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Posté par le 8 juin 2014 dans En primeur, Indépendance du Québec, Politique nationale, Sociologie

Génération X-Y-Z… De la révolution à la démission tranquille

Génération X-Y-Z… De la révolution à la démission tranquille

Mon enfant, vois-tu notre pays à l’horizon ?

Ce texte se veut un petit essai sociologique à l’attention des nouveaux leaders indépendantistes afin de nous aider à planifier notre stratégie politique dans le temps. Cruellement lucide, je tiens bientôt à lui écrire une suite davantage optimiste qui sera dénommé : Maintenant ou jamais pour le Québec : Place à la génération Y !


Officiellement, mon point de vue d’indépendantiste québécois s’ancre à la jonction des générations X et Y. Toutefois, ma perspective couvre large. Par mes intérêts avant-gardistes, ma lente évolution professionnelle, mes études en multimédia et mon syndrome de Peter Pan, je me considère pleinement être dans la génération Y. En contrepartie, mon expérience hâtive en politique m’a rapidement amené à fréquenter l’esprit des babyboumeurs. Ainsi, j’ai longtemps œuvré avec cette génération pour la souveraineté du Québec… et rêve encore avec eux d’atteindre cet objectif collectif.

L’appui à la souveraineté du Québec dans le temps

L’appui à la souveraineté du Québec dans le temps a toujours été variable depuis la Révolution tranquille.

Mais depuis la défaite du OUI au référendum de 1995, le néolibéralisme s’impose systématiquement dans toutes les dimensions de notre société, autant au niveau politique que dans celui des valeurs personnelles. Si bien que parallèlement à cette période de destruction graduelle du rôle collectif de l’État, les Québécois s’avèrent aussi plus individualistes en tant que personnes. En ce sens, la prépondérance moderne des valeurs libérales au Québec serait un héritage de la défaite référendaire; car nous aurions ainsi troqué nos projets collectifs pour nous rabattre vers la réussite individuelle… laissant au passage la gestion de notre politique à des intérêts privés.

Les fondements de la corruption au Québec

Dans mon article «Les fondements de la corruption au Québec», j’explique la relation de cause à effet entre la corruption endémique au Québec et le système économique actuel favorisé par le statut de province canadienne.

Résultant de la démission collective des Québécois, les concepts de la social-démocratie se décomposent; corrélativement, les partis politiques contemporains ont remisé les grands projets de société. En conséquence, l’identité collective des Québécois est mise à l’épreuve. Or, même si au Québec il n’y a pratiquement plus de francophones pour se dire canadiens… nous ne nous projetons plus dans l’avenir en tant que nation. Pire encore, c’est encore plus significatif auprès des nouvelles générations, toujours plus mondialisées. Sommes-nous (le nous étant ici la somme des individus habitant civiquement le territoire du Québec) en train de devenir quelque chose d’autre… voire peut-être de disparaître en tant que nation ?

Mathieu Bock-Côté

Cette hypothèse est bien expliquée par Mathieu Bock-Côté dans son article, Les jeunes Québécois veulent-ils encore du Québec?

Le projet de pays aujourd’hui : Un train de générations détachées

Avant le Printemps érable, j’étais très pessimiste pour l’avenir national du Québec. Disons que j’éprouvais une nette méfiance envers notre jeunesse (que je dénommerai ici génération Z plutôt que YOLO). Formellement, je trouvais les membres de cette génération apatrides et politiquement indifférents face au futur. Ainsi, ma théorie était, et demeure, que l’indépendance du Québec ne pourra se faire qu’avec une masse critique de babyboumeurs en vie.

L’esprit collectif des Québécois vieillit à la vitesse de cette génération. Attendez-vous donc en politique à attendre davantage parler de santé que d'éducation. Mais lorsque les Babyboumeurs seront mort... est-ce que les Y seront en mesure d'avoir accès à un système de santé universel ?

L’esprit collectif des Québécois vieillit à la vitesse de la génération des Babyboumeurs. Attendez-vous donc à attendre davantage parler de santé en politique que d’éducation. Toutefois, lorsque les Babyboumeurs seront morts… est-ce que les prochaines générations seront en mesure d’avoir accès, elles aussi, à un système de santé publique, voire un régime de retraite convenable ?

Dans un premier temps, cette génération dénote toujours l’avantage démographique du nombre; un fait qui a toujours du poids en démocratie. Ensuite, contrairement à leurs parents (s’interpelant comme des Canadiens français), le rêve d’un Québec libre les a un jour ou l’autre habités; au point même d’y arriver à quelques milliers de votes près en 1995. En contrepartie, cette génération ayant bien profité des acquis de la Révolution tranquille, s’avère maintenant en mode retraite et est davantage frileuse aux grands changements sociétaux (ce qui s’est d’ailleurs démontré durant le Printemps érable). Or, ce n’est plus sur cette génération qu’il faut dorénavant compter pour faire preuve d’initiative, mobiliser la société civile et politiquement relancer le mouvement souverainiste.

Le Véhicule du PQ

Au lendemain de son amère défaite du 7 avril dernier, est-ce que le Parti Québécois saura faire une lecture lucide de la situation sociologique ou restera-t-il, encore, dans le déni ? En tout cas, il y a encore 4 ans devant lui pour nous offrir une réponse fatidique.

D’ailleurs, cette situation s’illustre précisément avec le retour au pouvoir d’un Parti Québécois minoritaire en 2012, limité en dessous de 35% d’appuis et à court d’imagination pour renouveler la stratégie souverainiste. Ensuite, à la lumière des derniers sondages, se confirme toujours plus une fracture entre la jeunesse québécoise et les partis dits traditionnels. Bref, vous déduirez ici que je souscris à l’idée que le PQ est sociologiquement le parti d’une génération… celui des Babyboumeurs.


Comme vous pourrez le constater à la fin de ce discours (vers 10 minutes) en 2001, ce n’est pas d’hier que j’évoque la thèse que le Parti Québécois est le parti de la génération l’ayant mis au monde.

M’apparaissant sur le déclin, la vision nationale du PQ s’arrêterait temporellement à l’espérance de vie restante de l’âge médian des membres qui le composent. Or, plus le temps passe et plus l’imaginaire collectif du PQ se transposerait dans la nostalgie du passé, voire la complainte du pays qui aurait pu être. En ce sens, je qualifierais aujourd’hui le PQ comme étant à la queue d’une comète… celle de la Révolution tranquille dans le ciel québécois. Mais si dans la politique québécoise cette génération demeure toujours un incontournable par son contingent démographique, nous assistons cependant à un changement de garde. Cela dit, ce n’est pas nécessairement la génération suivant directement celle des Babyboumeurs qui sera ici appelée à mener la danse.

Selon la conclusion de la sociologue Claire Durand dans La Presse (via des sondages CROP non probabilistes): la souveraineté du Québec a été portée par deux générations – les Babyboumeurs (nés entre 1945 et 1960) et les gens de la génération X (nés entre 1960 et 1975). Traditionnellement, les jeunes ont toujours été plus souverainistes que leurs parents, ce qui ne serait plus le cas aujourd’hui, note-t-elle.

Le wagon des X

Cette génération X est intercalée entre celle des babyboumeurs et la génération Y. D’un point de vue occidental, seraient X les personnes nées entre 1960 et 1980. Dans le contexte québécois, des sociologues d’ici prennent plutôt 1976 comme année de référence (année de la prise du pouvoir par le PQ) pour conclure la génération X et entamer la génération Y. Peu importe les années exactes, cette génération a globalement vécu un creux de vague au niveau professionnel, trouvant difficilement des emplois stables et bien rémunérés. Au Québec, une partie de cette génération a développé une certaine amertume, parfois exprimée sous forme d’agressivité envers les valeurs de la génération précédente par des stations radiophoniques populistes (telles les radios X). Selon Antoine Robitaille dans son analyse «L’échec de Dumont et la génération X», cette génération aurait tenté de se construire une identité politique au Québec à travers l’ADQ. Son cofondateur et premier chef, Mario Dumont, fait partie de la génération X et l’a représentée en politique, notamment sur des thèmes comme la dette publique et les «clauses orphelines». Dumont s’est toutefois heurté aux difficultés liées à cette même génération: cynisme, individualisme, pragmatisme. Sans compter le défi de jongler avec l’héritage de la Révolution tranquille.

Mario Dumont est le reflet d’une génération très individualiste, qui pense seulement à elle, alors que ma génération à moi était un peu différente
Rita Dionne-Marsolais (ex-ministre péquiste)

En définitive, à l’instar de l’ADQ, les X n’auront jamais eu le pouvoir du nombre en politique québécoise. Pris entre deux chaises, les membres de cette génération «sacrifiée» auront attendu interminablement que les Babyboumeurs libèrent les postes de direction… pour au final être supplantée par la Génération Y dans l’intérêt à long terme des entreprises.

La génération Y; une locomotive sans conducteur

Certains sociologues internationaux la désignent génération C. C pour contenu, car elle se caractérise par le fait qu’elle a grandi avec les technologies de l’information dont elle se sert pour communiquer, collaborer, se connecter et créer. En ce sens, les Y ont grandi dans un monde où l’ordinateur personnel, le jeu vidéo et l’Internet sont devenus de plus en plus importants et accessibles.

Portait type d'un membre de la génération Y

Portait type d’un membre de la génération Y

Dans les pays anglo-saxons, cette génération est parfois surnommée Peter Pan, car en l’absence de rites de passage à l’âge adulte, leur adolescence sociale peut se prolonger au-delà la trentaine. En France, on parlerait de la génération Tanguy (à cause du film éponyme) faisant référence à la propension des membres de cette génération à quitter le domicile familial plus tard que les générations précédentes. La première cause de cette tendance peut être définie en termes économiques (crise financière, endettement des étudiants et explosion du prix de l’immobilier).

Comprendre les différences entre le générations

Schéma des différences entre les générations actuelles dans le monde

Au Québec, nous pourrions désigner membre de la génération Y les adolescents n’ayant pas eu l’âge de voter au référendum de 1995. Ayant été culturellement abreuvé par l’émission éducative Passe-Partout à Télé-Québec durant leur enfance, les valeurs sociales-démocrates issues de la Révolution tranquille leurs ont été inculqué «au biberon». Bref, ce sont grosso modo les enfants des babyboumeurs.

Ce logo interpelle les souvenirs des membres de la génération Y... mais ne dit rien au contingent de la génération Z

Ce logo interpelle les souvenirs des membres de la génération Y… mais ne dit rien au contingent de la génération Z

Nés avec la loi 101, les francophones de cette génération se perçoivent psychologiquement comme une majorité linguistique et n’entretiennent pas de ressentiment historique face aux anglophones. Ainsi, il ne cultive pas «les raisins de la colère». Pour eux, l’identité nationale n’est plus un concept important, et surtout, ce n’est pas un élément de fierté devant être affiché. Attestant du succès de la loi 101 en termes d’intégration des immigrants durant les années 80, il est d’ailleurs à noter que cette génération est composée d’un contingent manifeste de québécois de première génération. Enfant de la globalisation via l’émergence d’Internet, les Y sont ouverts sur le monde et valorisent les mélanges culturels. Même s’ils sont toujours des Québécois dans leur tête, ils ne sont généralement pas nationalistes pour autant.

Le projet indépendantiste québécois n’est pas obligé de rimer avec « rigodon, race canadienne-française, fond de tiroir. Ça sent le conservatisme social à plein nez: rien pour rallier les progressistes…Ça prendrait quelques jeunes loups pour moderniser la chose. Comme dirait l’autre, la game a changé. Jean-Martin Aussant avait amorcé un tel mouvement en 2012… 2012 est malheureusement déjà relayé aux annales. Il faut recommencer à zéro.
-Léa Clermont-Dion

Tributaires des valeurs inhérentes à la Révolution tranquille, les Y québécois rejettent en bloc les conservateurs canadiens. Cependant, ils ne sont pas pour autant promoteurs du modèle social-démocrate, car leur vision du rôle collectif de l’État est paradoxalement embrumée par leur rejet du nationalisme identitaire. Dans un même ordre d’idées, ils agissent psychologiquement comme s’ils étaient culturellement déjà indépendants du Canada anglais… sans pour autant assumer les responsabilités politiques nécessaires pour changer le système en place. Mais à la défense des Y, ils ont le même problème que les X dans la mesure où ils n’ont pas la force du nombre démographique pour faire la différence démocratiquement. Dans un rapport de cause à effet, ce fait sociologique doit certainement conditionner leur inconscient collectif.

À défaut donc de s’investir massivement en politique, les Y s’impliquent dans une myriade de causes sociales et de projets personnels. Aussi, les Y étant nés avec les débuts de l'intérêt du grand public pour l'écologisme (qui était précédemment l'affaire d'une minorité), cet aspect prend ici tout son sens dans leur engagement collectif.

À défaut, donc, de s’investir massivement en politique, les Y s’impliquent dans une myriade de causes sociales et de projets personnels. Aussi, les Y étant nés avec les débuts de l’intérêt du grand public pour l’écologisme (qui était précédemment l’affaire d’une minorité), cet aspect prend ici tout son sens dans leur engagement collectif.

Politiquement immatures aux yeux des Babyboumeurs, les Y révolutionnent pourtant les communications politiques en intégrant les nouvelles technologies dans toutes leurs sphères sociales. Notons au passage que cette aptitude compensera certainement à terme leur infériorité numérique en politique. Relativement optimistes quant à leurs capacités à faire individuellement leur place dans le monde professionnel, les Y se démarquent ici à l’endroit où les X ont échoué.

révolution numérique

Contrairement aux Babyboumeurs ayant perdu deux référendums sur la souveraineté du Québec, les Y n’ont pas voté au dernier référendum. Voulant tout de même s’imaginer affranchis de la question constitutionnelle, ils tiennent naturellement à ne pas se considérer comme des perdants. Ainsi, ils rejetteraient le modèle souverainiste tel que proposé par le Parti Québécois, un projet justement associé à une image perdante et dépeint par les médias fédéralistes comme étant celui d’une autre époque, voire xénophobe. En ce sens, le rejet de cette génération pour le PQ est un symptôme manifeste de l’actuelle dislocation intergénérationnelle du projet indépendantiste. Si la tendance se maintient, le Parti Québécois est évidemment appelé à la disparition.

Xavier Dolan

«Ma génération s’est détournée du Parti Québécois, mais pas du projet d’indépendance » : Xavier Dolan

Relativement passif en politique jusqu’à récemment, la génération Y commence toutefois à faire sa place via des nouveaux partis comme Québec solidaire, Option nationale… et dois-je admettre aussi, le NPD sur la scène fédérale.

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Moyenne d’âge des électeurs québécois en 2012 selon les principaux partis

Gen Z : La dernière génération de Québécois ?!?

Mondialement parlant, la génération Z se compose des personnes nées après la chute du mur de Berlin, donc après 1989. Par conséquent, ses représentations politiques sont différentes des générations qui le précédent, fortement marquées par des affrontements idéologiques (guerres mondiales, démocratie contre dictatures, décolonisations, guerre froide ouest-est).Pour plusieurs représentants de cette jeunesse dans les pays occidentaux, la démocratie est une notion acquise et ils ne peuvent pas imaginer qu’elle n’ait pas toujours été présente. Mais malgré cela, les récentes révolutions qui ont touché le monde (par exemple le Printemps arabe, et dans une moindre mesure le Printemps érable au Québec) furent la preuve que cette génération se manifeste, au-delà les frontières, dans une conception du monde différente de leurs aïeux.

Tenir tête

Gabriel Nadeau-Dubois est l’un de mes plus grands espoirs pour orienter l’avenir du Québec vers son indépendance

L’avenir de cette génération est semé d’embuches que leurs parents ont créées. Mais malgré un pessimiste intrinsèque à la situation planétaire, rien n’est toutefois impossible pour cette génération de l’information numérique (d’où le surnom « digital natives » de cette génération en anglais).


La Génération Z vue par les babyboumeurs Québécois, dénommée YOLO (pour «you only live once») par l’économiste Jean-Marc Léger le 28 janvier 2013 dans le Journal de Montréal et inaugurée le 6 mars 2013 lors d’une chronique à l’émission Salut Bonjour présenté par le réseau de télévision TVA. Selon ce point de vu, les YOLO seraient des enfants-rois intransigeants devenus adultes. Ils sont plus efficaces, multidisciplinaires et plus à l’aise avec la technologie que leurs ancêtres. La grande différence entre la génération Z et celle qui la précède, est que ces enfants sont nés, vivent et vivront avec Internet.

Ainsi, ils maîtrisent naturellement les outils informatiques, que ce soient les ordinateurs, les GPS ou les téléphones intelligents. Ils s’en servent quotidiennement et ne conçoivent plus le fait de vivre sans (contrairement à la génération Y qui a pour la majorité vécu sans les nouvelles technologies). Ils ont donc hérité de l’esprit d’entrepreneuriat, de la mobilité et de l’hyperconnectivité de la génération Y, mais ils poussent encore plus loin ces attributs. Sur les plans professionnels, sociaux et amoureux, ils vivent une symbiose parfaite entre la vie réelle et le monde numérique.

Les Z ne feraient pas de séparation entre la vie réelle et la vie digitale tant cette dernière a joué un rôle‐clé dans leur éducation. Pour eux, il n’y a pas de différence, donc, entre un travail en communauté et en réseau, entre une rencontre amoureuse sur Tinder ou dans un bar local.

Les Z ne feraient pas de séparation entre la vie réelle et la vie digitale tant cette dernière a joué un rôle‐clé dans leur éducation. Pour eux, il n’y a pas de différence, donc, entre un travail en communauté et en réseau, entre une rencontre amoureuse sur Tinder ou dans un bar local.

En ce sens, l’accès en permanence à l’Internet via la démocratisation des téléphones intelligents redéfinit les moyens de communication les plus fondamentaux et s’immiscent dans la vie quotidienne scolaire de la génération Z tout en leur offrant de nouvelles perspectives d’expression personnelle et de carrière. De la sorte hyperconnectés, entre-eux et sur diverses sources d’informations, le quotidien des jeunes de la génération Z s’est d’autant plus complexifié… et difficile à saisir pour les Babyboumeurs.

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En effet, ce qui peut être d’emblée perçu comme du narcissisme par les générations antérieures aux Z s’avèrerait plutôt une caractéristique commune pour l’extroversion numérique, le culte de l’image et la recherche de l’instantané. Ici, il faut discerner le fait qu’être populaire pour les membres de la «Gen Z» est une donnée cruciale, car leur réussite dans la vie réelle est généralement reliée à celle dans la vie digitale. Alors, en toile de fond, l’insécurité économique ambiante et le manque de stabilité à tout point de vue révèlent à la génération Z une société où tout rêve de réussite traditionnelle et de parcours classique s’écroule soudainement. En définitive, ce mode de vie ultra-instantané masque mal les enjeux d’un avenir incertain.

Génération Z

Selon cette auteure, cet état sociologique rend donc inéluctable la nouvelle quête de communautarisme et de partage, guidée par une surconsommation visuelle et numérique.

Toujours plus mondialisés, mais pas nécessairement individualistes, les Z ne sont pas à un paradoxe près. Et s’il est évident que cette génération ne se sent pas interpellée (du moins, espérons-le, pas encore) par le projet d’avoir un nouveau pays, ils ne sont pas pour autant fédéralistes (comme le claironnait dernièrement La Presse en tentant de grossièrement étiqueter cette génération comme étant celle du NON).

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Sans donc s’affirmer Canadiens, notre génération Z ne semble pas culturellement en mesure de concevoir l’intérêt du nationalisme québécois et de l’aspect identitaire du projet indépendantiste. Naturellement bilingue de par leur vie digitale sur Internet depuis l’enfance, l’identité de la génération Z s’internationalise constamment et leur culture se décompose ainsi en une myriade d’intérêts individuels. En ce sens, Les Z semblent davantage s’identifier individuellement à leur sous-courant culturel, voire mondialement à leur propre génération, plutôt qu’à une nation quelconque. De la sorte, puisque leur appartenance à la culture québécoise s’affaiblit dans le temps, la gen Z ne se sent pas culturellement menacée dans son identité collective. Bref, il ne faut pas s’étonner qu’ils soient indifférents au sort de la nation québécoise.

À bien des égards, la loi 101 n’a pas atteint son objectif fondamental. Elle devait fabriquer des Québécois francophones : elle a accouché de Canadiens bilingues. Le remplacement progressif du français par le «bilingue» au quotidien n’est-il pas symptomatique de cela?

À bien des égards, la loi 101 n’a pas atteint son objectif fondamental. Elle devait fabriquer des Québécois francophones, mais elle a accouché de Canadiens bilingues. Le remplacement progressif du français par le «bilingue» au quotidien n’est-il pas symptomatique de cela?

Sensible aux enjeux globaux, pas réellement Canadiens, mais moins Québécois… nos Gen Z semblent au final s’orienter et se définir en tant que «citoyens du monde». Avec l’arrivée prochaine de la génération qui suit les Z, c’est-à-dire celle de leurs enfants, devons-nous conclure ici qu’un seuil se pointe dorénavant à l’horizon sociologique de la nation québécoise ?


La prochaine génération qui n’existe pas encore… vaut mieux en rire que pleurer

Pour ma part, j’en suis persuadé… à moins, de devenir d’ici-là un pays indépendant. Or, en définitive, la question se pose maintenant : trouverons-nous la force et l’intelligence politique pour saisir l’ultime fenêtre à notre disposition ?

Printems érable

La société québécoise est à la croisée des chemins. Soit elle atteint sa maturité politique avec l’indépendance nationale… soit elle s’endort dans un coma définitif. Mais avons-nous raté notre dernière chance d’avoir un nouveau pays en étouffant l’élan révolutionnaire de la génération Z durant le Printemps érable ?

Jamais les jeunes n’ont soufflé aussi fort sur le paysage politique québécois et j’espère que ce souffle se transformera en une bouffée d’oxygène pour un Québec malade qui en a bien besoin
– Léo Bureau-Blouin (durant le Printemps érable)

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2 Commentaires

  1. Je suis de la génération Z semble-t-il (post-URSS). Et je dirais que c’est absolument faux que ma génération soit plus fédéraliste que les autres. Les chiffres de l’identité ne permettent pas de le penser. Ce qui est par contre vrai, c’est que les anciennes façons de faire du PQ ne passeront plus. Toute ma vie, le PQ n’a pas été le mouvement émancipatoire d’autrefois mais un parti quasi-libéral vaguement nationaliste, de plus en plus nationaleux, qui ne fait rien d’autre que nuire à l’indépendance par toutes ses conneries. Le PQ doit absolument mourir, il ne peut plus être renouvelé. La prophétie de Lévesque s’est accomplie.

    Je suis d’une génération d’une masse non-politisée, et qui est en train de le devenir notamment grâce au Printemps érable. Beaucoup de gens n’ont pas d’opinion tranchée face à l’indépendance, mais ils prendront un camp quand ils seront personnellement obligés de choisir lorsque confrontés à l’injustice fondamentale que certains peuples ont un siège à l’ONU et d’autres pas (c’est un symbole, on s’entend, pour représenter tous les attributs de l’indépendance).

    Pour moi, l’indépendance, c’est plus important que le nationalisme. Le nationalisme doit être internationalisé, c’est-à-dire qu’il est fondé sur un principe universel, l’auto-détermination de tous les peuples sans doubles-standards, et donc j’ai si on veut un nationalisme d’emprunt aux autres nations en luttes auxquelles je n’appartiens pas. J’appellerais ça de l’international-nationalisme, quelque chose de similaire à l’altermondialisme et qui met l’accent sur la solidarité internationale entre les nations sans États. Pour moi, le nationalisme est un anticorps que les peuples en situation injuste développent contre l’impérialisme, mais il est appelé à diminuer après indépendance, car son rôle est de favoriser l’indépendance, mais pas la suprématie d’un peuple, pas la gloire. Le problème des péquistes, c’est qu’il font primer le nationalisme sur l’indépendance. Oui, le nationalisme peut nuire à l’indépendance, car l’indépendance est dans l’agir alors que la nationalisme est juste dans la rêverie de la gloire.

    Je suis d’une génération où l’anarchie est une force politique incontestable. Sans dire que tout le monde est anarchiste, je crois que tout le monde partage certaines idées vaguement associées : autogestion, méfiance envers les gouvernements, méfiance envers l’autorité, méfiance envers les élections. Je dirais qu’Internet joue un rôle énorme là-dedans, car les fondements éthiques d’Internet sont très anarchistes. Sur Internet, tout est partage, tout est gratuit, tout est collaboratif, tout est humour. C’est pas pour dire que c’est factuellement vrai (les entreprises privées comme Google et Facebook en vérité contrôlent beaucoup de choses), mais la « mentalité d’Internet » teinte tout ce qu’on fait dans la vie réelle. L’approche collaborative comme les wikis est notre manière d’agir. La gratuité des motivations aussi : Internet, c’est plein de gens qui font des choses pour le reste des internautes de manière gratuite et désintéressée. Je dirais que la démocratie directe rejoint la culture d’Internet, car le mandat qu’on donne à notre Assemblée est collectivement construit avec l’apport de chacun. Si vous voulez une idée de la lutte indépendantiste du futur, regardez Option nationale.

    Je suis d’une génération qui n’a pas été biberonnée aux préjugés envers les autochtones. Le PQ a eu par le passé des déclarations malheureuses à l’égard notamment des Cris et qui en plus a été trop bête pour même imaginer qu’eux aussi pourraient avoir des revendications auxquelles il faut tenir compte. Comme l’auto-détermination des peuples est un principe UNIVERSEL, il va de soit que si les onze nations autochtones veulent être traitées comme des peuples égaux et aspirent à leur propre indépendance (respect de leur souveraineté territoriale notamment), il faut en tenir compte. L’indépendance, c’est d’abord pas celle du « Québec » mais du PEUPLE QUÉBÉCOIS, et ce n’est pas obligé d’être celle que de ce peuple mais de DOUZE PEUPLES À LA FOIS, séparément. Les indépendantistes se rendent-ils compte de l’insulte suprême qu’ils font quand ils montrent sans cesse une carte du « Québec » qui se rend jusqu’à Kuujjuaq ? Personne ne pense donc aux sensibilités des peuples autochtones, qui ne sont les possessions de personne, y compris nous ?

    Environnementalisme. Nous sommes des écolos hypocrites. Nous savons que la lutte est perdue, nous savons que nous ne ferons probablement jamais ce qui doit être fait, mais nous avons une plus grande conscience environnementale. On nous a tellement fait chier à l’école avec ça que nous savons par cœur ce qu’est l’effet de serre, comment les chlorofluorocarbones (CFC) engendrent une réaction en chaine qui détruit la couche d’ozone, etc. La manifestation concrètes de cette mentalité c’est dans certaines petites choses : le recyclage systématique, l’utilisation de matières recyclées, l’utilisation de nouilles au lieu des bâtons à touiller le café, etc. Ça ne veut pas dire que ce dont l’humanité aurait besoin, nous le ferons. C’est une cause trop difficile et trop révolutionnaire : il faudrait vraiment scrapper tout notre confort. C’est bien simple, notre civilisation en est une de gaspillage. Comme des bactéries dans une boîte de pétri, nous mangerons tout et puis nous mourrons tous. Tout le monde parle vert, mais personne ne fait ou ne fera le nécessaire. Là où nous nous démarquons, c’est que nous refusons ce qui est vraiment vraiment aberrant côté écologie. Ça ne veut pas dire que l’humanité sera sauvée pour autant.

    Identité. Personnellement, toutes les obsessions identitaires des mes aïeux sont bizarres. Nous sommes québécois, c’est une évidence. Ensuite, c’est ridicule d’ethniciser l’identité. Est québécois qui veut l’être, qui se sent québécois. C’est simple, non ? Si tu rejettes cette identité, tu l’es pas, quelle que soit ton ethnie. Quand à canadien, c’est bien simple, quand les gens sont assez naïfs pour penser que cette identité les englobe, une petite visite dans le ROC leur met les pendules à l’heure. La différence entre « québécois » et « canadien » en est une d’essence, et on ne change pas son essence. On ne fait pas exprès d’être autre chose, on l’est, c’est tout.

    L’anglais. Ma génération est laxiste par rapport à l’anglais. La musique n’est qu’en anglais, toute la culture populaire (vraiment populaire) n’est qu’en anglais. Je suis bien le seul à me soucier de la vitalité de ma propre langue. Il y a un travail urgent de conscientisation, et le moyen est de mettre en lumière le processus de disparition des langues. Les linguistes peuvent jouer un rôle critique là-dedans, car ils savent comment cela se passe. Il faut que ma génération comprenne que c’est notre responsabilité d’empêcher le français de passer de mode, de devenir folklorique, suranné, de devenir quelque chose qui ne s’actualise plus dans le présent. Ma génération sait pas écrire et manque de mots pour dire sa pensée, mais à sa décharge, tout ceux qui étaient chargés de lui montrer étaient incompétents pour le faire. Un bon prof de français n’a pas une formation en littérature, mais en linguistique. Le ministère a inventé une grammaire que personne ne comprend sauf ceux qui l’ont inventée. On a besoin de gens capables de nous montrer la logique de la langue, en quoi les règles de grammaire, de synthase, d’orthographes sont logiques en fonction de la linguistique et de l’histoire.

    Je suis d’une génération qui ne lit pas de livres, mais qui lit beaucoup sur Internet. Qu’on se le cache pas : les libraires sont en danger. Je suis d’une génération qui ne supporte pas ce qui est trop verbeux. La concision, le fait d’être direct compte. Tourner autour du pot, c’est chiant. Je suis d’une génération insensible à la poésie, qui semble à mi-chemin entre la littérature et la chanson, sans exceller dans les qualités ni de l’une, ni de l’autre.

    Généralement, le cinéma québécois et les séries québécoises s’insupportent. Ce n’est pas que je ne les soutiens pas, mais c’est que c’est toujours des relations interpersonnelles, des conflits, du commérage. Pas d’aventure, pas d’évasion dans quelque chose de différent de la vraie vie. Je serais porté à dire que ma génération ne veut pas voir la vraie vie dans l’écran. Après tout, pour nous, l’écran c’est aussi les jeux vidéos (qui ont remplacé la littérature) et dans les jeux, on ne trouve pas de ça. Du tout. Je dirais que le cinéma québécois s’adresse à des femmes de 50 ans. Peut-être qu’elles aiment ça voit des gens se chicaner, mais pas moi. Malheureusement, le cynisme de Vincent Guzzo est pas complètement injustifié. Je me rappelle du film Nitro. C’était supposé être un film de chars, et ça a fini comme toujours comme un drame relationnel. J’aime pas les films de chars mais je me suis dit que ceux qui auraient été intéressés par ça ont été déçu. J’essaie ici d’éviter de projeter mes goûts sur tout le monde mais j’ai l’impression que je ne suis pas le seul à penser comme ça.

    Économie. On a pas d’avenir, nous-autres. Le capitalisme s’endurcit, redevient impitoyable et cherche de nouveau à presser au maximum les individus sans rien donner en retour. Pas qu’il ait arrêté, mais à l’époque de la Guerre froide, il ne pouvait pas se permettre de trop exagérer sans quoi les gens aillaient regarder du côté des rouges. Sans contre-pouvoir, il fait de nous ce qu’il lui plaît grâce au chantage. Maintenant, ce sont les entreprises qui vont décider de mon parcours de vie à ma place : je ne peux plus faire ce que je veux, je dois aller faire la job qu’eux veulent que je fasse, pas pour mon compte mais pour le leur. Maintenant, la société ne développe plus tous les aspects de la vie mais seulement ceux qui sont en demande par le marché. Crisse, je veux être libre, pas être « ajusté au marché ». Il n’y aura pas de travail pour tout le monde : les entreprises gardent les vieux jusqu’à leur mort car elle ne veut pas se forcer pour former les jeunes et demande à l’école de faire ça à sa place. L’histoire du : « il y aura des jobs à la tonne car tous les vieux partent à la retraite »  est un mensonge. Quand les vieux partent, leurs poste sont supprimés et pas renouvelés, et les salaires et conditions des jeunes sont baissées par rapport aux aïeux pour nous dresser à être habitués dès le début à être peu exigeants. Quand tu ne sais pas que c’est possible d’avoir mieux, tu ne songes même pas à l’espérer. En économie, c’est pas compliqué, tout fout le camp pour tout le monde sauf les très riches, et nous n’avons pas d’avenir.

    L’indépendantisme de l’avenir sera de gauche ou ne sera pas, car presque toutes les raisons les plus motivantes de faire l’indépendance viennent du fait que le Canada est à droite et que le Québec est comparativement à gauche. Lisez Constituer le Québec de Roméo Bouchard, vous y trouverez des vrais raisons de faire l’indépendance. Si je veux faire l’indépendance, c’est pour freiner la dépossession de mon peuple et changer tout ce qui peut être changé. L’indépendance sauce péquiste n’est pas émancipatoire et ne sert pas à changer quoi que ce soit. L’indépendance est une occasion en or pour tout changer (théoriquement, on le sait bien que c’est jamais autant qu’on le souhaite), notamment grâce à une Assemblée constituante. L’indépendance, c’est la SOUVERAINETÉ DU PEUPLE RENDUE À CELUI-CI et non plus confisquée par un peuple étranger ou par des élites locales vendues (les « rois nègres »). Les conneries comme « l’indépendance n’est ni à gauche ni à droite mais en avant » sont FAUSSES. Les forces de changements sont toujours à gauche et les forces de conservation sont toujours à droite, par conséquent, l’indépendance est INÉLUCTABLEMENT à gauche. Un indépendantisme de droite a moins de contenu indépendantiste qu’un indépendantisme de gauche. C’est un nationalisme conservateur qui s’assume pas pour ce qu’il est : plus nationaliste qu’indépendantiste. Plus pour la gloire nationale que pour la libération nationale. Assumez-le enfin et tout d’un coup, vous l’aurez, la grande unité nationale. Pour moi, le modèle de l’indépendantisme du futur, c’est… Pierre Bourgault. Avec lui, l’indépendance avait du contenu et était véritablement émancipatoire. Il l’a aussi bien dit qu’il ne faut pas chercher à être respectable, il a mis en garde ce crétin mollasson de René Lévesque. Le PQ est devenu respectable, résultat : il s’est trahi, il a trahi les Québécois. Il est devenu un parti bourgeois non-indépendantiste, de blancs hommes pure-laines privilégiés, qui perd son temps à instrumentaliser la montée de la peur de l’islam en gardant les yeux sur les sondages plutôt que de faire l’indépendance. Je suis pour la laïcité, mais elle doit être sincère et pas instrumentale. Au lieu d’élaborer un argumentaire implacable basé sur des statistiques, des projections, des comparaisons, des faits, ils passe sont temps à se reposer sur l’identité, le nationalisme, la fierté, bref, des non-arguments, des émotions. Les gens font pas l’indépendance parce qu’ils sont fiers d’être ci ou ça, il font l’indépendance car ils pensent que leur quotidien deviendra meilleur grâce à ça. L’indépendance ne pourra revenir sur ses rails que quand le PQ mourra enfin. Oh, et laissez donc tomber le mot « souverainiste », ça sonne « perdant », car c’est le vocabulaire de ceux qui ont perdu. En plus, c’est une gammicke pour pas assumer qu’on veut pas la souveraineté-association, mais l’indépendance véritable. René avait remarqué que les sondages préféraient ce terme aux termes forts et honnêtes, car les Québécois sont des hosties de moumounes finies.

    • Une réponse à Thomas: il n’y a pas assez de monde à gauche pour faire l’indépendance. On a besoin de tout le monde. On se chicanera après. Sinon nous ne serons jamais un pays et les pipelines passeront sur notre territoire.

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