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Posté par le 9 août 2024 dans Politique, Sports

Basketball, identité et aliénation : Pourquoi je soutiens la France durant les J.O.

Depuis trois ans, j’ai commencé à suivre le basketball de manière plus active, notamment en regardant quelques matchs par année des Pelicans de la Nouvelle-Orléans. Cette passion grandissante m’a naturellement conduit à m’intéresser aux grands rendez-vous internationaux, comme actuellement les Jeux olympiques. Si bien qu’aujourd’hui, à la veille de la finale tant attendue entre les États-Unis et la France, mon excitation est à son comble.

Bien que je suive avec attention la NBA, mon cœur penche naturellement vers l’équipe de France. En tant que Québécois, je ressens une certaine proximité culturelle avec les Français, ce qui alimente mon intérêt pour leur parcours. Voir des joueurs comme Victor Wembanyama, qui incarne la nouvelle génération de talents français, s’imposer dans une compétition mondiale renforce encore plus ce lien. « Wemby » n’est pas seulement un prodige; il symbolise l’émergence d’une puissance française dans le basketball, et c’est cette équipe que je supporte avec passion.

Victor Wembanyama est bien plus qu’une simple recrue de l’année; il est un phénomène unique dans l’histoire du basketball. À seulement 20 ans, il a déjà marqué la NBA de son empreinte avec une saison incroyable, où il a cumulé 21,4 points, 10,6 rebonds et 3,6 contres par match. Ce qui le distingue, c’est son style de jeu atypique : avec ses 2,24 mètres, il combine la taille d’un pivot avec les compétences d’un meneur de jeu, une polyvalence jamais vue à ce niveau. Sa capacité à dribbler, passer et marquer de loin le rend incomparable à tout autre joueur de l’histoire​.

Mais ce n’est pas tout. Pour la deuxième année consécutive, un joueur français, Zaccharie Risacher, a été choisi en tant que premier choix de la Draft NBA, après Wembanyama l’année précédente. Cette prouesse confirme non seulement l’émergence de la France en tant que puissance dans le basketball mondial, mais elle ajoute également une couche d’excitation supplémentaire à cette finale.

À quelques heures de ce match décisif, je ne peux m’empêcher de ressentir une montée d’adrénaline. Cette confrontation entre les États-Unis, souvent considérés comme les maîtres incontestés du basketball, et une France en pleine ascension, pourrait bien marquer le début d’une nouvelle ère dans ce sport. L’heure de vérité approche, et je suis impatient de voir si cette jeune génération française, menée par Wembanyama et des vétérans comme Rudy Gobert, peut rivaliser avec l’élite mondiale et potentiellement réécrire l’histoire du basketball.

Le match de quart de finale : un tournant personnel et sociologique

C’est cet engouement pour l’équipe de France qui m’a conduit à regarder attentivement leur parcours, et plus particulièrement leur quart de finale contre le Canada. Ce match, qui opposait deux équipes auxquelles je me sens connecté d’une manière différente, a suscité en moi des réflexions plus profondes.

Sur le plan sportif, le match a été un véritable combat. Les Français, menés par Guerschon Yabusele et Isaia Cordinier, ont rapidement pris l’avantage, notamment grâce à une séquence de 12 points en début de match qui a laissé le Canada en difficulté. Malgré un écart qui a atteint 19 points, les Canadiens, menés par un Shai Gilgeous-Alexander combatif, ont réussi à réduire l’écart à seulement 5 points dans le quatrième quart, mais n’ont jamais pu égaliser. En fin de compte, l’équipe de France, soutenue par une défense solide et des tirs cruciaux d’Evan Fournier, a triomphé avec un score de 82-73, mettant fin aux espoirs canadiens.

En tant que Québécois, voir l’équipe canadienne, essentiellement anglophone (sans Chris Boucher, Bennedict Mathurin et Olivier-Maxence Prosper), se confronter à une équipe française avec laquelle je partage des affinités culturelles, m’a mis face à un dilemme identitaire. Ce moment de tension sportive m’a rappelé les complexités de mon propre sentiment d’appartenance au Canada, un pays où la dualité linguistique et culturelle est omniprésente, mais parfois difficile à concilier.

Réflexion sur l’identité : entre culture et sport

Ce match a servi de point de départ à une réflexion plus large sur mon identité en tant que Québécois et, bien que je sois officiellement citoyen canadien, je ne peux pas dire que je suis fier d’être Canadien. Le sentiment d’appartenance à cette nation qui a historiquement conquis, colonisé, et continue de vouloir assimiler mon peuple, m’est étranger. Il m’est pratiquement impossible de soutenir une équipe qui représente un pays avec lequel je me sens si peu aligné culturellement et historiquement.

Ce sentiment de malaise est encore plus prononcé lorsque j’écoute les animateurs francophones à la télévision de la SRC s’extasier du succès des athlètes canadiens anglais. Prenons le temps d’y réfléchir : c’est totalement absurde que des animateurs francophones prennent fait et cause pour une équipe qui ne partage pas notre langue et nos valeurs. Cette situation devient encore plus odieuse lorsque le Canada affronte l’équipe nationale du pays à l’origine de l’identité de notre peuple. Comment peut-on justifier qu’une telle propagande soit diffusée par la Société Radio-Canada, une institution publique en partie financée par nos propres impôts?

Chaque fois que j’entends ces commentaires, je ressens un profond sentiment d’aliénation. C’est comme si notre propre culture était mise de côté, effacée au profit d’une célébration qui ne nous inclut pas vraiment. Ce sentiment est exacerbé par un écœurement grandissant que je ressens compétition après compétition. Que ce soit au hockey, au soccer, ou au basketball, il est frustrant de constater que les athlètes québécois sont constamment minorisés dans les équipes canadiennes. C’est au point où il arrive trop souvent d’assister à des compétitions internationales où l’équipe canadienne ne compte aucun joueur du Québec. Cette réalité est difficile à accepter, surtout quand on sait que le Québec produit régulièrement des athlètes de calibre mondial.

Demain, lors de la finale de basketball aux Jeux olympiques, je soutiendrai de tout cœur l’équipe de France. Pour moi, ce match n’est pas seulement une compétition sportive, mais l’expression d’une identité culturelle à laquelle je m’identifie. Alors que le Canada continue de marginaliser la place des Québécois dans ses équipes nationales, voir la France rayonner mondialement sur la scène du basketball serait une victoire symbolique. Ce soutien va bien au-delà du sport; il incarne une quête de reconnaissance et de respect pour notre identité, une identité que je souhaite voir briller à travers les exploits de l’équipe française.

L’identité est une prison dont on ne s’échappe jamais
– Amélie Nothomb

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