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Posté par le 5 mai 2010 dans Écologie, Politique municipale

Pour une ceinture verte autour de Montréal

Projet d'une ceinture verte à Montréal

En vert pâle, les derniers espaces naturels de la communauté urbaine de Montréal

La semaine dernière, j’assistais au sommet sur la biodiversité. Dans le cadre de l’année internationale de la biodiversité, l’événement consistait en une série de présentation offerte par des spécialistes sur une intensive période de deux jours. La synthèse me sera donc difficile à relater; mais heureusement, Roger Latour s’en est occupé ici. Toutefois, le fait saillant pourrait tenir en cette phrase : au rythme actuel de la déforestation, si rien de significatif n’est entrepris, tous les boisés de la métropole montréalaise auront disparu d’ici 2029. Alors, que pouvons-nous faire pour maintenir les derniers 6% d’espaces naturels dans la région de Montréal?

Les ceintures vertes: des outils pour relever le défi de l’étalement urbain

Aujourd’hui, la moitié de l’humanité vit en ville, et très bientôt, vers 2015, ce sera les deux tiers. Selon les projections de l’ONU, la population mondiale sera de 9,1 milliards d’habitants en 2050 (si l’indice de fertilité moyen ne dépassait pas les 2,5 enfants par femme). Dans un siècle, la population urbaine aura doublé partout dans le monde.

croissance de la population mondiale

Les villes doivent donc s’adapter pour accueillir cet afflux de population. De ce fait, elles s’étendent très vite… et trop souvent de manière incontrôlée. Déjà, le couvert forestier mondial a diminué de 3,1% entre 2000 et 2005. Irrémédiablement, la destruction des écosystèmes naturels élimine des myriades d’espèces végétales et animales. D’ailleurs, les biologistes pensent que nous sommes actuellement au début d’une extinction de masse causée par l’homme. De façon significative, le taux d’extinction d’espèces est estimé entre 100 et 1000 fois plus élevé que le taux moyen d’extinction qu’a connu jusqu’ici l’histoire de l’évolution de la vie sur Terre, et est estimé à 10 à 100 fois plus rapide que n’importe quelle extinction de masse précédente. Ainsi, sans nous en rendre compte, nous serions dans la 6éme extinction de masse… évidemment, la première provoquée par une espèce animale.


Extinction de masse en 2050 sur la terre selon Hubert Reeves

L’homme serait-il un virus planétaire ?

Bref, les villes ayant sans cesse besoin de nouveaux espaces pour se développer, les milieux naturels en sont les premières victimes. Or, la question de la protection des espaces naturels face à l’aggravation des pressions urbaines s’impose logiquement au cœur des préoccupations de l’ONU. En effet, les espaces naturels apportent de nombreux services aux villes. Ces espaces filtrent l’eau et contribuent également à la purification de l’air. Les boisées permettent de refroidir la température moyenne et de limiter le phénomène des îlots de chaleur dans les villes, ce qui améliore la qualité de vie et demeure une solution pour nous adapter au réchauffement climatique. (D’un point de vu local à Montréal, les températures estivales ont augmenté de 5 à 10 degrés dans les zones où les boisés ont été détruits). En plus de ces avantages, ils permettent aux citadins de profiter d’espaces verts dans leur ville.

Cependant, ces services dépendent de la qualité des écosystèmes et ne doivent donc pas être considérés comme acquis. Le défi des villes de demain est de réussir à concilier la croissance urbaine avec la protection des espaces naturels dans et autour de la ville. De plus en plus de pays sont conscients de ces enjeux et mettent en place des outils pour contrôler la croissance de leurs villes. Mais puisque «notre» système économique (ultra-libéral) nous impose un besoin de développements infinis (dans un espace limité), que pouvons-nous faire pour arrêter le développement des espaces naturels?

La création d’une ceinture verte (green belt) autour d’une ville est aujourd’hui un outil très efficace pour relever ce défi. Son objectif est d’entourer une agglomération d’une zone non bâtie, où l’urbanisation est limitée et où les espaces naturels sont mis en valeur. Une ceinture verte est donc un ensemble d’espaces naturels protégés reliés entre eux par des corridors à vocation écologique ou récréative. Concrètement à Montréal, des «couloirs verts» de quelques mètres de large, d’une longueur maximale de 1,5 kilomètre, pourraient permettre d’améliorer du tiers la protection de la biodiversité dans l’île.

Ce concept présente de nombreux avantages pour répondre à ces enjeux :

  • Contrôler la croissance des villes
  • Redonner une place à la nature en ville ce qui améliore les conditions de vie de la population
  • Éduquer et sensibiliser la population urbaine à l’environnement.
  • Améliorer l’image et l’attractivité de la ville.
  • Renforcer l’économie en développant des activités récréatives et touristiques

La Création du Parc écologique de l’archipel de Montréal

D’une manière plus concrète maintenant, une coalition au Québec s’organise présentement afin de réaliser une ceinture verte entourant la Communauté urbaine de Montréal. Officiellement, le nom de ce projet est Parc écologique de l’archipel de Montréal.

Par ailleurs, puisque la préservation du terrain de golf de Meadowbrook est présentement menacée par un promoteur qui  souhaite y construire 1 500 condos (même si en 2003, le maire Tremblay s’est engagé à préserver Meadowbrook), puisque ce terrain est le dernier grand espace naturel du Sud-Ouest à Montréal, ma collègue Josée Duplessis et moi-même avons donc présenté un avis de motion à notre dernier Conseil d’arrondissement.

En effet, comme le mentionne Steven Guilbeault dans cet article, «Meadowbrook compte de nombreux atouts: une des dernières sections de rivière intactes sur l’île de Montréal et plusieurs espèces végétales de haute valeur comme le cerisier tardif, le caryer ovale et le chêne à gros fruits. En outre, Meadowbrook occupe une position stratégique le long du corridor principal pour les oiseaux migrateurs.»

«Un des sujets à l’ordre du jour pour les grandes villes du monde est la sauvegarde et le développement de la biodiversité en milieu urbain. Tisser la toile verte, voilà une des tâches les plus importantes des villes modernes. Dans ce contexte, ça n’a aucun sens de détruire l’espace naturel que constitue Meadowbrook. Il faut, au contraire, le préserver et en faire une des composantes de la trame verte de Montréal!»

Meadowbrook ferait parti du couloir vert pour sauver la biodiversité de Montréal

Maintenant que cette motion a été votée par le conseil du Plateau-Mont-Royal, il faudra donc que les autres arrondissements de Montréal en fassent autant. Les  nouvelles municipalités-partenaires peuvent persuader plusieurs autres cités,  villes  et  arrondissements de venir se joindre à ce partenariat et d’appuyer  la  création  d’une ceinture verte à l’instar de la majorité des grands  centres  urbains de l’Amérique du Nord. Ensemble nous pouvons faire avancer  la  réalisation  du  Parc  Écologique de l’Archipel de Montréal en cette Année Internationale de la Biodiversité 2010.

l’année internationale de la biodiversité

Alors, la question qui tue, croyez-vous que les arrondissements contrôlés par Union Montréal seront cohérents avec l’entente signée par le Maire de Montréal au sommet de la biodiversité? (Déclaration de la collectivité de l’Île de Montréal en faveur de la biodiversité et du verdissement)

Permettez-moi d’en douter… :???:

Conseil d’arrondissement du lundi 3 mai 2010

Motion

Création du Parc écologique de l’archipel de Montréal

Attendu que plus de soixante-quinze groupes et organismes de la région métropolitaine, les Partenaires du Parc Écologique de l’Archipel Montréal (PPÉAM), se sont associés  pour demander la création d’une ceinture verte dans le sud-ouest du Québec;

Attendu qu’à Montréal nous avons la possibilité de participer à la création de la ceinture verte en protégeant le domaine forestier du Mont-Royal, la falaise St-Jacques, la récupération de centaines de mètres de rives du St-Laurent, le débétonnage de routes et de terrains dans les parcs, ainsi que la possibilité de préserver le terrain du golf de Meadowbrook et de le transformer en réserve pour la biodiversité;

Attendu que c’est dans cette partie de son patrimoine naturel que se trouve la plus grande diversité biologique du Québec, alors que c’est en même temps celle qui est la plus vulnérable au développement urbain;

Attendu que sur quatorze régions métropolitaines au Canada c’est dans celle de Montréal qu’on trouve le plus bas pourcentage de territoire en espace vert par habitant;

Attendu que les gouvernements canadien et québécois ont le devoir de remplir leurs obligations en vertu de la Convention des Nations Unies sur la biodiversité, qu’ils ont tous deux convenu de mettre en œuvre, et que la création de ce nouveau parc démontrerait leur engagement à cet égard;

Il est proposé  par Josée Duplessis

Appuyé  par Carl Boileau

Que l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal appuie la création du Parc Écologique de l’Archipel de Montréal, vaste zone de conservation devant s’étendre de Sorel à la région du Suroît, et de Mirabel à la frontière américaine, et se présentant comme une mosaïque de forêts, plaines inondables, milieux humides, corridors naturels et d’îles, reliés entre eux par les cours d’eau qui sillonnent le Québec méridional.

Qu’une copie certifiée de la présente résolution soit acheminée aux ministres fédéral et provincial de l’Environnement, ainsi qu’aux municipalités de la région métropolitaine de Montréal, aux chefs des partis politiques fédéraux et provinciaux et au Secrétariat de la Convention sur la biodiversité biologique.

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1 commentaire

  1. Bonjour,

    Tout d`abord, je reconnais l`importance des corridors biologiques, qui assurent notamment le passage de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs chaque année à Montréal, bien que ces espaces ne garantissent en rien la préservations de la biodiversité. En effet, il faudrait plutôt s`attaquer à la déforestation massive de notre planète, à la pollution systématique découlant de nos activités, au gaspillage révoltant de nos sociétés (surtout occidentales..), bref, comme disait le regreté Lévi Strauss, que l`Homme retrouve sa place dans la nature.

    Le problème reste qu`à Montréal comme ailleur, l`argent demeure souvent le seul poids dans la balance.

    On peut par exemple observer les agissements de la mairesse de Pierrefonds Monique Worth, qui semble semble être ces dernières années en mission divine pour anéantir les quelques espaces verts non construits de la région. C`est ainsi que nous (groupe de citoyens) avons perdu en 2008 le « combat«  contre la destruction d`un boisé très apprécié dans le secteur, boisé qui soit dit en passant avait été préservé dans les plans de constructions du quartier, puisque depuis 40 ans et plus il était entouré de maisons. L`attrait des revenus sous forme de taxes (construction de nouveaux duplex horribles, dans un quartier qui n`en contenait pas) intéressait évidemment plus la mairesse que la sauvegarde de la couleuvre brune (Storeria dekayi) … et la qualité de vie des citoyens déjà présents.

    Hubert Reeves est un homme fascinant qui a tellement d`éléments à apporter à notre monde, comme plusieurs d`ailleurs. Il serait temps qu`on les écoute…

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