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Posté par le 10 septembre 2007 dans [référence à un film], Histoire, Philosophie-politique

La Guerre du Péloponnèse

La Guerre du Péloponnèse

voyez-vous à travers les yeux de l’histoire?

Bon, tant qu’à vous refiler un vieux texte sur l’Antiquité… pourquoi pas vous en donner un autre issu de la même époque. D’autre part, ayant vu le film 300 en juillet dernier, je tiens par ce texte à remettre en perspective la réelle nature de l’armée spartiate.

En effet, en glorifiant au possible la phalange spartiate, le réalisateur Zack Snyder a totalement éclipsé la contribution athénienne à notre civilisation dans son film. Si bien que je trouve quelque part inquiétant cette mystification contemporaine du régime oligarchique spartiate, alors en opposition face à la démocratie Athénienne.

Je le rappelle, Sparte mettait l’ensemble de ses ressources dans le développement militaire, et surtout, méprisait le débordement culturel (qu’elle jugeait inutile) de sa rivale. Pourtant, Athènes n’en était pas pour autant démunie militairement. Formellement, onze ans plus tôt à la bataille de Marathon, ce furent les hoplites athéniens qui refoulèrent l’envahisseur perse. Ensuite, à la bataille de Salamine (justement quelques jours après la fameuse bataille des Thermopyles évoquée dans le film 300), ce fut l’expertise navale athénienne qui contribua au retrait décisif de l’armada perse. Alors, avant d’idolâtrer les héros spartiates, il faudrait au moins comprendre qu’Athènes avait une armée à peine moins redoutable… malgré ses choix de société favorisant la démocratie et la culture. Si bien qu’en considérant Sparte pour ce qu’elle était (c’est à dire une oligarchie plutôt qu’une démocratie) il est ironique de constater que le thème central de 300 est l’opposition entre le monde « libre » représenté par les spartiates d’un côté et le monde esclavagistes perse de l’autre… d’autant plus que c’est Sparte, qui finalement, aura anéanti la démocratie athénienne.

Leonidas

La belle image parfaite des héros spartiates selon Zack Snyder


la bande-annonce de 300 ici

La Guerre du Péloponnèse

Un tacticien incompétent peut devenir un historien modèle. En effet, l’influence qu’a exercée sur l’histographie contemporaine le récit de Thucydide « La guerre du Péloponnèse«  est profonde. Et c’est d’ailleurs grâce à lui et non pas aux Lacédémoniens (dont nous ne connaissons évidemment pas leur point de vue) que j’en suis présentement à m’arrêter sur le passé de la civilisation de la Grèce classique. La guerre du Péloponnèse  sera donc le premier conflit où un homme décidera de relater objectivement aux générations suivantes un témoignage rationnel et détaillé. En définissant les causes lointaines du conflit et en mesurant l’impact de la guerre sur ses protagonistes, ce stratège exilé, a par ce fait introduit dans les annales du temps le merveilleux métier qu’est celui de l’historien, s’insérant par le fait même dans notre complexe et extraordinaire histoire.

Bref, ma rédaction portera sur le texte « La guerre du Péloponnèse », une œuvre de madame Claude Mossé, qui est notamment professeur à l’université de Paris. Mme Mossé a démontré par cet ouvrage comment cette guerre de vingt-sept ans sonnera le déclin du paradis athénien et la fin de sa démocratie. J’essaierai donc d’expliquer chronologiquement les circonstances qui amenèrent les belligérants à amorcer la bataille et les bouleversements qu’amena le conflit péloponnésien.

La Guerre du Péloponnèse

Qu’est-ce qui amènent des nations à se combattre entre elles? Qu’est-ce qui pousse des peuples à en exterminer d’autres? La guerre du Péloponnèse est-elle ce type idéal, ce modèle susceptible de comprendre les conflits du monde contemporain? Reculons donc à la veille de cette guerre. Athènes est alors sous le règne de Périclès en -431, et est perpétuellement aux prises avec l’autre grand du monde grec: Sparte. Voulant chacun exercer son influence à leur entourage, des frictions suscitées par le manque de frontière définie, affecta l’équilibre entre les deux camps. Puis, de nombreuses petites entités, qui essayaient de tirer profit de l’antagonisme des deux grands, bafouait constamment les zones d’influence décrétées par ceux-ci. De telle sorte, portant une crainte mal définie envers les agissements des Lacédémoniens, les Athéniens mirent définitivement le feu aux poudres, lorsque les Corinthiens apportèrent une aide à la dissidente Potidée (une cité qui faisait partie de l’alliance athénienne et qui voulut s’en détacher).

C’est ainsi que Sparte, sous la pression de ses alliés corinthiens, sera contrainte et forcée de déclencher officiellement les hostilités, intronisant du même coup ce conflit exemplaire dans notre mémoire collective. Une fois le conflit engagé, l’auteure cite que cela prit très vite l’allure d’un duel entre Athènes et ses alliés, d’une part, et de Sparte et les siens de l’autre. Car des deux côtés, on s’efforçait de débaucher les alliés incertains, d’entraîner les neutres et de menacer les indécis.

De là, résultèrent directement des luttes internes entre habitants de même cité, où le ralliement à l’un ou à l’autre des adversaires suscita des carnages atroces, ce qui contribuera grandement à générer le joyeux effet de répandre le confit à la Méditerranée hellénique toute entière. Cependant, n’oublions pas l’opposition radicale entre les deux genres de vie des belligérants. Et d’ailleurs aujourd’hui, on qualifierait ce conflit d’idéologique, car deux types de régime politique s’affrontaient. Du côté d’Athènes une démocratie, où l’ensemble des citoyens se concertait pour exécuter le contrôle des décisions, de l’autre côté un système oligarchique, où le pouvoir était entre les mains d’un petit nombre de gens.

Enfin, rajoutons à cela qu’Athènes était une cité maritime ouverte sur le monde extérieur, où chacun était libre de s’émanciper par la libre expression, tandis que Sparte était une cité continentale repliée sur elle-même, à l’écart des courants d’échanges et hostile à l’étranger. Toutefois, Athènes était une cité à l’orgueil démesuré, qui voulait coûte que coûte imposer sa suprématie idéologique.

Bien qu’elle fût le phare intellectuel de l’époque avec ses philosophes aux idées libérales, il faut dire qu’elle établissait un contrôle sévère et tyrannique sur ses “alliés” comme par exemple, en imposant sa monnaie où en exigeant de plaider uniquement devant les tribunaux athéniens. Ainsi, la nécessité pour les Athéniens de ne tolérer aucune défaillance de la part de ses alliés, a dû contribuer à les mettre sous un mauvais jour et inéluctablement à les affaiblir face à l’ennemi péloponnésien. C’est d’ailleurs pourquoi Sparte pouvait apparaître, face à Athènes, comme le défenseur de l’autonomie des cités, car elle respectait davantage la liberté intérieure de ses alliés. Athènes, subissant un contrôle partiel de son territoire depuis plusieurs années, est en perte de force, et voit la quasi-totalité de ses alliés se détacher d’elle progressivement.

Conséquemment, les graves troubles engendrés par cette situation, profiteront aux oligarques athéniens, qui prenant appui sur Sparte, chercheront à renverser la démocratie, justifiant pour ce faire, le retour de la paix. Atteinte par une épidémie de peste, qui emportera d’ailleurs Périclès dès -429, Athènes succombera et se verra contrainte de capituler. Après la guerre du Péloponnèse, Athènes sera soumise un temps à la tyrannie de Sparte, mais elle se libérera, et rétablira le régime démocratique.

Cependant, la cité s’est depuis beaucoup appauvrie et la maîtrise de la mer lui échappera, de telle sorte qu’Athènes n’est plus en mesure d’imposer son pouvoir politique à l’Hellade. Les conséquences de la guerre déstabiliseront à jamais les institutions de sa vie politique, si bien que le déclin du sens civique amorcera tranquillement la fin de la démocratie athénienne. Les conquêtes d’Alexandre feront d’Athènes une cité drapée dans la gloire de son passé. Ainsi, écrit Claude Mossé, on cherche depuis longtemps à comprendre pourquoi Athènes, qui semblait disposer des moyens les plus considérables, fut entraînée dans un tel désastre.

En conclusion, ce conflit qui ébranla tout le monde grec, eut des répercussions considérables sur la vie des cités qui s’y trouvèrent engagées. C’est pourquoi, ce climat d’après-guerre, où s’opposèrent encore démocrates et oligarques, pauvres et riches, sans oublier les intrigues perses, les incessantes luttes entre les cités et les prétentions de Thèbes, constituera à favoriser l’émergence d’un joueur bien caché, à l’écart en macédoine : Alexandre le Grand.


Voir ici la bande-annonce du film Alexander

Certains diront que l’histoire est écrite pour raconter et non pas pour prouver. Mais c’est de faire preuve d’intelligence et d’adaptation que d’apprendre de ses fautes et de tirer profit de l’expérience de l’histoire. Pour ma part, je souscris à l’idée que l’histoire est une philosophie enseignée par l’exemple, et par ce fait, nous nous devons de discerner sons sens pour ne jamais oublier la trace de nos prédécesseurs qui ont façonné le monde que nous connaissons aujourd’hui.


La faction Spartiate, vue par Sid Meier dans le jeu vidéo Alpha Centauri

En conclusion, Thucydide avais un jour déclaré que l’histoire était un perpétuel recommencement. Histoire maintenant de prendre en main les rênes de notre destiné et d’évoluer vers un monde meilleur… une question se pose : avons-nous, aujourd’hui, vraiment su saisir les leçons du passé?

Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur Winston Churchill

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1 commentaire

  1. Très bon article ! 🙂 J’ai beaucoup aimé, même au sujet de la première partie il y a, à mon avis, quelques éléments à nuancer! On ne peut négliger la puissance athénienne au Ve siècle, ni l’importance de sa participation dans les guerres médiques, cependant je pense que ce que veux nous montrer réellement Zack Snyder, ce n’est pas tellement la perfection de la société spartiate. Je pense que le réalisateur veux retranscrire la beauté du sacrifice réel et conscient du roi Léonidas et de ses 300 soldats. Rappelons que ce répit accorder par Léonidas aux Grecs, leurs a permit de se regrouper et de se préparer pour Salamine. En outre, cette bataille ne fut pas uniquement athénienne et beaucoup s’accordent à donner le prix du courage aux Eginettes!
    Concernant le « monde libre » il faut reconnaitre que Sparte était loin de pouvoir le représenter, compte tenu de son régime oligarchique et du sort réservé aux Hilotes!
    Bonne continuation 😉
    Amicalement, Vik.

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