nature» qui se retrouvent universellement à travers toutes les formations politiques. Je vous offre donc grossièrement ici une liste desdites catégories en question.

Le rêveur

C’est le type qui a un certain idéal collectif en tête. Intrinsèquement progressiste, voire révolutionnaire, il s’incline généralement à gauche puisqu’il est habité par un changement sociétal. À priori marginal, il vit dans le monde des idées et éprouve ainsi un besoin irrépressible de rassemblement pour rêver en groupe et se réconforter. Les rêveurs ont besoin d’une mission pour s’investir dans un parti et suivront des dirigeants visionnaires sachant les faire rêver. D’ailleurs, les fondateurs de tout parti sont logiquement issus par ce genre de type. Davantage animé par «le bien commun», le type rêveur se méfiera des individualistes et des entités de type carriéristes. Assurément, c’est dans cette catégorie de type que nous trouveront les militants les plus convaincus… et les plus convaincants. Parallèlement, un parti avec beaucoup de militants sera une formation animée par les passions… et donc aussi les guerres de personnalités. Bref, elle sera ainsi difficile à gérer au quotidien. Avec l’usure du pouvoir, les partis s’institutionnalisant finiront par perdre ce genre de type, c’est-à-dire ici leur base radicale. À noter que le type rêveur n’étant politiquement en confiance qu’avec les entités partageant leur vision de l’avenir, ils seront portés à devenir idéologiquement sectaires et générer des «guerres de chapelles».

Son objectif : Atteindre un idéal de société
Son genre de chef : charismatique, idéologue, radical, passionné

Le carriériste

Inhérent au domaine, c’est le type qui va en politique pour l’expérience professionnelle et/ou y gagner sa vie. Il aime la politique pour la politique et se fout généralement des luttes idéologiques à proprement dit. Il est fondamentalement attiré par le pouvoir et ne fait jamais rien inutilement. S’il donne de son temps libre, c’est parce qu’il en trouve un avantage personnel ou une possibilité d’avancement. Opportuniste, tout pour lui est calculé. Caméléon, il est un champion de l’adaptation et sait naturellement modifier ses propos politiques à l’air du temps. Moralement hypocrite par nécessité, il est cependant le type le plus direct quand il est question de négocier.

Se servant de son parti plutôt que de le servir, il utilise les idées politiques pour gagner l’ascendant social. Dans les partis portant à gauche, il saura quelquefois émettre des propos radicaux afin de confondre la garde des rêveurs et se maintenir à bord. Même s’il est prêt à en découdre pour gagner sa place en politique, il évitera les conflits de personnalités inutiles et les réelles guerres idéologiques.

De nature pragmatique, il est possible pour un parti de contrôler les types carriéristes en les maintenant à des positions qui conviennent à leur salaire. Si le parti assure ses intérêts personnels, le carriériste sera reconnaissant et loyal aux intérêts du parti. Les postes rémunérés étant limités, le type carriériste est instinctivement sectaire afin de réduire le nombre de compétiteurs dans son parti. Il est à noter que la présence critique du type carriériste est le propre des partis aux pouvoirs. Évidemment, c’est le genre de catégorie le plus enclin à la corruption.

Son objectif : atteindre le pouvoir individuel à travers celui de son parti
Son genre de chef : populaire et modéré. Il suivra les politiciens ayant la faveur des sondages

L’exécutant

Il est un professionnel engagé dans un parti politique pour tenir une fonction définie. Subséquemment, nous retrouvons habituellement parmi cette catégorie les entités les plus compétentes d’un parti, puisqu’ils doivent généralement leur entrée dans le monde politique pour des forces précises. Ils peuvent être contractuels, organisateurs, attachés politiques, apparatchiks, conseillers spéciaux… voire «mercenaires». Leur présence et nombre dans un parti est un indicateur de sa maturité.

Contrairement au carriériste, le type exécutant n’est principalement pas guidé par une quête de l’argent, même s’il est souvent dépendant de son salaire. Il recherche à priori l’expérience et se considère comme un professionnel dans sa fonction. Donnant l’essentiel de ses énergies de travailleur au parti l’ayant engagé, il jugera souvent, dans son for intérieur, les autres types de catégorie comme des incompétents. Travaillant de facto sous pression, il est en contrepartie sujet aux dépressions et «burnouts». Ayant été davantage employé pour ses aptitudes plutôt que ses idées, il attise naturellement la méfiance du type rêveur à qui il devra quelquefois prouver sa «bonne foi» idéologique.

Étant tenu à la confidentialité par son emploi, il est nécessairement hypocrite pour des raisons professionnelles. De facto loyal à son parti, il a rarement le privilège de remettre ouvertement en question l’autorité de son employeur. En contrepartie, en œuvrant à temps plein dans les eaux politiques, il finira rapidement par détenir plus de pouvoir que les militants lambda. Pouvant évoluer derrière les portes closes et s’attirer les confiances des politiciens, les plus politiques de cette catégorie apprendront à «tirer des ficelles» dans l’ombre. (D’ailleurs, il n’y a pas plus facile à manipuler qu’une entité s’imaginant ouvertement manipulatrice). Ne vivant que par et pour le parti, les apparatchiks de cette catégorie sont particulièrement sectaires.

Ayant généralement peu de reconnaissance publique, les exécutants peuvent arriver à vouloir prouver leur utilité, voire au fil du temps leur rôle politique en voulant devenir à leur tour un élu. Cependant, si le genre de politicien issu du type exécutant risque d’être efficace, son expérience professionnelle en fera certainement un tenant du statuquo. Disons qu’il est difficile de repenser le modèle politique en place quand tu y as fait tes classes.

Son objectif : travailler et servir les objectifs de son parti
Son genre de chef : Pragmatique et proche de l’organisation politique. Le type exécutant suivra le chef qui respecte sa fonction ou mieux encore, s’engagera à la maintenir

Le partisan

Le type de cette catégorie ne recherche pas d’argent en politique où à comprendre les objectifs sociétaux. Il a un besoin d’appartenance à un groupe et considère la politique comme un club social pour rencontrer des gens, voire se faire des amis. Les plus équilibrés dans cette catégorie seront en politique pour des raisons de solidarité familiale. D’autres chercheront davantage à étendre leurs réseaux de contacts ou à soutenir politiquement des politiciens avec lesquels ils entretiennent une relation d’intérêt ou d’amitié. Les moins équilibrés seront dans une quête psychologique pour combler des besoins socioaffectifs.

Le partisan moyen n’est pas nécessairement politisé. Il prend pour son parti comme dans le cadre d’une joute sportive et ne se pose pas réellement de question politique. Antagoniste spontané des libres-penseurs et des «hérétiques» remettant en question la direction du parti, c’est aussi les tenants de ce type qui applaudiront systématiquement leurs chefs en public. Craignant particulièrement l’exclusion, le type partisan à une prédisposition naturelle à suivre l’autorité interne. Demeurant toutefois sensible au jugement politique des rêveurs, du moins les «gardiens du temple», le type partisan peut aussi devenir doctrinaire. Mais contrairement au type rêveur qui aime débattre à propos des idéologies (que ce soit sur les nuances de sa propre idéologie que pour confronter un adversaire idéologique), le partisan répètera des mantras intellectuellement circulaires; il est ainsi plus influencé par les slogans que par les idées à proprement dit. Son leitmotiv en politique étant souvent d’ordre psychologique, il peut paraitre irrationnel aux yeux des autres types de catégories. Particulièrement sensible à son besoin de reconnaissance, le type partisan peut généralement être contenté avec des petits bénéfices. Quand il est lui-même en position d’autorité, le type partisan a une disposition à devenir un «gérant de bécosse».

Représentant ainsi un bassin d’énergie bénévole pour son parti, le type exécutant cherchera à encadrer le type partisan (surtout durant les élections). De leur côté, les leaders de type rêveurs chercheront à les endoctriner afin d’augmenter leur influence idéologique dans le parti. À contrario, étant dans une logique de classe sociale, le type «carriériste aura de la misère à contenir son mépris pour le type partisan… même en période électorale.

Évidemment, par son manichéisme intrinsèque, le type partisan est particulièrement prédisposé au sectarisme.

Son objectif : appuyer une équipe politique et/ou gagner la reconnaissance sociale
Son genre de chef : populiste, un capitaine d’équipe qui donne des poignés de main et qui connait le nom de chaque militant

L’Agent

Sujet tabou s’il en est un en politique, le type de nature agent est une entité poursuivant dans l’ombre un agenda secret. Étant par définition discret quant à la provenance de son employeur, la teneur de ses réels objectifs politiques est logiquement cachée. Se retrouvent ainsi dans cette catégorie : des observateurs au service d’une autre organisation politique, des agents infiltrateurs, des agents des services secrets (par exemple le SCRS au Canada), des membres du crime organisé ou des lobbyistes privés.

À priori indétectable, ce type est rare en nombre par rapport aux autres genres de type. Mais en œuvrant dans toutes les sphères du pouvoir, il n’est sont pas inexistant pour autant. D’un point de vue sociologique, c’est un peu l’équivalant de la matière noire en physique; car au final, ce type d’acteur dénote une influence certaine sur le cours des choses (autant à l’interne qu’à l’externe du parti ciblé). À moins d’être un lobbyiste en bonne et de la forme, l’agent se fera passer pour un type d’une autre catégorie en guise de couverture.

De loin le type le plus menaçant pour la démocratie, il représente intrinsèquement la corruption.

Son objectif : selon son agenda
Son genre de chef : X

En guise de conclusion

Grossier et caricatural, vous comprendrez que ce guide n’est pas un absolu. Mais bon, il exprime quand même des vecteurs de force à considérer en politique. Car, oui, la politique est aussi un art humain. Le bon politicien en démocratie se doit d’être un rassembleur; et pour rassembler, ça implique beaucoup de qualités interpersonnelles et une certaine compréhension de la psychologie sociale.

Bien sûr, à celui qui est intéressé par la sociologie, le cirque politique est aussi un excellent laboratoire humain pour mieux discerner la nature de notre espèce. La politique est et demeure l’organisation du pouvoir dans une société donnée. Mais sa pratique se base aussi sur un contrat psychique entre des acteurs particuliers. Concrètement, l’aventure politique est une quête de pouvoir au nom d’une certaine vision de la société. Mais au final, le pouvoir s’avère toujours appliqué par un petit groupe d’individus.

D’ailleurs, pendant que j’y suis ici, ce groupe de décideurs justement, celui des dirigeants, pourrait être même un autre type de nature en soit. Peu importe.

D’ailleurs, pendant que j’y suis ici, ce groupe de décideurs justement, celui des dirigeants, pourrait être même un autre type de nature en soit. Peu importe.

D’un point de vue philosophique maintenant, qui à l’intérieur du jeu politique prend vraiment le temps de se poser des questions fondamentales quant aux motivations de sa propre implication? Le pouvoir pour qui ? Le pouvoir pour en faire quoi ? Et surtout, une fois que l’on en a, comment l’appliquer ?

Une expérience chez les rats démontre que la hiérarchie n'est pas toujours celle qui paraît: celui qui se fait servir peut être dépendant de celui qui le sert

Une expérience chez les rats démontre que la hiérarchie n’est pas toujours celle qui parait : celui qui se fait servir peut être dépendant de celui qui le sert. Serait-il possible qu’en politique aussi, il y ait les classes dominant/dominé/indépendant ?

Parfois, je me surprend à imaginer la politique telle une expérience où les protagonistes y évoluent comme des rats de laboratoire. Non pas que nous y serions jugés moralement par des forces au-delà notre entendement, mais bien que nous passons en permanence un test d’intelligence. Or ici, le résultat du test n’est pas tant en soit individuel que collectif. Effectivement, à l’échelle globale, notre organisation politique détermine aussi le destin de l’humanité. Serons-nous assez intelligents pour réussir à passer le test et survivre en tant qu’espèce dominante? Encore faut-il préalablement être en mesure comme individu de pouvoir s’élever et se projeter comme un tout dans l’avenir.

 Le genre humain est champion pour adapter ses croyances et propos en fonction de ses intérêts… surtout en politique
– moi-même

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Deve Julien
5 années il y a

La politique « noble » finit fatalement par laisser la place à la politique politicienne… Sur ce point je suis d’accord avec l’article, les rêveurs sont surtout présents au début, et la proportions de chaque rôle montre à quel stade on est.

Alain Valade
Alain Valade
Répondre à  Deve Julien
3 années il y a

La politique noble ? Au Québec il n`y a pas 4 grands partis politiques mais un seul et c`est le PQ. Les 3 autres ne sont que des dérives apolitiques . Les crétins de francophones diluent leur votes ici et là dans 4 partis alors que les anglophones du Québec se regroupent tous dans le même parti kapo ( KA-marade PO-lice ) que sont les LIbéraux !!! Voir mes courriels explosifs et historiques en faisant sur Google «  Le Québec n`est pas la Catalogne«  et aller en bas voir mes 29 courriels . Si vous n`avez pas le courage de tous les lire alors faites le focus sur le premier qui impose le ton et le dernier qui tue tout espoir de penser que les francophones pensent par eux-mêmes !!!!

Signé : Néo , l`Élu . . . . ou le Érathostène moderne ou le Charles Martel moderne .

André Comte-Sponville
André Comte-Sponville
10 années il y a

Grossier et caricatural, vous avez tout dit à cette étape. Plusieurs ne cadrent dans aucune de ces catégories et d’autres se retrouveraient en même temps dans plusieurs à la fois. Bien que l’exercice semble amusant, il s’agit là d’une tentative d’absolutisme qui laisse perplexe. J’ose espérer que les humains sauront dépasser ces minces stéréotypes pour pleinement apprécier l’univers politique. Car en effet, votre catégorisation ne fonctionne que dans un certain type de système politique et ne peut refléter une politique plus près de ses racines, une politique plus noble.

Marc Duchesne
Répondre à  André Comte-Sponville
9 années il y a

Vous voulez dire, une politique qui respectera le peuple qui possède la finalité dans une vrai démocratie.

depassage
depassage
Répondre à  André Comte-Sponville
5 années il y a

la politique plus noble laisse toujours la place à la politique politicienne, c’est un phénomène qu’on observe partout…

Deve Julien
Répondre à  André Comte-Sponville
5 années il y a

La politique « noble » finit fatalement par laisser la place à la politique politicienne… Sur ce point je suis d’accord avec l’article, les rêveurs sont surtout présents au début, et la proportions de chaque rôle montre à quel stade on est.

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