Prometheus: un film fantastiquement décevant
Je suis un fan connaissant les moindres détails de la série Alien, particulièrement du premier film auquel je voue un culte. Il va sans dire, j’ai donc attendu avec impatience Promotheus, un «genre» de prequel revisitant l’univers du premier Alien. À cet effet, avouons d’entrée que la campagne virale de Promotheus avait de quoi nous tenir captivé en dévoilant avec parcimonies des capsules reliées à l’histoire du film… au point que ce fut certainement l’une des plus efficaces campagnes de markéting Web jamais orchestrée dans l’histoire du cinéma.
L’extrait en question, qui est d’ailleurs plutôt une vidéo virale, dévoile une présentation de Peter Weyland (Guy Pearce) devant une énorme assemblée, en 2033. L’homme explique sa vision du monde et sa volonté de le changer, ce qu’il fera avec la fameuse Compagnie Weyland (aussi connue sous le nom de Weyland-Yutani Corp) qui organisera une grande colonisation spatiale…
Il faut dire qu’en nous ramenant aux origines du mystérieux premier Alien réalisé en 1979, Ridley Scott nous donnait enfin l’opportunité d’expliquer des questionnements laissés en suspend: comme la nature des Space Jockey (dénommés dans ce film Ingénieur), les explications de la cargaison dans le vaisseau étranger (œufs dans le Alien original ou ici des contenants cylindriques transportant une arme biologique), voire carrément la genèse des Aliens. Rajoutez maintenant que Ridley Scott affirmait vouloir reprendre en main la série qu’il a mise au monde afin de la ramener dans l’esprit de ses créateurs originaux (désavouant aux passages les puérils AVP). Ainsi, tout laissait présager un accomplissement pouvant être à la hauteur du Alien original, ce chef-d’œuvre du cinéma ayant mêlé avec brio la science-fiction à l’horreur.
Le potentiel était là et l’intrigue semblait tenir la route.
Malheureusement, bien que le décor du film est plus grandiose que jamais (la planète LV-422 est sublime, l’effrayante «caverne» dégage l’atmosphère glauque des œuvres biomécaniques de Hans Giger, le design du vaisseau Promotheus est pratiquement génial) force est d’admettre au final ma consternation quant à la réalisation de Promotheus. Remarquable dans la forme mais affligeant sur le fond, Promotheus s’avère un film décevant par rapport à ce qu’il aurait pu apporter à la mythologie de l’extraterrestre le plus terrifiant de l’histoire du cinéma (OK, peut-être juste après The Thing comme je l’explique dans cet article ici).
Vraiment, c’est à se demander par quel processus le réalisateur est parvenu à générer un film aussi… aussi hollywoodien. Avec sa musique pompeuse et ses effets 3D à la fine pointe de la technologie, j’ai l’impression que Ridley Scott à davantage cherché à rivaliser technologiquement avec Avatar plutôt que de prendre le temps de diriger la mise en scène de son film. Bref, qu’on se le dise, avec Promotheus, nous avons affaire à un film fantastique plutôt qu’à un film d’horreur (au passage, je dois vous avouer que durant ce film jamais je n’ai éprouvé le moindre frisson). Bref, on est clairement ici dans la grande quête initiatique, avec la question centrale de l’origine de l’humanité, le tout se mêlant à de la philosophie. D’ailleurs, il me semble apparaître que ce film fait la promotion du créationnisme tellement cette thématique enrobe chaque seconde du film.
Or, à l’instar de son personnage Weyland que je soupçonne représenter la quête spirituelle de Ridley Scott, l’illustre réalisateur serait-il devenu sénile au point d’affecter la scénarisation de son œuvre? En effet, il semble que sa fixation quant à la recherche des créateurs aurait affecté la cohésion de l’entreprise au point où Scott aurait en cours de réalisation modifié le scénario de Promotheus pour mieux atteindre cet objectif existentiel. Sans vision claire, puisqu’en recherche spirituelle, j’ose ainsi penser qu’il devait franchement être difficile de suivre le réalisateur à chaque étape.
D’autre part, le jeu des acteurs est pour moi le plus gros problème du film. Caricaturés, lisses, monotones, unidimensionnels, anesthésiés et pour la plupart anonymes, jamais les personnages ne m’ont donné l’impression de croire au film; mise en exception du personnage principal, cette scientifique naïve et guidée par sa foi envers le Bon Dieu créateur… ce qui paradoxalement amènera au final l’expédition de Promotheus à l’échec.
Pour ma part, mon premier critère pour juger si un film «passe la barre» de la crédibilité est lorsque je réalise ne plus regarder un film. Voyez-vous, durant sa projection, jamais nous ne devrions avoir l’impression de regarder un film (d’un point de vue extérieur); car l’expérience cinématographique se vit de l’intérieur via le point de vue des acteurs. Or, dans le cas de Promotheus, j’ai rapidement décroché à cause des failles dans le scénario et du jeu bancal des acteurs. Mais à la défense des acteurs, le problème est logiquement issu de la réalisation car les personnages s’avèrent au compte des éléments secondaires face à la primauté accordée aux effets spéciaux et à la quête spirituelle du réalisateur.
Bref, dans l’espoir que Ridley Scott nous a amenés en bateau pour mieux nous surprendre dans une suite révélatrice, je terminerai cet article en vous énumérant la liste des bêtises qui m’ont fait reléguer Promotheus dans le registre des films que l’on finira par oublier par faute de respect élémentaire octroyé au scénario. Car il faudra un jour réaliser que de faire la science-fiction ne donne pas pour autant le droit d’ignorer la cohérence et le réalisme.
- Weyland recrute pour une mission de plusieurs milliards de dollars un équipages de «spécialistes»… sans leur expliquer au préalable l’objectif de la mission (?!?)
- L’attitude indolente, voire irresponsable, des membres de l’expédition semble absurde pour des scientifiques et des astronautes aguerris
- Aucunes sondes au préalable, aucunes mesures de sécurité avant d’évoluer sur une planète et une atmosphère absolument INCONNUES ? Non marchons vers Dieu… on verra bien ce que l’on trouvera.
- Le Promotheus atterri pile à l’endroit devant être exploré, puis quelques minutes après, voilà que l’équipage débarque littéralement en cowboy sans moindrement réaliser que c’est l’un des moments les plus importants de l’humanité.
- Les idiots de cosmonautes retirent leurs casques à l’unisson alors qu’on ignore ce qu’il y a exactement dans l’atmosphère (!!!)
- Ben oui, logique, il y a des hologrammes qui s’activent automatiquement pour nous démontrer l’histoire des extraterrestres. Évidemment, cela n’étonne personne de l’équipe d’exploration.
- Insouciant, l’androide David ouvre des portes sans pour autant attendre le résultat des sondes.
- Les urnes cylindriques parfaitement alignées n’intéressent personne à l’exception de l’androïde. Mais putain, savent-ils ce qu’ils sont venus faire à cet endroit?
- Durant la fuite vers le vaisseau à cause de la tempête les poursuivants, il y a deux cols bleus qui travaillent indolemment dans la soute ouverte du Prometheus comme si de rien n’était.
- Le biologiste et le géologiste sont bloqués par la tempête… et ne trouvent pas de meilleure idée que de se réfugier dans la salle des œufs où se concentre tout le danger !!! Bien que ce soit la mission la plus incroyable de l’histoire de l’humanité, il n’y a plus personne à bord du Prometheus pour surveiller les moniteurs de ces deux membres de l’expédition (ben oui, c’est des personnages secondaires) à l’exception du pilote qui ne trouve pas à s’alerter outre mesure quand il remarque qu’une sonde manifeste… des signes de vie extraterrestre (!!!)
- Mauvais remake du premier Alien. Dans un lieu aussi terrifiant suintant le mystère et l’inconnu, le biologiste trouve à faire des coucous à une créature agressive dans un endroit ou traine des cadavres d’extraterrestres!?! Franchement, avez-vous l’impression qu’il est le premier humain de l’histoire à rencontrer une forme de vie extra-terrestre?
- Le géologue revient quelque temps plus tard sous la forme d’un mort-vivant (!) quasi indestructible, on ne saura jamais pourquoi. Cette scène est inutile, si ce n’est qu’elle sert à faire disparaitre les anonymes cols bleus du Prometheus… au point d’ailleurs où aucun personnage ne s’enquerra de leur état de santé.
- David contamine Holloway avec le liquide noir (très crédible dans son rôle de scientifique New-Age et son look émulant Justin Timberlake) mais ne supervise pas pour autant l’évolution de son expérience… ce qui amène Holloway à devenir le père des aliens en fécondant le docteur Shaw. N’importe quoi!
- David veut mettre le docteur Shaw en stase (afin de probablement pouvoir étudier le Alien dans son utérus) mais le docteur Shaw se réveille subitement de l’anesthésie (ben oui) en se trouvant une force herculéenne. Une fois l’avortement effectué (notons qu’elle n’a jamais été contaminée par l’ADN de l’extraterrestre qu’elle a enfanté), plus personne ne s’en fera avec cet alien inconnu et laissé à lui-même grouillant frénétiquement dans la salle de chirurgie.
- Attachez votre tuque là. Ce fœtus devient rapidement une créature géante tentaculaire, qui, en se fixant au visage du Space Jockey permet la naissance d’un Alien/Xénomorphe. Voilà, qui devrait maintenant mieux expliquer la nature des aliens.
- Mieux encore, le docteur Shaw accompagnée de son nouveau compagnon, l’androïde décapité, trouvera les ressources nécessaires pour piloter un vaisseau extraterrestre en direction de nouvelles aventures. Comme dirait Buzz Lightyear dans Toy Story: «Vers l’infini et au-delà ! »
- Mentionnons au passage que le personnage monolithique de Charlize Théron est totalement inutile dans l’histoire. Quant à prendre une grande aryenne aussi expressive qu’un grille-pain, une actrice porno aurait très bien pu faire l’affaire.
Mon verdict : 5.5/10
Le progrès matériel doit être lent, comme l’évolution des espèces. Sinon il produit des monstres
-Jean Dutourd
« dont je voue carrément un culte » = auquel je voue un culte
« j’ai donc attendu avec promptitude » = j’ai attendu avec « impatience », plutôt, non? si.
« promotheus » = sans commentaire…
Et ça, ce n’est que dans les deux premières phrases. le reste est du même acabit, hélas. Il n’y a eu aucune relecture? C’est de l’écriture automatique? Fantastiquement décevant, cet article.
Article intéressant qui résume en partie ce que j’ai ressenti en regardant ce « film ». En fait je ne sais pas ce que le scénariste de ce « film » a fumé mais ça ne devait pas être de la « bonne ». Rarement vu un film aussi incohérent au plan scénaristique mais il faut croire que c’est devenu une habitude pour Hollywood.
Apparemment Mr Scott avait ses obsessions et il les a poursuivis jusqu’à foutre en l’air un film prometteur ! Ce qui est d’autant plus rageant c’est qu’il avait les moyens de bien faire. Mais déjà quelle idée d’aller confier le scénario au scénariste de lost qui a réussi l’exploit de foutre en l’air une série prometteuse. N’y a t il plus de scénariste à Hollywood ? Bref j’ai eu de violents maux de tête en regardant ce film. Des personnages débiles et sans aucune profondeur, rien à voir avec ceux du premier Alien et ça franchement c’est impardonnable.
Alors bien sûr il y a de belles images, de beaux effets spéciaux, une mise en scène correcte mais c’est insuffisant. Je ne m’attendais pas à un chef d’oeuvre mais à un bon film et même là.