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Posté par le 14 août 2007 dans Écologie, Entomologie, Politique municipale

Le Vulcain : pour un insecte emblématique à Montréal

Vanessa atalanta rubria

En 1998, la société d’entomologie du Québec avait organisé un vote populaire pour élire l’emblème entomologique du Québec. Ainsi, ce titre est démocratiquement allé au plus photogénique des candidats: le papillon Amiral (Limenitis arthemis). En effet, au terme d’une lutte serrée face à la coccinelle maculée, ce magnifique papillon (que dessinait déjà Samuel de Champlain dans ses voyages) aura remporté la victoire avec plus de 73 000 votes, ce qui représenta 32 % des 230 660 votants au total (mon propre vote d’ailleurs fut alloué à l’amiral). Les autres candidats en compétition étaient la demoiselle bistrée, le bourdon fébrile et la cicindèle à six points.

l'amiral

Mais au-delà du divertissement social, l’exercice avait bel et bien des objectifs écologiques. Effectivement, l’insecte emblème du Québec nous permet :

  • d’amener la population à mieux connaître les insectes, et surtout, à mieux les apprécier ;
  • de valoriser notre patrimoine entomologique (au Québec, on estime à 25 000 le nombre d’espèces d’insectes);
  • de contribuer à la protection et à la conservation de ce groupe méconnu… et trop mal aimé;
  • de faire découvrir les habitats fauniques et l’importance de leur conservation pour la sauvegarde du patrimoine entomologique et de la biodiversité;
  • de faire connaître les rôles essentiels que jouent les insectes dans les écosystèmes.

Dans le même ordre d’idées, pourquoi donc ne pas en faire autant avec notre métropole ? (d’autant plus que c’est en ville, justement, que nous sommes le plus prédisposés à perdre contact avec la nature). Or, il s’avère que j’ai un candidat à proposer…

Le Vulcain : l’aérien émissaire de la nature

Lors de mon dernier passage à Paris, je fus stupéfait par l’absence totale d’insectes dans la méga métropole française. En effet, à l’exception des platanes et de quelques espaces verts bien ceinturés de béton, il n’y a manifestement plus assez de végétation pour supporter l’existence d’une pluralité d’insectes. Heureusement, à Montréal, nous ne sommes pas dans cette situation… du moins, pas encore. Or, une espèce de papillon résiste particulièrement bien à l’urbanisation : le Vulcain.

Le Vulcain

En effet, pour arriver à vivre en ville avec nous, cet insecte utilise une stratégie aussi originale qu’efficace. Formellement, la chenille du Vulcain se nourrit d’une mauvaise herbe particulièrement tenace, soit les orties. Or, puisque les orties colonisent rapidement les moindres champs vagues, étant donné que les orties bordent la majorité des chemins de terre (voie du CP rail à Montréal), la survie du Vulcain n’est aucunement menacée… loin de là même. A vrai dire, non seulement le Vulcain est un papillon fréquent à rencontrer, non seulement, le Vulcain se fait autant urbain que campagnard, mais en plus, il se retrouve sur trois des continent de l’hémisphère Nord. Alors, oui, s’il est vrai que le Vulcain ne soit pas exceptionnel à Montréal, il demeure cependant par sa vigueur et son universalité un papillon singulier. Ainsi, en tant qu’emblème montréalais, cet insecte pourrait évoquer l’universalité de Montréal et son ouverture sur le monde (d’autant plus que le Vulcain est déjà reconnaissable par les européens, les américains et les asiatiques).

D’autre part, dans un objectif de protéger nos espaces verts et de sensibiliser la population à ce que nous avons de «nature» à Montréal, pourquoi pas se donner grâce au Vulcain un ambassadeur écologique. Effectivement, puisque cet insecte est un merveilleux indicateur quant à notre proximité avec des « écosystèmes naturels », sa présence évoque clairement la relation entre la diversité biologique et la préservation des espaces naturels. Or, puisque une éventuelle disparation du Vulcain de notre champ visuel à Montréal manifesterait un éloignement dangereux avec la nature, la présence de ce papillon demeure donc un symbole de vie à entretenir; si bien que l’émancipation du Vulcain à Montréal est finalement une fierté nous démarquant!


Voir ici un Vulcain s’abreuvant sur le trottoir de ma rue. À noter son merveilleux camouflage et sa tactique de montrer ses couleurs afin de « m’effrayer ».

Puis, le Vulcain étant un papillon vraiment commun à croiser (contrairement à l’oiseau emblématique du Québec), ce dernier est donc un excellent candidat pour faire parler de lui. Ensuite, comme les papillons sont parmi les rares insectes à détenir un capital de sympathie populaire, il m’apparait indéniable que les Montréalais pourraient s’enticher pour le Vulcain, particulièrement les enfants. Par ailleurs, en inversant les bandes rouges du Vulcain pour les bandes blanches de l’Amiral (l’insecte emblème du Québec je le rappelle ici), il s’avère une réelle correspondance entre ce dernier; d’autant plus que le nom anglophone du Vulcain est le «Red Admiral».

Papillon Amiral

L’Amiral, l’insecte emblème du Québec, porterait-il les mêmes habits que le Vulcain

En terminant, avec un peu d’imagination, dans les bandes de couleur rouge-orangé traversant les quatre ailes du Vulcain, nous pouvons même trouver… une évocation du logo de Montréal.

Le papillon Vulcain et le logo de Montréal

Alors, avec ses ailes de couleur rouge velouté qu’il affiche fièrement à qui sait le regarder, son paisible vol et ses multiples arrêts pour jouir du soleil, le Vulcain sera toujours une agréable rencontre. Symbole pacifique d’allégresse, d’équilibre, de survie et d’harmonie avec la nature… les montréalais auraient tout à gagner de faire du Vulcain leur insecte-emblème.

Quand la chaotique ortie se fait gardienne de l’équilibre naturel, c’est que l’urbanisation humaine n’est plus en accord avec la vie – moi-même

S’engager pour le climat et la biodiversité est la seule modernité. Les citoyens qui se mobilisent partout dans le monde ont le pouvoir d’impulser le changement pour l’avenir de nos enfant
– Nicolas Hulot

envol vulcain

Description

Le vulcain (Vanessa atalanta Linnaeus, 1758) est un papillon de la famille des nymphalidés. Ce papillon très reconnaissable est d’un noir profond agrémenté de motifs rouges et blancs. La famille des nymphalidés (Nymphalidae) comprend plus de 5000 espèces de papillons dans le monde. Ce sont en général des papillons de taille moyenne ou grande à ailes vivement colorées. La première paire de pattes est réduite. Chez le mâle, les pattes sont pourvues de brosses formées par de longues écailles poilues alors qu’elles sont à poils courts chez la femelle. Ces papillons n’utilisent que quatre pattes pour marcher.

Ce papillon familier de taille moyenne (envergure : 45 à 57 mm) se reconnaît facilement, même en vol. Le dessus est brun noirâtre, et chaque aile est traversée d’une bande rouge vif. La bande de l’aile antérieure est répétée en dessous. Sur le dessus, l’extrémité de l’aile antérieure est noire, avec quelques taches blanches. En dessous, les ailes sont marbrées de gris et de vert chez les individus frais.

Sous-espèces : La sous-espèce rubria occupe toute l’aire de l’espèce en Amérique du Nord.

Répartition géographique : Le Vanessa atalanta est une espèce holarctique qui se rencontre également en Europe et dans le nord de l’Asie. Largement répandu en Amérique du Nord, il se rencontre d’ouest en est de la côte du Pacifique à la côte de l’Atlantique et, vers le nord, jusqu’à l’extrémité de Terre-Neuve et à Churchill au Manitoba. Sa présence a également été mentionnée au Yukon (lac Frances) et dans les Territoires du Nord-Ouest (Fort Resolution, Fort Providence et lac Porter).

Données sur les collections de spécimens
et carte dynamique

Espèces semblables : Aucune au Canada.

image du papillon Vulcain (Vanessa atalanta rubria), chenille. W. Lukey

Stades immatures : La chenille est noire à vert jaunâtre, avec des bandes latérales jaunes et des épines ramifiées. Elle est peu mobile et vit cachée dans un abri de feuilles enroulées sur sa plante hôte. Elle se nourrit sur diverses espèces d’orties (Urtica spp.), la laportéa du Canada (Laportea canadensis) et, parfois, sur le houblon (Humulus lupulus).

Abondance : Le vulcain est rarement complètement absent du Canada durant l’été, même si ses effectifs fluctuent d’une année à l’autre, comme ceux d’autres espèces migratrices. Il peut être extrêmement abondant au cours des années marquées par des migrations massives, comme en 1981.

Période de vol : Les migrateurs atteignent la plupart des régions du sud du Canada en mai (mi-avril à la pointe Pelée). Le vulcain produit deux, peut-être même trois générations par année. Des individus frais sont encore observés en septembre. Lorsque les hivers sont cléments, le vulcain parvient parfois à hiberner avec succès au Canada.

image du papillon Vulcain (Vanessa atalanta rubria). Cton Huntley, Ont. P.W. Hall

Comportement et habitat : Ce papillon très voyant et agressif s’approprie souvent un territoire, comme une petite section de chemin forestier ou même un stationnement, et en chasse tous les intrus. Il se rencontre dans des habitats très diversifiés, aussi bien dans les clairières en milieu boisé que dans les terrains vagues en milieu urbain. Il visite régulièrement les fleurs et s’aventure souvent dans les jardins.

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1 Commentaire
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4 années il y a

[…] Lien. […]

anne
anne
16 années il y a

Très bonne idée de faire de ce papillon l’emblème de Montréal ! En même temps, ce sera un excellent moyen de conscientiser la population à leur environnement. De plus ca aidera peut-être à éviter le fléau bétonier de nombreuses villes occidentales comme tu dis. En plus, j’ai trouvé la chenille de mon enfance. Merci !

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